Par Robert Inlakesh
Lundi soir [24 octobre], une unité camouflée des forces spéciales israéliennes a été découverte alors qu’elle opérait près de la vieille ville de Naplouse, ce qui a entraîné une fusillade de quatre heures et la mort de cinq Palestiniens. Malgré les pertes, derrière ce fait de résistance se cache un grave échec de l’armée israélienne, que celle-ci continue de dissimuler.
Tard lundi soir, les forces spéciales israéliennes opéraient dans la ville de Naplouse, leur objectif ? Porter un coup sévère au nouveau groupe armé Areen Al-Assoud (le Repaire aux Lions).
Selon les médias hébreux, l’armée d’occupation s’est coordonnée avec le Shin Bet (les services de renseignements intérieurs israéliens) et les hauts responsables politiques israéliens pour lancer une opération majeure dans la vieille ville. Cette opération avait reçu le feu vert du Premier ministre Yair Lapid lui-même.
Aujourd’hui, les articles de la presse dominante occidentale reflètent la ligne de l’armée d’occupation, qui affirme que son opération a été un succès, alors qu’elle a clairement échoué à plusieurs niveaux. Le manque d’intégrité des articles de presse, comme ceux de l’Associated Press, montre clairement à quel point cette dissimulation est allée loin.
Le groupe Areen Al-Assoud est une épine dans le pied des forces d’occupation depuis qu’il a annoncé son existence le 2 septembre, et qu’il a mené avec succès une attaque qui a abouti à la mort d’un sergent d’état-major israélien au début du mois d’octobre.
Bien qu’il s’agisse d’un groupe relativement petit, formé de jeunes hommes âgés majoritairement de 18 à 25 ans, ses opérations commando et sa rhétorique politique l’ont vu devenir un mouvement extrêmement populaire dans toute la Palestine occupée.
Cette situation est si préoccupante pour Tel Aviv que des agents israéliens ont placé des explosifs sur une moto à Naplouse la semaine dernière, assassinant Tamer al-Kilani, une personnalité de premier plan au sein du groupe.
L’opération israélienne bâclée, qui a conduit à une bataille de quatre heures dans la vieille ville de Naplouse jusqu’aux premières heures du mardi matin, a peut-être porté un coup au groupe, mais elle représente un échec stratégique majeur de la part de l’appareil militaire et des services de renseignement sionistes.
Les forces israéliennes infiltrées ont été découvertes par des Palestiniens à Naplouse, ce qui a donné lieu à une fusillade entre les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne (AP), au cours de laquelle au moins un officier de l’AP a été abattu.
S’en est suivi un déploiement massif de l’armée israélienne dans la ville de Naplouse et le blocage des ambulances, ainsi que de la presse, dans la vieille ville, alors que le groupe Areen Al-Assoud s’engageait dans une longue bataille avec les unités des forces spéciales israéliennes.
« Israël » a utilisé des drones d’attaque pour ouvrir le feu sur les Palestiniens depuis les airs, et un grand nombre de munitions antichars ont été utilisées contre des bâtiments où étaient basés des résistants palestiniens.
Les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, un mouvement armé affilié de loin au parti Fatah, ont déclaré avoir fait sauter un bâtiment où était stationnée une unité israélienne, en tirant massivement des coups de feu et en utilisant des explosifs.
Plusieurs rapports ont fait état de soldats israéliens tués ou blessée, mais aucun cas n’a été confirmé. Cependant, l’armée sioniste s’est montrée réticente à publier une analyse détaillée de la bataille et/ou à admettre l’étendue réelle de ses pertes.
Quelles que soient les chiffres réels en ce qui concerne les pertes israéliennes, l’opération militaire a été un échec retentissant.
Qu’est-ce que le régime sioniste a eu à démontrer pour son attaque ? Il a prétendu avoir fait exploser un laboratoire de fabrication d’explosifs, ce qui n’aurait eu aucun sens de toute façon, en plus de l’assassinat de Wadih al-Houh, une figure importante et cofondateur de Areen Al-Assoud.
En réalité, malgré les pertes et les images provenant de la vieille ville, qui rappelaient les attaques israéliennes sur la bande de Gaza, la seule chose que l’opération a à exposer est le meurtre de Wadih al-Houh.
Ce n’était manifestement pas le but premier de l’opération, car cet assassinat pouvait être accomplie par de nombreux moyens bien moins risqués pour les troupes israéliennes, d’où l’assassinat de Tamer al-Kilani par l’explosion d’une moto piégée.
L’opération d’ « Israël » a impliqué le Shin Bet, l’armée israélienne et des dirigeants politiques de haut niveau. Elle a utilisé des centaines de soldats, des véhicules blindés, des drones d’attaque, des armes antichars, des unités de forces spéciales et n’a malgré tout pas réussi à démanteler un petit groupe armé localisé et nouvellement formé qu’elle a assiégé dans la vieille ville de Naplouse, perdant même une jeep militaire après qu’elle ait été prise pour cible par les forces de la résistance.
Aucun combattant de lAreen Al-Assoud n’a été arrêté et un seul membre de la direction du mouvement a été tué après qu’ « Israël » a fait une démonstration massive de sa force militaire pendant quatre heures.
Au lieu de porter un coup fatal au groupe de la résistance, l’opération ratée – qui est maintenant associée à l’opération plus large « Briser la vague », lancée par « Israël » le 31 mars – ne réussit pour l’instant qu’à une seule chose, encourager davantage de Palestiniens à prendre les armes.
Le cas d’Uday al-Tamimi, qui a ouvert le feu sur les forces d’occupation israéliennes au poste de contrôle du camp de réfugiés de Shuafat, en est un parfait exemple.
Uday a réussi à tuer un soldat israélien, à en blesser trois autres, à fuir le poste de contrôle et à échapper aux recherches pendant près de 11 jours, avant de réapparaître pour lancer une deuxième attaque, armé seulement d’un pistolet.
Non entraîné et ne faisant partie d’aucun groupe armé, Uday al-Tamimi a fait trembler les forces d’occupation israéliennes et, même lorsqu’il a été tué lors de sa deuxième attaque contre les forces israéliennes surarmées, il n’a pas cessé de tirer jusqu’à la fin.
Il est devenu tout à fait évident que le régime sioniste a perdu le contrôle de la Cisjordanie, dans des régions comme Naplouse et Jénine. Le fait même que cette opération majeure ait été essentiellement déjouée par des agents des forces de sécurité de l’AP indique que leur coordination en matière de sécurité a été remise en cause.
L’AP n’a manifestement pas été suffisamment informée, voire pas du tout, de l’opération israélienne, et certains de ses agents ont décidé de prendre les choses en main.
Malgré la corruption de l’AP et son insistance à maintenir une coordination répressive avec l’occupation, les membres individuels des forces de sécurité de l’AP peuvent facilement changer de camp pour soutenir Areen Al-Assoud et d’autres forces de la résistance.
La coordination répressive entre l’AP et « Israël » ne peut pas sauver « Tel Aviv », ni stopper la violence sioniste. Le temps est venu pour la jeune génération de combattants de la résistance palestinienne.
Auteur : Robert Inlakesh
* Robert Inlakesh est un analyste politique, journaliste et réalisateur de documentaires actuellement basé à Londres, au Royaume-Uni. Il a rapporté et vécu dans les territoires palestiniens occupés et travaille actuellement avec Quds News et Press TV. Il est le réalisateur de Steal of the Century: Trump's Palestine-Israel Catastrophe. Suivez-le sur Twitter.
27 octobre 2022 – Al-Mayadeen – Traduction : Chronique de Palestine