Les bombardements israéliens continus ont empoisonné le sol et l’environnement de Gaza

Après 13 mois d'assauts continus des forces coloniales israéliennes, la quasi-totalité de la population de la bande de Gaza a été déplacée. Beaucoup vivent dans des camps de fortune sans accès aux infrastructures de base, à la nourriture ou à l'eau. La surpopulation a laissé peu d'espace pour les tentes, obligeant de nombreux Palestiniens à vivre au milieu des décombres, malgré la toxicité probable des munitions utilisées - Photo : Doaa Albaz / Activestills

Par Rasha Abu Jalal

En 13 mois de bombardements ininterrompus, l’armée israélienne a largué plus de 85 000 tonnes de bombes sur la bande de Gaza.

Khaled Marai, 34 ans, du quartier de Tel al-Hawa, à l’ouest de la ville de Gaza, a été très déçu après avoir essayé de cultiver des tomates et des concombres pour faire face à la famine qui sévit dans le nord de la bande de Gaza.

Marai, qui a plus de 20 ans d’expérience dans l’agriculture, a déclaré à The New Arab (TNA) : « J’ai essayé de faire pousser des plants de légumes dans ma propre pépinière, et à chaque fois, les plants se dessèchent et meurent malgré mon irrigation régulière. »

Il a expliqué qu’après avoir effectué des tests sur le sol, il s’est avéré qu’il était devenu impropre à l’agriculture en raison de sa forte contamination par des produits chimiques provenant de munitions israéliennes.

En 13 mois de bombardements, l’armée israélienne a largué plus de 85 000 tonnes de bombes sur la bande de Gaza, soit plus de cinq fois la puissance de la bombe d’Hiroshima larguée sur le Japon en 1945. Ces bombes ont provoqué une destruction massive des infrastructures et une grave pollution des sols agricoles dans la bande de Gaza, ce qui entravera l’agriculture pendant des décennies, selon un communiqué publié par l’Autorité palestinienne chargée de la qualité de l’environnement.

Insécurité alimentaire pour des décennies

Ashraf Al-Turk, expert en environnement auprès de l’Autorité pour la qualité de l’environnement, a déclaré à TNA que les raids israéliens en cours depuis le 7 octobre 2023 « ont conduit à la destruction de vastes zones de terres agricoles et à la pollution du sol par des produits chimiques toxiques qui pourraient menacer l’insécurité alimentaire pour les décennies à venir ».

L’écocide israélien à Gaza est un véritable crime de guerre

M. Al-Turk a expliqué que ces polluants auront des effets négatifs importants sur la santé générale de la population, en particulier sur celle des enfants et des personnes âgées, et qu’ils sont une cause majeure de la propagation des maladies respiratoires, digestives et cutanées.

« À long terme, ces polluants environnementaux présents dans l’air, le sol et l’eau renforcent le risque de cancer », a-t-il ajouté.

Al-Turk a souligné que l’armée israélienne a détruit des éléments de l’agriculture animale, comme les vaches et les moutons, et des élevages d’oiseaux, comme les volailles, et a également détruit des fermes piscicoles, soit en les bombardant, soit en coupant l’électricité.

« L’armée israélienne a également détruit au bulldozer 48 % des arbres de la bande de Gaza, en particulier les arbres pérennes tels que les palmiers, les sycomores, les mûriers et les cyprès, qui empêchent l’érosion des sols et limitent les extrêmes climatiques », a-t-il ajouté.

En outre, les habitants du nord de la bande de Gaza ont été contraints d’abattre systématiquement les arbres restants pour se procurer du bois de chauffage et de cuisine en raison de l’interdiction persistante d’Israël d’introduire du gaz de cuisine.

M. Al-Turk a expliqué que le fait de cibler les arbres de la bande de Gaza, qui sont considérés comme le poumon naturel et une source d’amélioration de la qualité de l’air, a conduit à la détérioration de la biodiversité dans la région, qui comprend entre 150 et 200 espèces d’oiseaux. Il a souligné que cette détérioration a entraîné la mort d’un grand nombre d’oiseaux ou leur migration en raison de la destruction de leur environnement naturel.

Al-Turk a ajouté que les obus et les explosifs tirés par l’armée israélienne sur Gaza ont détruit 80 % de la structure urbaine et 90 % de l’infrastructure, entraînant l’émission d’énormes quantités de gaz carbonique et de polluants.

Il a souligné que ces émissions contribuent à accroître le réchauffement de la planète, ce qui exacerbe les effets du changement climatique sur la bande de Gaza et les pays et régions voisins.

Impact environnemental

Une étude récente menée par une équipe internationale de chercheurs sur l’impact environnemental majeur de la guerre israélienne contre la bande de Gaza a révélé que les émissions de gaz à effet de serre des 120 premiers jours d’opérations militaires de cette guerre (octobre 2023 – février 2024) étaient supérieures aux émissions annuelles de 26 pays.

Gaza : un génocide et une catastrophe environnementale

Cette étude, co-rédigée par l’Université Queen Mary de Londres et publiée le 6 juin 2024, indique qu’en ajoutant les infrastructures de guerre construites par Israël et le Hamas, telles que le système israélien Iron Dome et le réseau de tunnels du Hamas, les émissions totales dépassent les émissions de 36 pays.

L’étude prévoit que les émissions liées à la reconstruction de Gaza seront supérieures aux émissions annuelles de plus de 135 pay

M. Al-Turk a appelé les Nations unies et la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour mettre fin à l’agression continue, empêcher l’exploitation de l’environnement à des fins militaires et appliquer les lois internationales.

Outre les risques des opérations militaires sur l’environnement et le sol de la bande de Gaza, l’armée israélienne a systématiquement détruit les terres agricoles de la bande, ce qui menace la sécurité alimentaire même après la fin de la guerre.

La superficie des terres agricoles dans la bande de Gaza s’élève à 151 kilomètres carrés, ce qui équivaut à environ 41 % de la superficie de la bande, qui est de 365 kilomètres carrés au total.

La contribution du secteur agricole au produit intérieur brut de la bande de Gaza s’élevait à environ 11 % en 2022, selon un rapport publié par le Bureau central palestinien des statistiques.

20 novembre 2024 – The New Arab – Traduction : Chronique de Palestine – Éléa Asselineau

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