Le plan génocidaire de Trump pour “nettoyer” Gaza a toujours existé

20 janvier 2025 - Des Palestiniens déplacés retrouvent leurs maisons complètement détruites et des scènes apocalyptiques de dévastation à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, après le retrait des forces coloniales israéliennes à la suite de l'accord de cessez-le-feu. Les attaques génocidaires d'Israël ont détruit ou endommagé environ 92 % des unités résidentielles. Selon la défense civile de Gaza, plus de 10 000 corps restent coincés sous les décombres des bâtiments détruits, et des dizaines de corps ont été récupérés au cours des deux premiers jours - Photo : Doaa Albaz / Activestills

Par Andrew Mitrovica

Le président américain n’a manifestement à cœur que les intérêts israéliens et les profits immobiliers.

La vue des Palestiniens meurtris, revenant à pied vers le nord de Gaza, en un long fleuve sinueux, nous donne à réfléchir et nous rend plus humbles.

La procession silencieuse et digne qui les ramène vers leurs maisons et leurs vies en ruines est un témoignage émouvant et édifiant de la détermination d’un peuple endeuillé qui, malgré son chagrin et sa misère, est déterminé à recouvrer et à reconstruire ce qu’un régime génocidaire a voulu effacer.

Les Palestiniens, comme je l’ai écrit dans un précédent article, sont infatigables.

Dans cet article, j’avais exploré la signification de quatre mots qui me sont venus à l’esprit lorsque le cessez-le-feu a finalement été conclu après 15 mois de terreur implacable : soulagement, gratitude, reconnaissance des faits et honte.

Il y avait un cinquième mot que j’avais prévu d’inclure mais, dans ce moment heureux débordant de possibilités nouvelles, de célébrations et d’espoir, il semblait déplacé.

Ce mot était « peur ».

Je craignais qu’on ne puisse pas s’empêcher de désigner des « gagnants » et des « perdants » alors qu’il devrait être clair pour tout le monde qu’un génocide n’engendre que ruine, mort et destruction.

Les journaux ont publié une avalanche d’analyses hâtives assurant qu’Israël avait perdu la « guerre » et que le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait été « humilié » puisque, malgré les coups reçus, le Hamas en était sorti intact et continuait à parader à Gaza.

Vrai ou faux, ces commentaires m’ont rappelé le triomphalisme malvenu et à courte vue qu’on a malheureusement observé après les événements meurtriers du 7 octobre 2023.

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Peu après l’annonce du cessez-le-feu, j’ai été saisi par un sentiment alarmant de déjà-vu.

Je craignais que l’accord ne fasse que diminuer la soif de sang d’Israël, à Gaza, pendant un petit moment, et que, pendant ce temps, Netanyahu et ses barbares acolytes ne déchaînent frénétiquement leur colère sur les Palestiniens emprisonnés en Cisjordanie occupée.

Les horreurs qui se déroulent en Cisjordanie – l’invasion brutale, les meurtres d’enfants, de femmes et d’hommes, les expulsions forcées et les blocus – sont le reflet de l’impitoyable violence gratuite d’Israël à Gaza, actuellement en pause.

Enfin, je craignais que la considération, voire les louanges, que Donald Trump, à l’époque président élu des États-Unis, a reçues – même de la part certains écrivains palestiniens malavisés – pour avoir négocié l’accord visant à fait taire les armes alors que l’administration Biden tergiversait, ne cède rapidement la place à la déception et un amer sentiment de trahison.

La soi-disant « pression » de Trump pour un cessez-le-feu était davantage la marque d’un égo démesuré à la recherche d’une belle image à offrir à la veille de son intronisation, que la preuve d’une croyance sincère en la paix ou d’un véritable désir de mettre fin à la souffrance généralisée des Palestiniens assiégés.

Il m’a semblé évident que Trump – qui a toujours été un autocrate prétentieux – n’avait jamais considéré et ne considérerait jamais les Palestiniens comme des êtres humains dignes de son intérêt ou de son attention.

De fait, il est apparu que l’accord de cessez-le-feu avait été conçu pour satisfaire le désir pulsionnel de Trump d’avoir tout tout de suite, ainsi que celui de mettre en échec le président Joe Biden sur sa politique étrangère, au moment où ce dernier quittait le Bureau ovale.

Comme toujours, l’allégeance du nouveau commandant en chef des États-Unis va à Israël – un pays au fanatisme illimité – et le cessez-le-feu est un cheval de Troie destiné à cacher les sinistres projets de Trump. D’ailleurs, dans un élan de transparence et d’honnêteté, Trump a déclaré samedi à un groupe de journalistes à bord d’Air Force One qu’il souhaitait « nettoyer » Gaza avec l’aide de la Jordanie et de l’Égypte.

« J’aimerais que l’Égypte prenne les gens en charge », a déclaré Trump. On parle d’environ un million et demi de personnes. Nous nettoyons tout cela et nous disons : « Voilà, c’est fini ».

C’était du Trump tout craché : Réduire les Palestiniens et leur terre ancestrale à un lopin de terre à nettoyer ethniquement d’un coup de baguette magique.

Le « problème » serait résolu et – surprise, surprise – les promoteurs immobiliers qui soutiennent Trump pourraient faire de gros profits en débarrassant Gaza des Palestiniens pour faire place à des colons israéliens sanguinaires et à une multitude de stations balnéaires.

Tout cette opération, et chacun de ses aspects déments et diaboliques, fait rêver Bezalel Smotrich, le ministre israélien des Finances aux pulsions génocidaires, Jared Kushner, le gendre glacial et calculateur de Trump, et Steve Witkoff, l’envoyé du président au Moyen-Orient, qui serait, paraît-il, en train de « réfléchir » à l’idée saugrenue de faire migrer « volontairement » les Palestiniens vers l’Indonésie.

Les appels de Trump à « nettoyer » Gaza des Palestiniens reprennent presque mot pour mot l’horrible déclaration que Kushner a faite à l’université de Harvard, en février 2024.

À l’époque, dans ce lieu supposément auguste, celui qui était le principal conseiller de Trump en politique étrangère lors de son premier mandat, avait suggéré qu’Israël déporte les Palestiniens de Gaza pour « nettoyer » l’enclave côtière complètement détruite.

« Si j’étais Israël, je ferais le maximum pour faire partir les gens et, ensuite, la nettoyer », a déclaré Kushner.

Il a ajouté, pour faire bonne mesure, que la « terre en bord de mer » de Gaza avait certainement « beaucoup de valeur ».

Encore une fois, comme son manipulateur de beau-père, Kushner considère Gaza comme une nouvelle entreprise immobilière lucrative et les Palestiniens survivants et traumatisés comme une tracasserie agaçante.

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Plutôt que vers l’Indonésie, Kushner préfère apparemment convaincre les Palestiniens « avec diplomatie » d’accepter d’être expédiés en masse vers l’Égypte ou le désert du Naqab.

« J’aplanirais le Néguev au bulldozer et j’y mettrais les gens », a-t-il déclaré. « Je pense que c’est le meilleur moyen de pouvoir aller à Gaza finir le travail ».

Oui, bien sûr, « finir le travail » – purement et simplement – comme l’envisage Papa Trump.

Du coup, les naïfs experts qui, il y a quelques jours à peine, applaudissaient Trump pour avoir exercé une pression que seul un président américain est capable d’exercer sur un Israël récalcitrant, se sont mis à crier que Trump avait franchi des « lignes rouges », en évoquant l’expulsion des Palestiniens de Gaza.

Bien que soucieux de retrouver et d’enterrer au plus vite les corps de leurs proches ensevelis sous les décombres, les Palestiniens ont pris le temps de rétorquer à Trump, Kushner et Witkoff qu’ils ne se laisseraient déplacer par personne, vers aucun endroit, ni maintenant, ni jamais.

Pourtant, mes craintes persistent.

Je crains que les fanatiques nommés par Trump, qui croient que les Palestiniens n’existent pas, qu’Israël a le droit « biblique » de régner sur la Cisjordanie et qu’un troisième temple devrait être érigé sur les décombres de la mosquée Al-Aqsa, ne parviennent à leurs fins au cours des quatre prochaines années.

Mes craintes sont fondées sur le fait que les Palestiniens ont été abandonnés par la « communauté internationale » pendant plus de 75 ans, y compris pendant qu’ils étaient victimes d’un génocide flagrant.

Je n’ai pratiquement aucun espoir de voir cette même « communauté internationale », à la lâcheté proverbiale, s’opposer à Trump et à son bulldozer, s’il décidait, avec ses acolytes tout aussi monstrueux que lui, de « purger » la Palestine de son peuple une bonne fois pour toutes.

28 janvier 2025 – Al-Jazeera – Traduction : Chronique de palestine – Dominique Muselet

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