Par Abdel Bari Atwan
Le dernier paquet d’armes américain est un feu vert pour que Netanyahu envahisse Rafah et poursuive le massacre.
Le dernier « cadeau » de 2,5 milliards de dollars d’armes de haute technologie que l’administration Biden a décidé d’envoyer à Israël – dont des avions de guerre F-35 et des bombes de 2 tonnes – équivaut à un feu vert donné à Netanyahu pour qu’il poursuive son invasion planifiée de Rafah.
Cette décision, dévoilée samedi, confirme que Washington participe directement à la guerre meurtrière de famine et d’anéantissement menée par Israël contre la bande de Gaza.
Il incombe donc à la résistance de se retirer immédiatement des pourparlers sur le cessez-le-feu à Doha et au Caire. Les États-Unis n’ont jamais été et ne seront jamais un médiateur de paix. Ils participent pleinement à la guerre et doivent être traités comme tels.
En concluant cet accord tout en prétendant être en désaccord avec le gouvernement de Netanyahu, les États-Unis font preuve de la plus grande hypocrisie, du double langage et de la plus grande immoralité. Ils ne laissent planer aucun doute sur leur complicité avec les plans d’Israël visant à prolonger la guerre pour anéantir la bande de Gaza et la rendre inhabitable.
Sinon, pourquoi lui fournir 1800 de ces bombes Mark 84 terriblement destructrices, qui peuvent raser des tours entières y compris leurs fondations, s’il en reste à raser, formant des cratères de 11 mètres de profondeur et de 15 mètres de large, semant la mort et la destruction dans un rayon de 400 mètres ?
L’administration Biden envoie des parachutages mortels de repas emballés aux Palestiniens, tout en envoyant des avions de guerre sophistiqués et des munitions mortelles à l’État occupant. Peut-on imaginer quelque chose de plus cynique, de plus écœurant et de plus criminellement obscène ?
Même le nazisme, au sommet de sa puissance, n’a pas atteint de tels sommets d’hypocrisie et de double pensée. Au moins, le nazisme était clair sur ses intentions et ses convictions. Il n’a jamais prétendu défendre la liberté dans le monde ou lutter pour imposer le respect des droits de l’homme comme le font les États-Unis.
Je ne sais pas ce que les habitants de la bande de Gaza ont fait au peuple américain pour mériter un tel traitement de la part de son gouvernement. Celui-ci soutient activement leur assassinat, leur famine et leur anéantissement.
Il envoie des armes de destruction massive pour éliminer les survivants après avoir détruit 90 % de leurs maisons et déplacé deux millions d’entre eux, tout en démantelant l’agence des Nations unies qui leur fournit les bases minimales de survie.
La notion de légitime défense telle que l’entendent les États-Unis justifie-t-elle de massacrer plus de 33 000 personnes, principalement des femmes et des enfants, et d’en blesser au moins 100 000 ? Les « valeurs américaines » justifient-elles la destruction de la plupart des hôpitaux de la bande de Gaza, l’assassinat d’équipes médicales, la coupure de l’électricité, le retrait des prématurés de leurs couveuses et l’interdiction de l’acheminement de fournitures médicales ?
La question s’adresse à ceux qui, dans le monde occidental, prêchent les vertus de la civilisation et d’un ordre international fondé sur des règles.
L’administration américaine n’est pas la seule qui devrait avoir honte. Cela s’étend aux gouvernements arabes qui ont gardé le silence sur les massacres, et qui les ont même directement ou indirectement aidés en étant de connivence avec la puissance occupante et en tournant le dos à ses crimes dans la bande de Gaza au cours des six derniers mois.
En soutenant de manière non dissimulée les crimes de l’occupation, les États-Unis ont démontré qu’ils étaient le véritable ennemi et la source du problème.
Il en va de même pour tous les régimes arabes et autres qui ont été complices des États-Unis et de leur allié Israël, que ce soit en leur fournissant des biens et du carburant ou en se comportant en spectateurs indifférents pendant qu’ils perpétuent leurs atrocités dans la bande de Gaza.
Cela inclut ceux qui ont joué le rôle de médiateurs pour tenter de masquer leur visage hideux.
Croyez-moi, nous nous souviendrons de ce comportement et nous y réagirons encore longtemps.
Auteur : Abdel Bari Atwan
* Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
1e avril 2024 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine