Par Abdel Bari Atwan
Pourquoi faut-il conseiller la prudence et la retenue ? Comment les missiles du « Grand Dimanche du Hezbollah » ont-ils puni Netanyahou et affecté les calculs politiques et militaires ?
Quiconque suit les médias israéliens et américains (il n’y a pas beaucoup de différence) a aujourd’hui l’impression qu’un accord de cessez-le-feu entre l’Etat occupant et le Hezbollah au Liban est proche, peut-être dans les deux jours, et que Benjamin Netanyahu l’aurait approuvé, sur le principe. Après avoir rencontré les ministres de son cabinet de guerre, il aurait demandé à Amos Hochstein de signer l’accord américain proposé dès que possible.
Le Hezbollah n’a pas commenté ces jours d’« optimisme », et son silence ne peut donc pas être considéré comme une approbation. Il a déjà mis en garde contre le fait que l’État occupant et ses agents au Liban diffusent des « atmosphères faussement positives » pour tromper, confondre et approfondir les désaccords et les divisions des Libanais dans toutes leurs manifestations.
Toute lecture objective des événements récents au Liban doit comprendre plusieurs points :
- après l’attaque du « dimanche noir » contre les bases militaires et de renseignement israéliennes du Grand Tel Aviv, de Haïfa et de Safed par les combattants du Hezbollah – et malgré des vagues d’optimisme bien planifiées et soigneusement préparées et diffusées – 4 millions d’Israéliens se sont précipités vers des abris, et l’aéroport Ben Gourion a dû être fermé,
- deuxièmement, ces informations qui se veulent optimistes ont pour but de calmer les colons juifs du nord, du centre et du sud de la Palestine occupée, lesquels s’endorment et se réveillent au son des sirènes et des tirs de roquettes
- troisièmement, en raison d’un nombre record de 51 opérations de missiles et de drones dimanche (le record précédent était de 34), les écoles des villes du nord et de l’ouest de la Galilée (Acre, Haïfa, Nahariya) et de l’est de la Galilée (Safed) ont été fermées et remplacées par des cours à domicile en ligne
- quatrièmement, les missiles du Hezbollah, dont la plupart sont puissants et précis, sont arrivés à Ashdod, le deuxième plus grand port de la Palestine occupée, pour la première fois depuis le début des hostilités, endommageant une installation navale; la bande de Gaza a traditionnellement bombardé cette ville portuaire avec des missiles moins précis, et ceci est important car les roquettes qui atteignent Ashdod au sud peuvent potentiellement viser l’installation nucléaire de « Dimona » dans le Néguev occupé.
« Les lions du Hezbollah » ont répondu à l’appel de Netanyahu de négocier « avec le feu et sous le feu », avec des attaques historiques dimanche (hier) qui ont créé des précédents et battu des records sur le plan militaire.
Ces missiles et ces drones, avec leur nombre record et leur grande capacité de destruction, sont la réponse la plus forte aux mensonges de Netanyahu selon lesquels ses forces ont détruit plus de 80 % des capacités de combat et de missiles du Hezbollah et ont rendu le parti plus faible que jamais.
Le feu vert de Netanyahu et ses campagnes médiatiques axées sur l’imminence d’un cessez-le-feu au Liban montrent qu’il a perdu sa guerre libanaise et qu’il veut en sortir rapidement pour minimiser ses pertes, d’autant plus que sa guerre terrestre n’a pas réussi à faire revenir les colons du Nord et encore moins à chasser le « Hezbollah » du le Sud-Liban.
Nous en concluons que c’est le champ de bataille, ses offensives, ses missiles et ses drones qui décideront de l’issue de la guerre au Liban ou à Gaza, et non Netanyahu, Hochstein ou même le nouvel ambassadeur juif Daniel Shapiro, sous-secrétaire adjoint à la défense, qui est arrivé hier à Tel-Aviv.
Le secrétaire général du « Hezbollah », le cheikh Naim Qassem, a prévenu dans sa dernière déclaration : « La réponse au bombardement de Beyrouth se fera au cœur de Tel-Aviv, et nous ne crierons pas les premiers ».
Les missiles du « Grand Dimanche » ont fait pleurnicher l’ennemi sur lui-même.
Auteur : Abdel Bari Atwan
* Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
26 novembre 2024 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine