Par Daniel Vanhove
C’est ainsi que l’on peut lire, voir et entendre les ténors des médias habituels – et non des moindres ! – nous expliquer que l’antisionisme serait le nouveau déguisement de l’antisémitisme. Odieux mensonge, largement repris par certaines associations telles le CRIF (Conseil Représentatifs des Institutions juives de France) et autres officines du même acabit. Or, rien n’est plus faux ! Il s’agit donc d’établir clairement la responsabilité de ces incompétents/inconscients qui, entretenant une telle confusion, ne font qu’alimenter une tension raciale dont ils se nourrissent et utilisent comme leur fonds de commerce. Leur position inacceptable doit être dénoncée sans relâche parce qu’elle est le signe bien enfoui et camouflé d’un racisme latent qui ne dit pas son nom.
Aujourd’hui en Europe – et particulièrement en France – nous assistons à une exacerbation des tensions identitaires entre ceux que l’on nomme d’une part « les musulmans » et d’autre part « les juifs ». Or, avec recul, l’Histoire nous rappelle que la cohabitation entre ces deux communautés a toujours existé en pays arabes, sans que cela ne crée de problèmes majeurs. Et cela pendant des siècles. Le judaïsme et l’islam, tout comme la chrétienté cohabitaient librement et de manière relativement harmonieuse. Et dans les pays arabes ainsi qu’en Iran ou en Turquie, les autorités musulmanes se faisaient un honneur et avaient soin de protéger les communautés minoritaires. Sous la domination ottomane, les juifs et les musulmans vivaient ensemble en Palestine. Et faut-il rappeler que les juifs pourchassés en Europe au siècle passé, ont trouvé refuge dans les pays arabes où ils vivaient en paix et dans le respect de la diversité ?!
Jusqu’au moment de l’imposition par les États impérialistes via l’ONU, de l’État d’Israël en terres arabes de Palestine en 1947, ce qui signa le début des problèmes graves de la région qui quelques décennies plus tard, se trouve complètement dévastée.
Faut-il rappeler que le judaïsme est millénaire et s’identifie à une appartenance religieuse, quand le sionisme a cent ans et est une idéologie politique ? Idéologie qui s’inscrit en opposition majeure avec les principes essentiels du judaïsme. Au point que les partisans du sionisme ne supportent pas ce rappel de la part de juifs attachés aux strictes prescriptions de leur religion, le judaïsme, dans lequel il n’est jamais question de création d’un quelconque État, mais d’une dispersion des juifs de par le monde et d’une intégration de chacun d’eux dans les pays où ils vivent. Ainsi, il n’est pas rare que des juifs soient agressés et violentés par des groupes sionistes animés, il faut le rappeler, par le seul esprit colonial qui les obsède. Or, qu’est-ce que l’esprit colonial sinon s’approprier les biens d’autrui, en général au moyen de la force ? Ce que pratiquent tous les sionistes qui se sont installés sur les terres de Palestine avec l’objectif d’en chasser les Arabes qui y vivaient paisiblement depuis des siècles, et qui contrevient de manière flagrante avec l’éthique de justice du judaïsme. Le sionisme, dit l’un des rabbins dans la vidéo ci-dessous est « l’ennemi de la Torah ». Et il ajoute : « L’islamophobie n’est pas uniquement un exutoire de l’extrême droite dépositaire du nazisme, elle provient bien plutôt du fascisme à col blanc de milieux libéraux qui se disent bien-pensants – je pense à la présidence française – liés au néo-conservatisme américain et aux lobbies sionistes ».
Sur ce point, il est peut-être utile d’ouvrir une parenthèse : oui, la plupart des gouvernements français et ceux qui les soutiennent ont amplement exprimé leur désamour des Arabes. L’époque coloniale pas si lointaine et les horreurs commises en Algérie sont encore dans les mémoires de ceux qui veulent bien les voir (pour une approche chiffrée des crimes). D’aucuns n’ont jamais avalé la défaite de la France qui a dû quitter l’Algérie. Pas besoin d’en rajouter. Mais pour certains, soutenir le sionisme, ne serait-ce pas une revanche sur ces insoumis d’Arabes ? Je referme la parenthèse.
Dans la perspective de création d’un État réservé aux seuls juifs – sous le prétexte fallacieux et combien récupérateur d’être à l’abri d’éventuels nouveaux pogroms qui menaceraient les juifs comme ce fut le cas en Europe pendant les années de peste brune – il apparaît de manière claire et évidente que l’expulsion de tout habitant qui ne peut attester de sa judéité et le vol de ses biens pour les redistribuer à des étrangers qui viennent en profiter – les colons juifs – est une démarche d’un racisme avéré. Y adhérer et y souscrire rend donc complice et dès lors, coupable.
Comme l’exprime un rabbin dans la vidéo : « Le judaïsme prêche la compassion et le respect des voisins dans leur intégrité physique et dans ce qui leur appartient, ce qui est à l’exact opposé de l’idéologie sioniste qui s’impose par la force aux Palestiniens (…) dès lors, les sionistes ne représentent pas les juifs, ils n’en n’ont pas le droit, et l’antisionisme n’est pas l’antisémitisme ». Un autre rabbin ira jusqu’à dire : « Les sionistes, bien loin d’être les protecteurs des juifs et les garants d’un havre de sécurité pour eux sont en réalité les principaux responsables de l’antisémitisme dans l’ensemble du monde. Là où l’antisémitisme n’existe pas, les sionistes le fabriquent » !
Le rabbin Hirsch, président du mouvement orthodoxe Neturei Karta et vivant au cœur de Jérusalem, déclare pour sa part : « Les sionistes ne sont pas juifs et n’appartiennent en aucun cas à la terre de la Palestine historique… nous sommes des palestiniens juifs et voulons vivre sous le pouvoir palestinien qui sera créé bientôt et gouvernera toutes les régions de la terre sacrée ». Pour ces juifs de longue tradition, la célébration de l’anniversaire de la création de l’État d’Israël est un jour de deuil où ils manifestent leur opposition au sionisme en brûlant des drapeaux israéliens.
Le rabbin Weiss, porte-parole de Neturei Karta et invité sur le plateau télévisé d’une chaîne aux USA déclare : « Le judaïsme est l’obéissance à Dieu, le sionisme est une rébellion contre Dieu à tous points de vue (…) mais les sionistes utilisent la bible et la brandissent à la main en disant : ‘Nous étions en exil pendant 2000 ans et nous sommes enfin de retour en terre sainte, nous sommes les successeurs du roi David’… ce qui nous ferait vomir tant c’est abject et à l’encontre des 10 commandements de la Torah (…), les sionistes détestent les juifs religieux (…) et par crainte d’être traités d’antisémites, les médias ont peur de dénoncer les sionistes ou de montrer de la compassion pour les Palestiniens ». Il terminera son intervention en déclarant : « Parce que nous sommes juifs, nous sommes contre l’existence de l’État d’Israël, et nous compatissons, nous pleurons avec le peuple palestinien dans sa souffrance (…) les sionistes sèment la confusion et veulent faire croire que c’est un conflit religieux, mais cela n’a rien à voir avec la religion, au contraire les musulmans et les arabes étaient nos amis et nos protecteurs et ne doivent pas être victimes de ce mouvement diabolique qu’est le sionisme ».
Tout discours qui alimente donc cette contre vérité que l’antisionisme serait une manière de cacher son antisémitisme est scandaleux et mensonger. Et ne doit jamais être passé sous silence, d’où qu’il vienne. Au contraire, il faut le dénoncer et pointer ce qui se cache derrière : un racisme qui aujourd’hui s’en prend la plupart du temps aux musulmans et ceux qui en dénoncent l’imposture… comme il s’en prenait aux juifs dans l’entre-deux guerres. Après les juifs, voici donc le tour des musulmans… et après les musulmans, qui y aura-t-il ? Retour à la case départ ?…
Les représentants et responsables de l’UE et ceux des USA – je rappelle que les sionistes les plus nombreux et les plus agressifs sont des chrétiens-évangélistes et non des juifs – devraient avoir le courage et l’honnêteté de balayer devant leur porte, et faire le travail nécessaire pour remettre les pendules à l’heure en reconnaissant et signifiant l’erreur commise en 1947 sur le dos des Palestiniens. Un État israélien réservé aux seuls juifs est par sa définition même un État d’essence raciste puisqu’il exclut d’emblée les autres identités et les traite comme on peut le voir aujourd’hui, sous un régime d’apartheid. C’est aussi évident qu’un nez au milieu de la figure. Et certains jeunes loups de gouvernements européens devraient y réfléchir à deux fois avant de se lancer dans des déclarations irresponsables. Et se demander si en lieu et place de ces prises de positions malheureuses, ils ne devraient pas s’insurger avec force et détermination contre les conditions infra-humaines que l’État sioniste qu’ils protègent tant, persiste à maintenir à l’encontre de millions de citoyens arabes, particulièrement à Gaza, véritable camp d’extermination ! Tant qu’une telle injustice perdurera, ils ne seront pas crédibles dans leurs déclarations et les citoyens ne reconnaîtront pas ces critères de justice à géométrie variable selon que l’on soit juif ou musulman.
Si les dirigeants du monde aspirent tellement à une paix au Moyen-Orient, il y a une solution : revoir cette déplorable décision de 1947 coupable de tant de sang versé, démanteler l’État israélien sous ses formes actuelles et revenir à la Palestine historique que géreront les autorités palestiniennes dans le respect des différentes communautés qui la peupleront, comme cela existe dans n’importe quelle démocratie digne de ce nom.
Voir la vidéo ici.
* Daniel Vanhove est Observateur civil et membre du Mouvement Citoyen. Il a publié aux Ed. Marco Pietteur – coll. Oser Dire : Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes – 2004 et La Démocratie mensonge – 2008
30 novembre 2017 – Transmis par l’auteur