Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a ordonné des “frappes massives” dans la bande de Gaza après une escalade de deux jours qui a tué dix-neuf Palestiniens et quatre Israéliens.
Des avions de guerre et des canonnières de l’armée d’occupation ont continué de prendre pour cible la bande de Gaza dimanche, alors que des combattants de la résistance palestinienne dans l’enclave assiégée ont tiré un barrage de roquettes sur le sud d’Israël.
Un commandant du Hamas âgé de 34 ans a été assassiné dans ce que l’armée israélienne a qualifié de frappe ciblée.
Il était le cinquième Palestinien qui a avoir été tué ce dimanche. Parmi les autres victimes palestiniennes figuraient une femme enceinte et sa fillette âgée de 14 mois, qui ont toutes deux été tuées à Gaza samedi.
Dans la ville israélienne d’Ashkelon, un Israélien âgé de 58 ans a été tué après avoir été touché par des éclats d’obus lors d’une attaque à la roquette. Deux autres Israéliens, grièvement blessés dimanche après-midi dans une attaque à la roquette sur une usine, sont décédés par la suite.
Des organisations de la résistance à Gaza, également connues sous le nom de Coordination des opérations conjointes, comprenant l’aile militaire du Hamas et le Mouvement du Jihad Islamique en Palestine, ont juré samedi “d’étendre leur réponse” si l’armée israélienne continuait de prendre pour cible la bande de Gaza.
“Notre réponse sera plus large et plus douloureuse dans l’éventualité d’une agression [d’Israël] et nous resterons le bouclier protecteur de notre peuple et de notre terre”, a déclaré la Coordinatuion dans un communiqué.
Harry Fawcett d’Al Jazeera, rapportant du côté israélien [Palestine historique] de la clôture de séparation d’avec Gaza, a déclaré que l’escalade était “loin d’être terminée”.
“C’est une escalade militaire potentiellement longue et dangereuse et importante”, a-t-il déclaré. “Les médias israéliens citent des responsables de la défense ayant déclaré s’attendre à ce que ces combats durent quelques jours”.
Les médias israéliens ont rapporté que les combattants de Gaza avaient tiré ces deux derniers jours plus de 400 roquettes sur des villes du sud d’Israël et que le système antimissile israélien Iron Dome en avait intercepté environ 250.
Le bureau de presse du gouvernement à Gaza a déclaré que des avions de combat israéliens avaient effectué environ 150 raids, en plus de bombardements d’artillerie visant 200 cibles civiles dans la bande de Gaza, notamment des bâtiments résidentiels, des mosquées, des magasins et des organes de presse.
Environ 70 Palestiniens ont été blessés dans les attaques, selon le ministère de la Santé de Gaza.
Um Alaa Abu Absa, une habitante de Gaza, a passé dimanche à ramasser du verre brisé et des débris dans sa propriété à la suite des raids aériens. “Il y avait beaucoup d’attaques à la bombe, les voisins étaient très affectés, la scène de rue était indescriptible, les gens étaient effrayés, terrifiés et couraient, tout le monde cherchait ses enfants…”, a déclaré Abou Absa.
L’un des bâtiments détruits abritait le bureau de l’agence de presse Anadolu – dirigée par l’État turc – à Gaza.
“Nous appelons la communauté internationale à agir rapidement afin d’atténuer les tensions qui ont augmenté en raison des actions disproportionnées d’Israël dans la région”, a déclaré un communiqué du ministère turc des Affaires étrangères.
Deux Palestiniens, Imad Nseir âgé de 22 ans, et Khaled Abu Qaleeq, âgé de 25 ans ont été tués par des raids aériens israéliens samedi soir.
Le Jihad Islamique a déclaré que Mahmoud Issa âgé de 26 ans, et Fawzi Bawadi âgé de 23 ans – tués dans la nuit de samedi à dimanche – étaient membres de son aile armée.
Au début de l’après-midi, deux autres Palestiniens ont été tués après qu’un raid aérien israélien a visé un groupe de personnes dans le quartier Shujayea, dans l’est de la ville de Gaza, a annoncé le ministère de la Santé. Les deux hommes ont été identifiés comme étant Bilal Mohammed al-Banna et Abdullah Abu Atta, qui auraient tous deux 20 ans.
Peu de temps après, dans ce que les Palestiniens ont appelé le premier assassinat ciblé depuis 2014, des raids aériens israéliens ont touché la voiture d’Al-Khoudary, un commandant du Hamas, dans la ville de Gaza. Trois autres Palestiniens ont été blessés lors de l’attaque.
Représailles palestiniennes
La dernière flambée de violence a eu lieu après que quatre autres Palestiniensaient été tués dans deux incidents distincts vendredi.
Deux d’entre eux ont été assassinés lors des manifestations hebdomadaires de la Grande Marche du Retour près de la clôture de séparation entre Israël [Palestine de 1948] et Gaza, tandis qu’un raid aérien visant un avant-poste du Hamas a tué deux membres de la branche armée du mouvement de la résistance.
Une attaque de drones israéliens sur un véhicule et qui a blessé trois Palestiniens, a entraîné le barrage de roquettes, a déclaré notre correspondant.
Israël et l’Égypte maintiennent un blocus paralysant sur Gaza depuis que le Hamas a pris le contrôle du territoire en 2007.
À la suite de violents combats à la fin du mois de mars, Israël a accepté d’atténuer le blocus en échange de l’arrêt des tirs de roquettes. Cela comprenait l’élargissement d’une zone de pêche au large de Gaza, l’augmentation des importations à Gaza et la possibilité pour le Qatar de fournir une aide au territoire à court d’argent.
Toutefois, Israël – comme à l’habitude – n’a pas respecté ces accords et a réduit l’extension de la zone de pêche à la fin du mois d’avril.
“Diverses sources ont fait état d’ententes sur le fait d’assouplir les restrictions économiques, de créer des emplois et de chercher à améliorer la fourniture d’électricité à Gaza. Mais rien n’a changé”, a déclaré Harry Fawcett.
Environ deux millions de Palestiniens vivent à Gaza, dont l’économie souffre depuis des années du blocus et des récentes réductions de l’aide étrangère. Le taux de chômage est de 52%, selon la Banque mondiale, et la pauvreté est endémique.
Israël a mené trois offensives massives et meurtrières à Gaza depuis décembre 2008.
La dernière guerre de 2014 a gravement endommagé les infrastructures déjà très réduites de Gaza, poussant les Nations Unies à avertir que le territoire serait “inhabitable” d’ici 2020.
5 mai 2019 – Al Jazeera – Traduction : chronique de Palestine