Ma’an News – Le gouvernement israélien a annoncé dimanche le lancement d’une task force pour identifier et expulser les membres du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), marquant la dernière attaque d’Israël contre le militantisme de gauche et pro-palestinien.
Dans un communiqué publié par le porte-parole de la police israélienne Luba al-Samri, le ministre israélien de l’Intérieur Aryeh Deri et ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan ont décidé dimanche lors d’une réunion, de former un groupe de travail conjoint pour « expulser et interdire l’entrée des militants BDS » en Israël [Palestine de 1948] et dans les territoires palestiniens occupés.
« Nous ne devons pas permettre à des militants de BDS d’entrer en Israël. Ceci est une étape nécessaire, compte tenu des intentions malveillantes de ces militants à [nous] délégitimer et à propager des mensonges et les distorsions de la réalité dans notre région », a éructé Erdan , ajoutant que le mouvement de boycott contre Israël « doit payer un prix. »
« Lutter contre le boycott d’Israël commence par la lutte contre ceux qui sapent l’État d’Israël », a lâché Deri. « Nous avons la responsabilité de faire tout notre possible pour écraser tout boycott et dire clairement que nous ne permettrons pas que l’État d’Israël soit lésé. La formation du groupe de travail est une étape importante dans cette direction. »
Offensive anti-BDS tous azimuts
Sans citer de noms, la déclaration estime que des « centaines » de militants pro-palestiniens et des dizaines d’organisations sont actuellement en Israël « pour recueillir des informations et les utiliser pour le boycott d’Israël et nuire à ses citoyens », et que le groupe de travail tentera à l’avenir d’empêcher l’entrée des militants.
La déclaration a également allégué que les militants du BDS se rendent en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est pour « inciter » les Palestiniens.
On ignorait dimanche soir si le groupe de travail se concentrerait sur les militants étrangers ou si ses activités serait également étendues au suivi et à la surveillance des partisans palestiniens et israéliens de la campagne BDS.
L’annonce de dimanche est la dernière mesure prise par le gouvernement israélien pour s’attaquer au militantisme pro-palestinien.
Le mouvement BDS
Le mouvement BDS a été fondé en juillet 2005 par une large fraction de la société civile palestinienne, en tant que mouvement pacifique pour restaurer les droits des Palestiniens, conformément au droit international par le biais de stratégies de boycott des produits israéliens et des institutions culturelles, la mise à l’écart des entreprises complices de violations contre les Palestiniens, et l’application de sanctions contre le gouvernement israélien.
Le mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël a pris de l’ampleur au cours de l’année écoulée, les militants ciblant les entreprises qui agissent en complicité avec l’occupation illégale par Israël de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie.
Black Lives Matter s’engage pour le BDS
À la fin de Juillet, le mouvement Black Lives Matter – qui dénonce la violence policière contre les Afro-Américains aux États-Unis – a décidé d’appuyer le mouvement BDS, indiquant qu’il était déterminé à « la lutte, la solidarité et au soutien global du mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), pour la liberté, la justice et l’égalité pour le peuple palestinien, et pour mettre fin au soutien international à l’occupation ».
Le gouvernement israélien est de plus en plus préoccupé par la croissance du mouvement BDS, alors que la base du soutien du mouvement s’est élargie pour inclure des entreprises, des universités et des institutions religieuses à travers le monde, pénalisant ainsi les institutions et sociétés complices de la violation par Israël des droits des Palestiniens.
En janvier dernier, la Knesset israélienne a organisé une conférence pour discuter des moyens de lutte contre le BDS, et a consacré 100 millions de shekels (26 millions de dollars) du budget du gouvernement de 2016 pour cette question.
En mai, Israël a émis une interdiction de se déplacer à l’étranger contre le co-fondateur du BDS, Omar Barghouti, un résident permanent en Israël, ainsi que contre Mahmoud Nawajaa, le coordinateur général du Comité national palestinien BDS. Ce dernier a indiqué à cette occasion que la décision reflétait « jusqu’où [Israël] était prêt à aller pour arrêter la propagation du mouvement non-violent et palestinien du BDS pour la liberté, la justice et l’égalité ».
Fascisme rampant
Plus récemment, le Parlement israélien – la Knesset – a adopté le 12 juillet un projet de loi controversé « sur la transparence des ONG », obligeant les organisations à révéler leurs sources de financement si plus de la moitié de celui-ci provenait d’entités étrangères publiques – une loi que les groupes de défense des droits de l’homme et l’opposition représentée à la Knesset ont condamné comme une tentative de « faire taire toute critique » d’Israël et de délégitimer les organisations de gauche.
Le leader de l’opposition à la Knesset, Isaac Herzog du parti Camp Sioniste a dénoncé la loi comme « symbolisant le fascisme naissant qui est en hausse et en plein épanouissement dans la société israélienne » et de transformer en « plaisanterie » le « droit d’organisation, qui est un principe fondateur sacré dans une société démocratique ».
7 août 2016 – Ma’an News