Par Miguel Díaz-Canel Bermúdez
« Nous partageons également la douleur pour la souffrance des victimes civiles israéliennes du conflit, mais nous n’acceptons pas une certaine indignation sélective qui cherche à ignorer la gravité du génocide qui est perpétré aujourd’hui contre les Palestiniens, en présentant la partie israélienne comme la victime et en ignorant 75 ans d’attaques, d’occupation, d’abus et d’exclusion », a déclaré le chef de l’État cubain dans une communication.
Il y a 63 ans, dans un discours historique devant l’Assemblée générale des Nations unies, le leader historique de la révolution cubaine, Fidel Castro Ruz, a déclaré, je cite :
« Les guerres, depuis le début de l’humanité, sont nées, fondamentalement, pour une seule raison : le désir des uns de déposséder les autres de leurs richesses. Disparaissez la philosophie de la dépossession, et la philosophie de la guerre aura disparu ! Que disparaissent les colonies, que disparaisse l’exploitation des pays par les monopoles, et alors l’humanité aura atteint un véritable stade de progrès ! ». Fin de citation.
Cette idée large et profonde résume la raison de l’horreur vécue par le peuple palestinien aujourd’hui, confiné par un nouvel Apartheid sur une minuscule bande de terre.
C’est la philosophie de la dépossession qui provoque aujourd’hui une catastrophe humanitaire aux proportions dantesques.
Mais ce n’est pas seulement une bande de terre qui est frappée par les missiles israéliens. C’est le peuple palestinien qui est la cible des bombes. Plus de 3000 enfants et 1700 femmes ont été tués ces dernières semaines, tandis que des milliers de personnes restent coincées sous les décombres, attendant que les sauveteurs viennent les sauver ou les enterrer.
Plus de 40% des habitations de Gaza ont été détruites et les hôpitaux ont été transformés en morgues.
Cuba condamne avec la plus grande fermeté les bombardements contre la population de Gaza et la destruction de ses maisons, de ses hôpitaux et de ses infrastructures civiles.
Nous répudions les meurtres d’innocents résultant de l’escalade actuelle, qui attaque avec cruauté, sans distinction d’ethnie, d’origine, de nationalité ou de foi religieuse.
Nous partageons également la douleur des victimes civiles israéliennes du conflit, mais nous n’acceptons pas une certaine indignation sélective qui cherche à ignorer la gravité du génocide perpétré aujourd’hui contre les Palestiniens, en présentant la partie israélienne comme la victime et en ignorant 75 ans d’attaques, d’occupation, d’abus et d’exclusion.
Rien ne peut justifier ce que votre armée fait contre Gaza. Rien ne peut justifier les graves violations du droit humanitaire international qu’elle commet.
Israël viole toutes les résolutions des Nations unies et toutes les obligations qui lui incombent en tant que puissance occupante en vertu de la quatrième convention de Genève, convaincu que la paralysie du Conseil de sécurité sur cette question lui permettra de continuer à se soustraire à ses responsabilités.
Même dans la grave situation actuelle, le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure de d’exiger d’Israël d’arrêter le massacre en cours.
Les États-Unis ont opposé leur veto à une proposition de cet organe qui appelait simplement à des pauses humanitaires dans les combats afin de permettre l’accès de l’aide à Gaza et d’assurer la protection des civils.
Ceux qui s’opposent aujourd’hui à l’arrêt des violences à Gaza en tant que priorité absolue, devront assumer la responsabilité des graves conséquences qui en découlent.
Mais la position du gouvernement américain, qui s’est historiquement fait le complice de la barbarie sioniste en entravant à plusieurs reprises l’action du Conseil de sécurité sur la Palestine et en sapant la paix et la stabilité au Moyen-Orient par son exercice offensif du droit de veto, n’est pas surprenante.
Une solution globale, juste et durable au conflit passe inexorablement par l’exercice réel du droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à la construction de son propre État indépendant et souverain, dans les frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale.
Il n’y a pas d’autre moyen efficace de mettre fin à cette spirale de violence une fois pour toutes, de sauver des vies humaines et de tracer une route viable vers la paix.
La communauté internationale laissera-t-elle perdurer cette situation intenable ou restera-t-elle l’otage d’un exercice arbitraire tel que le droit de veto qui l’empêche d’agir comme elle le devrait pour faire cesser le crime ?
Un groupe de pays, dont Cuba, a proposé un projet de résolution à l’Assemblée générale des Nations unies, qui a finalement été approuvé, exigeant un cessez-le-feu immédiat, la mise en place urgente d’un mécanisme de protection de la population civile palestinienne, rejetant le déplacement forcé de civils et préconisant l’envoi d’une aide humanitaire d’urgence.
Chaque moment d’inaction et d’immobilisme coûtera davantage de vies innocentes. Des mesures doivent être prises immédiatement. Nous continuerons à contribuer de toutes les manières possibles aux efforts internationaux légitimes pour mettre fin à cette barbarie.
L’histoire ne pardonnera pas aux indifférents. Et nous n’en ferons pas partie. Il est temps de mettre fin à la philosophie de la dépossession pour que la philosophie de la guerre meure faute de raison d’être.
Auteur : Miguel Díaz-Canel Bermúdez
* Miguel Díaz-Canel Bermúdez est né le 20 avril 1960 à Santa Clara et est ingénieur de formation. Il est le président de la république cubaine depuis 2018 ainsi que Premier secrétaire du Parti communiste depuis 2021. Son compte Twitter.
28 octobre 2023 – Granma – Traduction de l’espagnol : Chronique de Palestine