Par Ramona Wadi
Des témoins de certains des meurtres ont certifié que les enfants ciblés n’étaient pas armés et ne représentaient aucun danger pour l’état ou ses citoyens.
Les enfants palestiniens ont été tués par des tireurs d’élites, drones et forces de sécurité israéliens dans les Territoires palestiniens occupés. Cinq des enfants assassinés avaient moins de douze ans. A Gaza, 49 enfants ont été assassinés par Israël dans le contexte des manifestations de la Grande Marche du Retour.
Des balles réelles ont été utilisées dans 73 pour cent des tirs mortels répertoriés par DCIP, qui a aussi relevé « 140 cas d’enfants palestiniens qui ont été détenus par les forces palestiniennes. » Les forces israéliennes ont aussi arrêté 120 enfants en Cisjordanie occupée. Dans les deux cas, les enfants détenus ont subi des mauvais traitements aux mains des forces de sécurité qui les détenaient, que ce soit l’AP ou l’armée israélienne.
Ces tactiques montrent que la collaboration d’Israël avec l’Autorité palestinienne cible un segment très vulnérable de la société palestinienne. Qui plus est, le fait que les tireurs d’élite israéliens tuent et blessent des enfants palestiniens lors de la Grande Marche du Retour est une mutilation directe de la génération qui peut poursuivre la lutte anti-coloniale.
Il est inutile d’invoquer le droit international quand Israël, et même l’Autorité Palestinienne, ont étendu les paramètres d’un cycle continu de sévices perpétrés sur les enfants palestiniens. Le droit international n’est pertinent que lorsqu’on l’utilise pour signaler que des violations se produisent et que les Palestiniens sont confrontés à un état membre de l’ONU qui traite avec mépris le droit international, tandis que la communauté internationale donne son accord tacite aux sévices et, dans certains cas, en est complice.
L’étude du DCIP a établi le fait qu’Israël a tué en moyenne plus d’un enfant par semaine en 2018. De précédentes statistiques officielles choquantes ont révélé qu’entre 2000 et 2014 Israël a tué en moyenne un enfant palestinien tous les trois jours pendant quatorze ans. Tout au long de l’année, l’intention et les actes génocidaires d’Israël ont fait l’objet de discussions, mais ont été écartés en raison de la monopolisation du terme en référence à l’holocauste. Pourtant, l’Article II de la Convention de l’ONU sur la Prévention et la Punition du Crime de Génocide définie le terme comme « des actes commis dans l’intention de détruire, en tout ou partie , un groupe national, ethnique, raciale ou religieux. » Qu’est-ce qu’Israël fait d’autre au peuple palestinien, “en tout ou partie” ?
Les réponses de la communauté internationale sont si prévisibles qu’Israël ne trouve aucune difficulté à dépasser les limites fixées par le droit international ; on le laisse agir en toute impunité. Le “goutte à goutte” des assassinats d’enfants palestiniens et la nature quasi routinière de leur détention restent indétectables par le radar des violations des droits de l’homme. Comme la communauté internationale ne réagit pas aux violations israéliennes dans le cadre qu’elle a établi, Israël parvient à combler l’écart entre violations et droits.
Parler des violations d’Israël maintenant, c’est en fait aussi parler de l’irresponsabilité de la communauté internationale. Pourtant, ni l’un ni l’autre ne font l’objet d’un examen critique et ne sont tenus de rendre des comptes ; il en résulte que régulièrement on évoque, à contre coeur ce qui devrait être en vertu du droit international en opposition au non respect du droit par Israël. Demander ou rendre des comptes, cependant, n’est depuis longtemps plus de mise sur la scène du crime. Si Israël veut tuer des enfants palestiniens (ou même des femmes et des hommes) il tuera, parce qu’il a décidé, tout à fait délibérément, de le faire.
Entre temps, la communauté internationale s’abstiendra toujours d’associer les actes d’Israël au génocide, préférant plutôt recourir à l’expression « prétendus crimes de guerre », dont les auteurs ne seront jamais traduits en justice. Les enfants palestiniens tués par Israël depuis de nombreuses années, l’an dernier y compris, le monde entier les a oubliés.
Auteur : Ramona Wadi
* Ramona Wadi est rédactrice au Middle East Monitor. Écrivain, chercheuse et journaliste indépendante, elle est également critique. Ses écrits couvrent une série de thèmes en relation avec la Palestine, le Chili et l'Amérique latine. Elle contribue régulièrement au PalestineChronicle.com. Consultez son site internet. Son compte Twitter.
03 janvier 2019 – Middle East Monitor – Traduction: Chronique de Palestine – MJB