Dix Palestiniens ont été tués dans des frappes israéliennes au cours de la journée, selon le ministère de la Santé de Gaza [on dénombre 24 tués à la fin du second jour de bombardements israéliens]. Dans le même temps, Israël a bouclé les points de passage du territoire assiégé et réduit la zone de pêche à six milles marins au large de la côte de Gaza.
Le porte-parole de l’aile militaire du Jihad islamique a déclaré mardi soir que “les prochaines heures marqueront une victoire pour le peuple palestinien. Israël a commencé cette campagne, mais il sera avertie de sa fin.”
Baha Abu al-Ata, âgé de 42 ans,présenté par les médias sionistes comme le commandant militaire du Jihad islamique pour la partie nord de Gaza, a été assassiné par une frappe aérienne sur son domicile dans le quartier de Shujaiyeh à Gaza.
Son épouse, Asma Abu al-Ata, 38 ans, a également été tuée lors de l’attaque israélienne. Sept autres personnes, dont quatre enfants, ont été blessées et des maisons voisines et une école endommagées.
Dans la capitale syrienne, Akram al-Ajouri, le responsable de l’aile militaire du Jihad islamiqu, a été pris pour cible dans une frappe aérienne. La Syrie a accusé Israël d’être responsable de l’attaque.
Deux personnes auraient été tuées lors de la frappe, dont l’un des fils d’Al-Ajouri.
Les combattants palestiniens à Gaza ont répliqué aux attaques par des tirs de roquettes qui ont atteint jusqu’à Tel-Aviv. Ziad al-Nakhala, secrétaire général du Jihad islamique, a déclaré que “nous allons faire la guerre” et que le Premier ministre israélien “a franchi toutes les lignes rouges” en assassinant Abu al-Ata.
Une usine de jouets de Sderot, une ville du sud d’Israël, figurait parmi les sites touchés par les tirs de roquettes depuis Gaza. Les images prises par les caméras de sécurité montrent une roquette frappant une autoroute, manquant de peu des automobilistes.
Mardi matin, un missile a frappé les bureaux de la Commission indépendante palestinienne pour les droits de l’homme à Gaza, blessant légèrement l’un des membres de son personnel.
Amnesty International a condamné l’attaque et a déclaré que “les frappes de missiles visant des bâtiments civils [constituent] une violation du droit international”.
Le quotidien israélien Haaretz a annoncé par la suite que le bâtiment de bureaux dans la ville de Gaza avait été touché par une roquette tirée depuis la bande de Gaza plutôt que par un missile israélien.
Israël a affirmé avoir tiré des missiles sur des groupes qui lançaient delectronic intifadaes roquettes sur Israël et le Jihad islamique aurait confirmé la mort de l’un de ses combattants. L’armée israélienne d’occupation a également prétendu qu’elle ciblait des installations de fabrication et de stockage d’armes souterraines, ainsi que des camps d’entraînement appartenant au Jihad islamique.
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien, a déclaré dans un discours télévisé que l’assassinat d’Abou al-Ata avait été approuvé il y a 10 jours.
“Ce terroriste a tiré des centaines de roquettes et planifié de nouvelles attaques”, a déclaré Netanyahu. “Il était une bombe à retardement.”
“Nous ne sommes pas intéressés par l’escalade mais nous y répondrons si nécessaire”, a ajouté Netanyahu.
Aviv Kohavi, le chef d’état-major de l’armée israélienne d’occupation, a déclaré qu’Abou al-Ata “avait agi de toutes les manières possibles pour saboter les tentatives de maintien du calme avec le Hamas”.
“Nous nous préparons à l’escalade au sol, dans l’air et la mer”, a ajouté Kohavi.
Les commentateurs israéliens ont émis des doutes sur la date et les motifs de l’assassinat d’Abou al-Ata.
Chemi Shalev, écrivant pour le quotidien israélien Haaretz, a laissé entendre que Netanyahu avait pour objectif de saboter les chances de voir la Liste commune, une faction parlementaire composée principalement de citoyens palestiniens d’Israël, conclure un accord pour soutenir un gouvernement dirigé par Benny Gantz.
Gantz, le chef de l’Alliance bleue et blanche, tente actuellement de former un gouvernement après l’échec de Netanyahu à la suite des élections peu concluantes en Israël en septembre. Alors que les négociations pour une coalition se poursuivent, Netanyahu reste le chef du gouvernement intérimaire israélien.
Gantz a nié que l’évolution de la situation affecterait les négociations de la coalition et a déclaré que l’armée israélienne avait pris la “bonne décision” en assassinant Abu al-Ata.
Plusieurs médias en langue hébraïque ont rapporté mardi que Netanyahu avait décidé l’assassinat d’Abou al-Ata après que des tirs de roquettes depuis Gaza l’avaient forcé à quitter la scène lors d’un rassemblement organisé une semaine avant les élections de septembre.
“Netanyahu était furieux et a immédiatement fait pression sur les hauts responsables de la sécurité pour qu’ils approuvent l’assassinat d’Abou al-Ata”, selon le Times of Israel, mais l’opération avait été reportée.
Ismail Haniyeh, le responsable de l’aile politique du Hamas, a accusé Israël de tenter de saper “la voie qui mène au rétablissement de notre unité nationale” en assassinant Abu al-Ata. Le mois dernier, le Hamas a indiqué qu’il était prêt à organiser des élections, qui n’ont plus eu lieu depuis la victoire législative surprise du groupe de la résistance en 2006.
Entre-temps, Naftali Bennett, un raciste anti-arabe virulent, a officiellement pris le rôle de ministre de la Défense israélien mardi. Netanyahu avait détenu le portefeuille du ministère alors que les négociations en vue de former le prochain gouvernement israélien se poursuivaient.
Bennett s’est déjà vanté de son passé sanglant. “J’ai tué beaucoup d’Arabes dans ma vie – et cela ne pose aucun problème”, avait déclaré Bennett lors d’une réunion du Cabinet en 2013.
L’Union européenne, l’Allemagne, les États-Unis et le Royaume-Uni ont tous condamné le lancement de roquettes depuis Gaza, mais non l’assassinat qui l’a précipitée, entérinant tacitement l’attaque israélienne.
Le Comité national palestinien pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions a déclaré que “la société civile mondiale doit agir pour que Israël soit tenu pour responsable lorsque les gouvernements échouent à le faire”.
Amnesty International a qualifié de “profondément préoccupants” les développements à la frontière tenteraiententre Gaza et Israël, ajoutant que “l’escalade de la violence qui a suivi entre Israël et les groupes armés palestiniens fait craindre une recrudescence des effusions de sang pour les civils”.
Le groupe de défense des droits de l’homme a déclaré: “Israël commet des violations graves du droit international humanitaire à Gaza, notamment des crimes de guerre, en toute impunité et affiche un mépris choquant pour la vie des Palestiniens.”
Le meurtre d’Abou al-Ata par Israël mardi fait écho à l’assassinat du commandant militaire du Hamas Ahmed al-Jabari à Gaza il y a sept ans ce même mois.
En tuant al-Jabari, Israël avait rompu un cessez-le-feu avec des groupes armés à Gaza, ce qui avait provoqué plusieurs jours de violents combats et une invasion terrestre qui avaient coûté la vie à 170 Palestiniens, dont plus de 100 civils.
Dix membres de la famille al-Dalu et deux de leurs voisins avaient été assassinés dans une seule frappe israélienne contre un immeuble résidentiel à Gaza au cours de cette offensive.
L’Égypte et les Nations Unies tenteraient de calmer la situation actuelle et d’éviter un affrontement à grande échelle.
* Maureen Clare Murphy est rédactrice à The Electronic Intifada (Arts, Musique et Culture). Elle vit à Chicago.
12 novembre 2019 – The Electronic Intifada – Traduction : Chronique de Palestine