Par Abdel Bari Atwan
Netanyahu s’imagine que l’assaut sur Al-Aqsa l’aidera à surmonter ses difficultés intérieures et son isolement international. Il se trompe.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et les faucons de son gouvernement fasciste cherchent une guerre pour les aider à surmonter leurs crises intérieures et leur isolement international. C’est pourquoi ils ont donné le feu vert à leur armée et à leurs forces de sécurité pour prendre d’assaut l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa, agresser les personnes qui y veillent, les forcer à partir et arrêter 400 d’entre elles pour ouvrir la voie à une invasion de colons célébrant la Pâque.
Netanyahu obtiendra sans doute ce qu’il cherche. Mais il paiera un prix très élevé, peut-être plus élevé que lors de la campagne « Épée de Jérusalem » de mai 2021, lorsque des milliers de missiles se sont abattus sur Tel-Aviv et les colonies de l’enveloppe de Gaza, envoyant des millions de colons dans des abris, fermant les aéroports d’Israël et coupant le pays du monde extérieur pour la première fois depuis la Nakba.
La réponse initiale des Palestiniens à la prise d’al-Aqsa a été rapide. Vingt missiles ont été tirés depuis la bande de Gaza sur la colonie de Sderot, touchant des usines et causant des dégâts matériels considérables.
Les « dômes de fer » tant vantés n’ont pas réussi à les intercepter, et s’ils avaient été tirés pendant les heures de travail, il y aurait également eu de nombreuses victimes.
Ces 20 missiles n’étaient qu’un avertissement. Jérusalem est une ligne rouge, et agresser des fidèles et souiller des lieux sacrés pendant le mois sacré du ramadan est un crime qui ne peut rester impuni.
Netanyahu joue avec le feu et pourrait finir par se brûler non seulement les doigts, mais aussi lui-même et son gouvernement. En mai 2021, il a supplié le président américain Joe Biden d’intercéder auprès de l’Égypte pour obtenir l’arrêt des hostilités.
Si une nouvelle bataille éclate pour les mêmes raisons (invasion d’al-Aqsa par des milices et des colons), ce qui est plus que probable à l’approche de la Pâque, il sera beaucoup plus difficile de l’arrêter.
Elle pourrait se transformer en une conflagration régionale plus large au cours de laquelle des milliers de missiles pleuvraient sur l’État occupant et ses colons, que ce soit depuis Gaza ou d’autres fronts auxquels on ne s’attend pas.
Les journalistes de ce journal ont parlé à un grand nombre de personnes de tous horizons à Jérusalem, en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et dans les zones de 1948. Ils étaient pratiquement unanimes quant à leur détermination à tout donner pour défendre Al-Aqsa et libérer la terre de Palestine.
L’époque où les avions de guerre israéliens pouvaient bombarder le peuple palestinien en toute impunité est révolue. L’époque où ils cherchaient le salut auprès des gouvernements arabes ou de la Ligue arabe, qui leur était soumise, est également révolue.
Ils ne comptent que sur eux-mêmes et sur leurs brigades de combat qui ont rendu l’occupation « cinq étoiles » d’Israël plus coûteuse, privé ses colons de sécurité et de stabilité et provoqué une grande vague de fuite des capitaux et de migration inverse.
Les jours et les semaines à venir seront marqués non seulement par la fermeté, mais aussi par des frappes de missiles de représailles et des opérations de résistance ciblées. Il se peut qu’elles ne se limitent pas aux territoires occupés, mais qu’elles proviennent également d’autres secteurs de la région.
La pression monte inexorablement et est proche du point d’explosion, Netanyahou et sa clique de fascistes allumant la mèche.
Le peuple palestinien – pour citer le héros de la résistance anticoloniale libyenne Omar al-Mukhtar – n’a que deux choix : la victoire ou la victoire.
Tout comme la résistance en Afghanistan et en Irak a vaincu les États-Unis, la plus grande puissance de l’histoire, et les a forcés à fuir dans l’ignominie, le peuple palestinien inévitablement l’emportera.
L’État occupant ne survivra peut-être pas à son 80e anniversaire.
Auteur : Abdel Bari Atwan
* Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
6 avril 2023 – Raïm al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine