Le peuple palestinien continue de trouver des moyens divers et ingénieux pour soutenir sa lutte. Dans un contexte difficile, ils cherchent ainsi constamment à trouver des alternatives dans un conflit qui mine l’équilibre politique et les rapports régionaux et internationaux.
Grâce à leur expérience dans la lutte pour se débarrasser de l’occupation israélienne, qui les opprime depuis des décennies, le peuple palestinien connaît les outils et les méthodes appropriés à utiliser, selon les circonstances. Ils ont atteint certains objectifs intermédiaires alors que les objectifs ultimes de l’indépendance, de la liberté et de leurs droits nationaux restent à l’ordre du jour.
Tout en préservant l’énergie et les ressources vitales, ils savent qu’ils doivent sensibiliser sur leurs luttes, atteindre dans le monde entier les personnes à l’esprit libre. Cela a des effets positifs qui bénéficieront finalement à la cause palestinienne. Ce que vivent les Palestiniens est un symbole de la cause de tout être humain libre et honorable qui défend la justice contre la tyrannie, et qui aura raison du mal.
Ainsi, la question palestinienne est devenu un problème international, une affirmation de principes, de valeurs et de droits universels. Ceci est important, car les autorités d’occupation israéliennes et leurs alliés propagent un discours malhonnête allant dans le sens de leurs propres intérêts, brisant et déformant les lois et conventions internationales dans le même temps.
C’est de cette manière qu’Israël essaie de légitimer son occupation et son vol de terres, d’identité, de culture et d’histoire.
Un mouvement international actif de solidarité avec la Palestine va contre le récit biaisé – promu par les médias occidentaux pro-israéliens – selon lequel Israël serait la victime. Une telle solidarité fait honte à Israël, en particulier dans les milieux qui reprennent son discours iet restent indifférents aux violations des droits des Palestiniens, lesquels sont en réponse, contraints d’adopter des tactiques de résistance appropriées.
De plus, le renforcement des relations avec les sympathisants au niveau international et l’établissement de liens avec des organisations spécialisées, en particulier des groupes humanitaires et de défense des droits de l’homme, ouvrent la voie à un front humain et uni contre les violations et les crimes israéliens. Les poursuites judiciaires possibles de responsables israéliens dans les capitales du monde entier a troublé Israël ces dernières années, en particulier suite à la série d’offensives militaires brutales lancées contre les civils dans la bande de Gaza depuis fin 2008.
Le “Comité international pour briser le siège de Gaza” joue un rôle de premier plan en regroupant la solidarité humanitaire avec la Palestine. Il s’agit d’une initiative palestinienne entièrement pacifique visant à faire face au siège terrestre, maritime et aérien illégal et inhumain imposé à la bande de Gaza. Le Comité le fait en mobilisant la communauté internationale pour qu’elle prenne des mesures afin de mettre fin à ce siège injuste qui vise également les enfants innocents, les femmes et les personnes âgées.
L’un des aspects du travail du Comité a été l’alliance de groupes de la société civile connus sous le nom de “Freedom Flotilla Coalition”. La Coalition a contesté le blocus naval israélien de la bande de Gaza avec plusieurs flottilles en essayant d’apporter de l’aide humanitaire à l’enclave assiégée. Des centaines de militants solidaires de toutes les couches de la société ont rejoint les flottilles dans une expression de masse de leur sentiment de dégoût face au blocus et à ceux qui en sont à l’origine, face à ce qui reste une honte pour l’humanité.
J’ai appareillé en mai 2010 avec la Flottille de la Liberté. Elle a été détournée dans les eaux internationales par des commandos israéliens qui ont pris d’assaut les navires, tuant et blessant des dizaines de passagers à bord du Mavi Marmara, le vaisseau amiral de la flottille.
Cela n’a pas découragé les habitants de Gaza et les Palestiniens de la diaspora qui sont les propriétaires légitimes de leur patrie occupée. “Freedom Flotilla II” a été annoncé et lancé environ un an après l’attaque du Mavi Marmara. Elle transportait également de l’aide humanitaire et des militants, et elle a également été abordé dans les eaux internationales par la marine israélienne dans ce qui serait dans d’autres circonstances considéré comme un acte de piraterie en haute mer. Le même sort a été réservé à “Freedom Flotilla III” en 2015 et – tandis qu’Israël maintenait sa brutalité et son mépris pour les lois et conventions internationales en intensifiant son blocus de Gaza – “Freedom Flotilla IV“, qui était entièrement composée de militantes féminines.
Les flottilles de solidarité internationale visant à briser le siège injuste imposé à la bande de Gaza, font depuis près de 12 ans partie du mouvement de solidarité plus large qui a joué un rôle central en faisant largement connaître les souffrances causées par le blocus. Elles ont également contribué à exposer l’occupation pour ce qu’elle est, d’une manière neutre et ouverte, surtout en Occident, où les militants de la solidarité sont des ambassadeurs humanitaires des Palestiniens et de leur juste cause.
Bien que les flottilles aient été le plus souvent empêchées par Israël d’atteindre Gaza, la publicité que leur détournement a reçue est inestimable, car elle a maintenu la question à l’attention du public. Même avec tous les autres problèmes affectant la région, les tentatives de briser le siège de Gaza ont maintenu le problème à la vue de tous. Les politiciens locaux obsédés par leurs propres luttes de pouvoir ont été incapables de tourner leurs regards csur le sort des Palestiniens de la bande de Gaza. Personne ne peut non plus prétendre que la cause palestinienne n’est pas au centre de la recherche de la paix dans la région.
Les navires d’aide humanitaire qui ont atteint les côtes de Gaza – “The Liberty”, “Free Gaza”, “Humanitarian Relief” venu d’Egypte, “Hope”, “Dignity” and et “Al-Karama” du Qatar – sont au panthéon des grands de la résistance palestinienne. Mais “Al-Marwa” venu de Libye, “Dignity 2”, “Brotherhood” venu du Liban, “Spirit of Humanity”, “Freedom Flotilla I”, “Hope” venu de Libye, “Freedom Flotilla II”, “Spirit of Rachel Corrie“, “Liberation and Freedom”, “Estelle”, “Marian”, “Lady Lilly”, “Hope” et “Zeitouna” qui n’ont pas arriver à bon port ont néanmoins été honorés, car ils nous ont rappelé le blocus criminel israélien et les souffrances des Palestiniens. Dans le même temps, ils ont interpellé la conscience de la communauté internationale, largement complice de la guerre menée par Israël contre les civils palestiniens dans l’enclave côtière.
La situation à Gaza est maintenant une catastrophe humanitaire due au blocus, et un autre navire se prépare à appareiller pour le port de Gaza. “Al-Awda” et son équipe de militants veulent rester dans le sillage de ces navires de la solidarité qui ont brisé le siège. Son nom (“Le Retour”) est un rappel symbolique de la Nakba de 1948 – la Catastrophe lors la création de l’État d’Israël en Palestine – et du silence du monde face à la tragédie en cours qui représente un véritable nettoyage ethnique de la Palestine et des Palestiniens dans ce qui est leur patrie. Le colonialisme israélien est le dernier projet colonial dans le monde, et il est aidé et encouragé par les pays et les politiciens qui devraient vraiment interdire qu’une telle injustice se perpétue.
La nouvelle Flottille de la liberté, dont Al-Awda fait partie, rappellera à la communauté internationale que le peuple palestinien reste attaché à ses droits humains et civiques, y compris son droit légitime de retourner sur ses terres. Il réaffirmera que les générations successives de Palestiniens n’ont oublié ni leur patrie ni leur identité, ce que les proto-Israéliens avaient à la fois voulu et imaginé.
Al-Awda et ses navires jumeaux continueront également à secouer la conscience collective mondiale en souvenir de la crise des réfugiés la plus ancienne et la plus grave du monde. Les Palestiniens eux-mêmes n’ont pas oublié, et ils sont déterminés à assurer que le monde n’a aucune excuse pour prétendre qu’il ne savait pas que le droit au retour des Palestiniens est absolument légitime et que ce que leur fait subir les autorités israéliennes d’occupation est une abomination du 21ème siècle.
* Dr Essam Yousef est le responsable du Comité International Populaire pour soutenir Gaza.
26 avril 2018 – The Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine