Par Mariam Barghouti
Six Palestiniens ont été tués à Jénine lors de la deuxième invasion israélienne de la ville cette année.
Six Palestiniens ont été tués et plus d’une douzaine d’autres blessés après l’invasion de Jénine par l’armée israélienne, la deuxième offensive de grande envergure sur la ville et son camp de réfugiés au cours des deux derniers mois. Dans le même temps, l’armée israélienne a également envahi le camp de réfugiés d’Askar à Naplouse, blessant 12 Palestiniens et en arrêtant trois autres.
Selon les premiers rapports de l’armée israélienne, ces deux invasions étaient une attaque coordonnée visant à détruire la cellule de résistance qui aurait orchestré l’opération de Huwwara le 26 février, qui a fait deux morts parmi les colons israéliens.
Les six hommes tués à Jénine ont été identifiés par le ministère palestinien de la santé comme étant Mohammad Wael Ghazzawi, 26 ans, Mohammad Ahmad Salim Khlouf, 22 ans, Tareq Ziyad Mustafa Natour, 27 ans, Ziyad Amin Al-Zar’ini, 29 ans, Abdelfattah Hussein Kharrousha, 49 ans, et Mutasem Nasser Sabbagh, 22 ans.
Depuis le début de l’année, les forces israéliennes ont assassiné 72 Palestiniens, dont 25 dans le seul district de Jénine.
L’invasion de Jénine
Mardi après-midi, vers 14h 45, des forces spéciales israéliennes en civil ont envahi Jénine, juste à l’extérieur du camp de réfugiés de Jénine, situé à l’est de la ville.
Des images filmées par des résidents locaux montrent l’entrée des forces spéciales en civil dans une camionnette blanche portant une plaque d’immatriculation de Cisjordanie avec un graffiti en arabe qui dit « le transport de l’avenir ».
Bien que Mondoweiss n’ait pas vérifié ces affirmations de manière indépendante, les précédentes opérations d’exécutions sommaires ont souvent inclus l’entrée de forces infiltrées dans des fourgonnettes blanches.
L’opération militaire a été menée à midi, à l’heure de pointe après l’école, alors que les routes étaient pleines de piétons et de voitures.
En quelques instants, des renforts militaires composés de plus de deux douzaines de véhicules blindés, dont des jeeps militaires et des bulldozers, ont fait irruption dans la ville à partir de la colonie illégale de Dotan, au sud-ouest du camp, et du point de contrôle militaire de Jalameh, au nord-ouest du camp.
Un bâtiment a été encerclé et assiégé par l’armée sous prétexte que des combattants palestiniens armés se trouvaient à l’intérieur.
Des affrontements armés ont eu lieu entre l’armée et les Palestiniens au cours de l’incursion. Les forces israéliennes ont tiré à balles réelles, des gaz lacrymogènes et d’autres armes au cours de l’offensive, qui s’est poursuivie jusqu’au soir.
« Nous sommes encerclés dans la maison, les forces spéciales sont dans la zone et bombardent notre maison et celle de nos voisins… toutes les maisons autour », a déclaré un jeune homme, Abu Azmi, dans un enregistrement audio. « Nous tenons, si Dieu le veut, jusqu’à notre dernier souffle. Priez pour nous », implore l’homme à la fin de l’enregistrement de 15 secondes. « Nous vous supplions de prier pour nous. »
Eyad Abu al-Azmi était chez lui lorsqu’il a reçu un appel téléphonique de l’armée lui demandant de quitter les lieux. Selon un message publié sur son compte Facebook personnel, Eyad Abu al-Azmi a indiqué que l’armée avait commencé à tirer des engins explosifs sur la maison.
Dans les 45 minutes qui ont suivi l’offensive, un hélicoptère militaire israélien Apache a atterri près de la zone où les affrontements se sont poursuivis.
Après l’invasion du camp, des messages téléphoniques ont été envoyés aux Palestiniens de la zone, signés par le capitaine Ward, l’actuel major militaire responsable de la région de Jénine.
« L’armée et les forces de sécurité israéliennes s’emploieront à faire respecter la justice et la sécurité », indique le message.
Dans l’heure qui a suivi l’envoi du texte, les forces israéliennes avaient déjà tué Mohammad Wael Ghazzawi, 26 ans, d’une balle dans la poitrine, et blessé cinq autres personnes, dont une dans un état critique, selon le ministère de la santé.
Deux officiers israéliens de l’unité Yamam, chargée des opérations spéciales, ont été blessés au cours de l’attaque et transférés à l’hôpital Rambam de Haïfa, au nord de Jénine.
À 17 heures, deux autres Palestiniens ont été tués. Le ministère palestinien de la santé les a identifiés comme étant Mohammad Ahmad Salim Khlouf, 22 ans, et Tareq Ziyad Mustafa Natour, 27 ans.
Une demi-heure plus tard, trois autres personnes ont été tuées : Ziyad Amin Al-Zareini, 29 ans, Mutasem Nasser Sabbagh, 22 ans, et Abdelfattah Hussein Kharrousha, 49 ans.
Selon la dépêche de presse 0404 de l’armée israélienne, l’offensive à Jénine visait le « terroriste [résistant] qui a tué Hillel Weigal Yaniv » à Huwwara, près de Naplouse, le mois dernier, le 26 février.
Les médias ont largement rapporté que Kharrousha était à l’originede la fusillade de Huwwara, qui s’est produite quatre jours après que l’armée israélienne ait envahi Naplouse et tué 11 Palestiniens.
Immédiatement après la fusillade de Huwwara, le 26 février, les colons israéliens des colonies voisines se sont déchaînés dans la ville dans une campagne d’incendies criminels qui a été qualifiée de pogrom, même par le chef du commandement général de l’armée israélienne.
Arrestation des fils d’un résistant d’Askar
Kharrousha, bien que tué à Jénine, est originaire du camp de réfugiés d’Askar, près de Naplouse. Kharrousha se serait réfugié dans le camp de réfugiés de Jénine pour échapper à un possible assassinat.
Pendant l’invasion de Jénine, une autre offensive militaire se déroulait dans le camp de réfugiés d’Askar à Naplouse, à 40 km au sud-est de Jénine. Vers 15h30, les forces militaires israéliennes ont fait une incursion à Naplouse et ont encerclé un bâtiment du Sahel Askar, situé à la périphérie du camp de réfugiés d’Askar.
Selon le ministère de la santé, 12 Palestiniens ont été blessés au cours de l’invasion, l’un d’entre eux se trouvant dans un état critique après avoir reçu une balle dans l’abdomen.
À la fin du raid sur Askar, l’armée israélienne a déclaré avoir kidnappé trois frères, Khaled, Qassam et Abed Kharrousha – les fils du défunt Abdelfattah Kharrousha. Ils ont été transférés pour être interrogés [torturés] par le Shin Bet israélien, sur le soupçon d’avoir aidé leur père.
Auteur : Mariam Barghouti
* Mariam Barghouti est une écrivaine palestino-américaine basée à Ramallah. Ses commentaires politiques sont publiés dans l'International Business Times, le New York Times, TRT-World, entre autres publications. Mariam Barghouti est également correspondante en Palestine du site d'informations et d'analyses Mondoweiss. Son compte Twitter.
7 mars 2023 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine