Le Comité ministériel israélien sur la législation a discuté dimanche d’un projet de loi qui pourrait limiter l’appel musulman à la prière en Israël [Palestine de 1948], alors que les citoyens palestiniens d’Israël ont exprimé leurs craintes que cette législation ne soit une grave violation de la liberté religieuse.
Lors d’une réunion ministérielle tenue dimanche, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré que le comité devait “examiner un projet de loi visant à limiter l’ampleur du bruit des systèmes de sonorisation dans les maisons de prière en Israël”.
L’appel à la prière – aussi connu sous le nom d’adhan – est diffusé cinq fois par jour dans les mosquées ou les centres islamiques.
Le projet de loi appelle à interdire l’utilisation de haut-parleurs pour tout message religieux ou “incitatif” dans le cadre de l’appel à la prière.
Le dimanche soir, on ne savait pas si le comité avait pris une décision concernant ce projet de loi.
“Je ne peux pas dire le nombre – il est tout simplement trop vaste – de citoyens qui se sont tournés vers moi de toutes les parties de la société israélienne, de toutes les religions, avec des plaintes sur le bruit et la souffrance causés par le bruit excessif venant de l’appel public des maisons de prière”, a éructé Netanyahu.
“Israël est un pays qui respecte la liberté de religion pour toutes les religions. Israël est également engagé à défendre ceux qui souffrent de l’intensité du bruit excessif des appels”, a-t-il prétendu. “Je soutiens une législation et une application égales pour tous dans l’État d’Israël”.
Alors que Netanyahou a utilisé le terme non-confessionnel de “maisons de prière”, la question de l’appel musulman à la prière – ou adhan – est l’objet de lourdes dénonciations au cours des dernières semaines, conduisant très probablement à la résurgence du projet de loi présenté en mars dernier par le membre de la Knesset Moti Yogev, du Parti de la Maison Juive [ultra extrême-droite religieuse].
Les habitants ont déclaré que les autorités israéliennes d’occupation ont interdit ce mois-ci l’annonce de la prière de l’aube d’être lancée sur des haut-parleurs dans trois mosquées différentes dans la ville du district d’Abu Dis à Jérusalem, un jour après que les colons israéliens aient protesté devant le domicile du maire israélien Nir Barakat, contre la soit-disant “pollution sonore” engendrée par l’appel musulman à la prière.
Un certain nombre de Palestiniens qui ont la citoyenneté israélienne ont dénoncé le projet de loi comme une nouvelle manifestation de la discrimination contre les citoyens non juifs d’Israël.
“Si ce projet de loi devait être adopté, ce serait la fin définitive de la démocratie dans cet État”, a déclaré à Ma’an Sheikh Samir Assi, l’imam de la mosquée al-Jazzar dans la ville d’Acre au nord du pays.
Il a ajouté qu’un tel projet de loi causerait une “forte dégradation dans les relations entre les citoyens arabes et juifs” d’Israël.
Cette loi, soutient le responsable religieux, amènerait les musulmans en Israël a estimer que leurs sites religieux “n’ont pas d’existence dans cet État”.
“Quiconque se préoccupe de cet État devrait lever la voix contre cette loi qui reflète le racisme, l’incitation à la haine à l’encontre des Palestiniens dans ce pays”, a ajouté Assi.
En attendant, le député Ahmad Tibi de la liste arabe commune, a déclaré que le projet de loi était la dernière des fréquentes “tentatives de nuire aux sentiments des musulmans, sous le prétexte banal de prévenir le bruit.”
Il a conseillé à ceux qui défendent la loi de “cesser leurs provocations”.
Pendant ce temps, Adnan al-Husseini, le gouverneur de Jérusalem, a déclaré à Ma’an lors de la manifestation anti-adhan que le son de l’appel à la prière ne dépassait pas un niveau de décibels convenu, ajoutant que les colons israéliens ne sont pas gênés par le bruit mais par l’appel à la prière qui leur rappelle la présence palestinienne à Jérusalem.
Plus tôt ce mois-ci, Hatem Abd Al-Qader, un responsable du Fatah chargé des affaires de Jérusalem, a déclaré à Ma’an qu’Israël cherchait à provoquer les musulmans en essayant d’interdire l’appel à la prière.
Abd al-Qader a ajouté que la protestation des colons israéliens contre l’adhan est survenue au milieu des violations constantes et des raids contre la mosquée Al-Aqsa dans la vieille ville de Jérusalem-Est, et au milieu des démolitions de tombes musulmanes à Jérusalem. Détruire les identités musulmanes et chrétiennes palestiniennes de Jérusalem en les remplaçant par une identité juive transformera le conflit israélo-palestinien, qui est politique, en un conflit religieux.
Les communautés palestiniennes en Israël et dans Jérusalem-Est occupée ont depuis longtemps été visées par des politiques israéliennes discriminatoires, que ce soit par la tactique du “diviser et conquérir”, les tentatives de déplacement forcé des communautés bédouines, et ce qui a été dénoncé comme une politique de “judaïsation” de Jérusalem aux dépens d’autres communautés religieuses.
13 novembre 2016 – Ma’an News – Traduction : Chronique de Palestine