Par James North
Israël a ordonné l’aplication de la « directive Hannibal » le 7 octobre, décidant ainsi du meurtre de soldats et de civils israéliens captifs. Mais les médias américains continuent de cacher la vérité.
Il y a trois jours, le principal journal israélien, Haaretz, a publié les résultats de son enquête approfondie et complète sur ce qui s’est réellement passé lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre.
Jusqu’à présent, les grands médias américains n’ont pas dit un mot sur les résultats choquants de cette enquête.
Les critiques utilisent parfois l’expression « faute professionnelle des médias » pour décrire l’incapacité des grands médias américains à rendre compte avec précision de la situation en Israël/Palestine. Cette fois-ci, cependant, ce qui se passe est encore pire ; il s’agit d’une autocensure délibérée, destinée à cacher la vérité au public américain.
Les médias ignorent les preuves de la tuerie provoquée par Israël le 7 octobre
Le long rapport de Haaretz a révélé que l’armée israélienne avait appliqué la « directive Hannibal » le 7 octobre. Cette directive est une politique israélienne qui ordonne à l’armée d’ouvrir le feu sur ses propres soldats pour les empêcher d’être faits prisonniers.
Bien entendu, ce site, ainsi que d’autres sources de médias alternatifs, a été l’un des premiers à souligner le rôle possible de la directive Hannibal dans les décès israéliens du 7 octobre.
Mais le rapport de Haaretz est significatif par le nombre de sources militaires qu’il a interrogées et qui ont confirmé qu’il y avait des ordres directs pour mettre en œuvre la directive.
Haaretz explique que cette politique a pour but de « déjouer les enlèvements, même au détriment de la vie des personnes kidnappées ». Dans un premier temps, l’armée a commencé à déployer des « Ziks », des drones d’assaut sans pilote. Plus tard, elle a tiré des obus de mortiers, puis des obus d’artillerie.
Haaretz a également confirmé que l’armée savait que des civils israéliens avaient également été pris en otage, mais l’ordre a tout de même été donné à 11h22 : “Pas un seul véhicule ne peut retourner à Gaza.
Le rapport de Haaretz est prudent, mais il conclut tout de même : « [Le message de 11h22] a été compris par tout le monde… À ce moment-là, les FDI ne connaissaient pas l’ampleur des enlèvements le long de la clôture de Gaza, mais elles savaient que de nombreuses personnes étaient impliquées. La signification du message et le sort réservé à certaines des personnes enlevées étaient donc parfaitement clairs ».
En d’autres termes, une partie – voire une grande partie – des morts israéliens ce jour-là, y compris des civils, a été délibérément causée par l’armée israélienne elle-même. Il est incompréhensible que cela ne soit pas une nouvelle. Mais, trois jours plus tard, dans le New York Times : pas un mot. Le Washington Post : rien. CNN : rien. National Public Radio : rien.
Au lieu de cela, si vous tapez « Hannibal » dans les moteurs de recherche de ces sites médiatiques, les résultats ne mentionnent que « Hannibal Lecter », le tueur en série fictif qui a fait l’objet d’un livre et d’un film populaire.
Mais où sont donc passés les « 1400 morts israéliens » du 7 octobre ?
La directive Hannibal de l’armée israélienne n’a pourtant rien de nouveau. (Cette doctrine tire probablement son nom du général carthaginois qui a combattu Rome en 200 avant J.-C. et qui a déclaré qu’il avalerait du poison plutôt que de se rendre. Certaines sources israéliennes ont affirmé que le nom avait été généré de manière aléatoire, une affirmation qui suscite le scepticisme).
Le 22 octobre dernier, ce site rapportait ce qui suit :
« Un nombre croissant de rapports indiquent que les forces israéliennes sont responsables de la mort de civils et de militaires israéliens à la suite de l’attaque du 7 octobre. »
Puis, en mars dernier, l’estimable Jonathan Ofir a également publié sur ce site qu’un soldat israélien, le capitaine Bar Zonshein, avait admis avoir « tiré des obus de char sur des véhicules transportant des civils israéliens ».
L’enquête encore plus complète du Haaretz aurait dû susciter une réaction de la part des principaux reporters américains en poste en Israël. Les journalistes américains auraient dû cultiver leurs propres sources depuis le 7 octobre et être prêts à au moins égaler l’article du Haaretz. Au lieu de cela, la seule réponse apportée jusqu’à présent a été un panel organisé par Piers Morgan et un podcast Mehdi Hasan/Bassem Youssef.
Cela fait maintenant plus de dix ans que je suis de près la couverture médiatique américaine d’Israël et de la Palestine. Continuer à cacher le déploiement par Israël de la directive Hannibal le 7 octobre est l’un des exemples les plus choquants d’autocensure dont je me souvienne.
La malhonnêteté des grands médias n’est qu’un exemple de plus de la raison pour laquelle les sites web alternatifs sont indispensables.
Auteur : James North
* James North est rédacteur en chef de Mondoweiss et a réalisé des reportages en Afrique, en Amérique latine et en Asie pendant quarante ans. Il vit à New York. Suivez-le sur Twitter/X.
10 juillet 2024 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine