Par Qassam Muaddi
Les femmes palestiniennes libérées des prisons israéliennes disent qu’elles ont encore été privées d’eau, d’électricité, de lumière du jour et de traitement médical après qu’Israël a lancé sa guerre contre Gaza le 7 octobre.
Les femmes palestiniennes libérées des prisons israéliennes au cours du week-end ont dénoncé les conditions « brutales » qui règnent dans les prisons depuis le 7 octobre.
Quelque 119 femmes et enfants palestiniens ont été libérés des prisons israéliennes depuis vendredi, dans le cadre d’un accord de trêve conclu entre Israël et le Hamas.
En échange, le groupe palestinien a libéré 49 captifs israéliens et 17 ressortissants étrangers capturés lors de son offensive contre Israël le 7 octobre.
« Nos conditions de détention se sont beaucoup dégradées après le 7 octobre, atteignant des niveaux sans précédent », a déclaré à The New Arab Samah Souf, une détenue palestinienne de 24 ans qui a été libérée dimanche.
« Dans la pièce où je me trouvais, à la prison de Damon, nous étions six détenues dans un espace juste suffisant pour nous six », a-t-elle déclaré. « Après le 7 octobre, nous étions 11 dans la même pièce et la plupart des détenues dormaient à même le sol. »
Les autorités pénitentiaires israéliennes ont fortement limité l’accès des prisonniers à l’électricité et à l’eau, selon Mme Souf.
Un autre rapport de The New Arab fait état de conditions pénibles dans les prisons israéliennes, qui se sont aggravées depuis le 7 octobre.
« Les autorités d’occupation ont coupé l’électricité, de sorte que nous ne pouvions pas utiliser les ventilateurs malgré le temps très chaud à Damon, qui est proche de la mer, et nous avions droit à quelques heures d’eau courante », a déclaré l’ancienne détenue.
« Avant le 7 octobre, nous utilisions l’eau courante pour nous laver, mais pas pour boire car elle est mélangée à une forte concentration de chlore et d’autres produits chimiques, alors nous achetions de l’eau en bouteille, que nous n’avions plus le droit d’acheter depuis le 7 octobre et nous étions obligées d’utiliser le peu d’eau non fraîche que nous avions. »
« Notre temps de cour, le seul moment où nous pouvons voir le soleil, a été réduit à une demi-heure, et notre cellule a fait l’objet de plusieurs descentes et fouilles par la sécurité de la prison. »
« Comme nous n’avions pas assez d’eau, nous ne pouvions pas nous débarrasser de l’odeur des gaz lacrymogènes et nous avons dû nous y habituer. »
Souf a été arrêtée en mai dernier et placée sous un ordre de détention administrative de quatre mois sans inculpation, qui a été renouvelé pour quatre mois supplémentaires en septembre.
« Après le 7 octobre, ils nous ont dit que les ordres de détention administrative allaient être renouvelés, alors je me préparais à passer encore plus de temps en prison », a-t-elle dit.
La libération des prisonniers dimanche a été retardée de plusieurs heures après que le Hamas a interrompu la libération des otages en réponse à la violation par Israël des conditions de la trêve, à savoir la réduction du nombre de camions d’aide humanitaire autorisés à entrer dans la bande de Gaza.
Les détenus et les otages ont finalement été libérés tard dans la nuit de dimanche à lundi, après une médiation du Qatar.
À Ramallah, des milliers de Palestiniens, dont des familles de prisonniers, se sont rassemblés dans la ville de Beitunia, près du centre de détention israélien d’Ofer. Les forces israéliennes ont dispersé le rassemblement en utilisant des gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles.
Quatre Palestiniens ont été blessés lors de l’assaut, selon le Croissant-Rouge palestinien.
Plusieurs prisonnières malades ont fait partie de l’échange.
L’une d’entre elles, Samira Hirbawi, âgée de 50 ans, n’a pas pu parler aux journalistes en raison de son état de santé. Son frère a déclaré à The New Arab qu’ « elle est arrivée chez elle dévastée et fatiguée ».
Les forces israéliennes avaient arrêté Samira Hirbawi à un poste de contrôle israélien en juillet, après lui avoir tiré dessus et l’avoir blessée. Hirbawi a été accusée d’avoir tenté de poignarder des soldats israéliens et est restée en procès jusqu’à sa libération.
Sa famille nie l’accusation, insistant sur le fait qu’elle était en compagnie de deux de ses sept enfants au moment de son arrestation.
« Samira a passé un mois et demi à la prison de Damon, avant que ses blessures ne s’aggravent et ne causent des problèmes supplémentaires en raison de l’absence de traitement », a déclaré son frère.
« Elle a souffert d’une inflammation des membres et a été transférée dans un hôpital israélien. Son avocat a alors déposé une demande de libération pour raisons humanitaires, que le tribunal d’occupation a rejetée. »
« Par la suite, son état de santé s’est détérioré et nous avons perdu le contact avec elle après le 7 octobre. Elle nous a dit que lorsqu’elle a demandé à être soignée, les services pénitentiaires israéliens lui ont répondu qu’elle pourrait l’être après sa libération ».
Les femmes palestiniennes détenues dans les prisons de l’occupation…
Les femmes et les enfants qui ont grandi à l’intérieur de la prison..
Mères de plusieurs fils et filles…
Blessées et malades…
Elles sont détenues à la prison de Damon où ils sont confrontés à des conditions difficiles…. pic.twitter.com/PcoDI0tlZ9
— Addameer – الضمير (@Addameer) November 23, 2023
Israa Jaabees, 38 ans, qui a passé huit ans dans les prisons israéliennes, a également été libérée dimanche. Elle était considérée comme l’un des cas humanitaires les plus critiques dans les prisons israéliennes et comme l’une des personnes les plus susceptibles d’être libérées dans le cadre de l’accord d’échange.
Israa a été arrêtée en octobre 2015, après que sa voiture a pris feu en raison d’un dysfonctionnement électrique sur la route de Jéricho. Elle a été accusée d’avoir tenté d’attaquer des soldats israéliens.
Sa famille et son avocat ont nié ces accusations, affirmant que sa voiture avait pris feu à plus d’un kilomètre d’un poste de contrôle israélien vers lequel elle se dirigeait.
Elle transportait ses affaires vers sa nouvelle maison à Jéricho lorsque la voiture a pris feu. Elle a subi des brûlures sur 50 % de son corps, ce qui l’a gravement défigurée.
Dimanche, Jaabees a vu son fils de 14 ans pour la première fois depuis qu’il avait six ans.
Elle est rentrée chez elle à Jérusalem, où la police israélienne a dispersé des journalistes et d’autres Palestiniens qui s’étaient rassemblés pour célébrer sa libération.
Au 6 octobre, Israël détenait plus de 5000 Palestiniens dans ses prisons, dont 1300 en détention administrative sans inculpation ni procès, l’année 2023 étant marquée par un pic sans précédent d’arrestations et d’ordonnances de détention administrative.
Il y a maintenant plus de 7000 prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, dont quelque 2200 détenus administratifs, 200 enfants et 60 femmes.
Le 7 octobre, la branche armée du mouvement Hamas a fait entre 200 et 250 captifs israéliens et étrangers lors de son offensive de grande envergure contre des bases militaires et des villes israéliennes. Selon le Hamas, les bombardements israéliens ont tué une cinquantaine d’otages depuis le 7 octobre.
Les bombardements israéliens sur Gaza depuis le 7 octobre ont tué près de 15 000 Palestiniens, dont plus de 6000 enfants.
L’assaut israélien sur la bande de Gaza a également détruit près de la moitié des habitations du territoire et mis hors service un grand nombre d’hôpitaux.
Auteur : Qassam Muaddi
* Qassam Muaddi est un journaliste palestinien basé à Ramallah. Il couvre l’actualité palestinienne : événements politiques, mouvements sociaux, questions culturelles ... Il écrit pour les quotidiens libanais Assafir et Al Akhbar, les sites Middle East Eye, Mondoweiss et The New Arab, ainsi que pour les journaux électroniques palestiniens Metras et Quds News Network.Son compte twitter.
27 novembre 2023 – The New Arab – Traduction : Chronique de Palestine