Les bus israéliens suppriment les annonces en langue arabe dans la ville de Beersheba, dans le sud, à la suite de pressions de la part d’habitants juifs.
Les citoyens palestiniens d’Israël ont critiqué la décision d’une compagnie d’autobus israélienne de retirer des annonces en langue arabe à Beersheba, une ville de 200 000 habitants dans la région du sud du Néguev.
Le ministère israélien des Transports a demandé à la Dan Bus Company de supprimer les annonces en langue arabe après que plusieurs habitants juifs israéliens aient déposé des plaintes à l’entreprise et à la mairie de Beersheba.
La société avait auparavant des annonces en hébreu et en arabe, les deux langues officielles.
Le membre de la Knesset, Yousef Jabareen, qui est membre de la coalition électorale majoritairement arabe de la liste commune, a dénoncé ce mouvement comme une tentative pour représenter “l’arabe comme la langue de l’ennemi”.
“Il est du devoir des compagnies de transport de respecter [la langue arabe] et de l’utiliser dans toutes leurs activités et leurs projets, y compris sur les bus et les trains”, a déclaré Jabareen à Al Jazeera.
Jabareen a déclaré que le retrait de l’arabe “reflète le climat raciste du pays et l’atmosphère d’incitation à la haine”.
Le ministère des Transports a défendu la décision. Dans une déclaration faite à la chaîne israélienne 2, le ministère a annoncé qu’il n’obligerait pas la compagnie à inclure des annonces arabes jusqu’à ce qu’il y ait une “décision uniforme” pour le faire.
Par ailleurs, le maire de Beersheba, Ruvik Danilovich, a déclaré que l’arabe serait inclus sur les bus de Beersheba une fois “utilisé dans tout Israël”.
“Effacer la langue et la culture arabe”
Amjad Iraqi, coordinateur international du Centre Adalah pour les droits des minorités arabes en Israël, a déclaré que la compagnie d’autobus “a cédé au racisme”.
“En acceptant de supprimer les annonces en arabe, la compagnie a reconnu que l’utilisation de l’arabe – une langue officielle de l’État – est une infraction publique, et non un droit ou une pratique fondamentale”, a déclaré Iraqi à Al Jazeera.
“Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres tentatives récentes visant à effacer davantage la langue et la culture arabe de la sphère publique israélienne”, a-t-il ajouté, faisant allusion au “projet de loi Muezzin” visant à interdire aux mosquées d’utiliser des haut-parleurs pour leur appel à la prière.
“[Ces lois] sont également conduites et légitimées par le racisme et l’incitation à la haine permanente par les dirigeants israéliens à l’égard des citoyens arabes”.
Environ 1,7 million de Palestiniens – comprenant des chrétiens, des musulmans et des druzes – portent la nationalité israélienne et vivent dans des villes et villages à travers le pays.
Plus de 160 000 Bédouins palestiniens portent la nationalité israélienne et vivent dans la région du Negev, dont Beersheba est la plus grande ville et le siège administratif.
Bien que la minorité israélienne de Palestiniens représente environ 20 pour cent de la population, les politiciens israéliens d’extrême droite ont tenté sans succès de s’attaquer à la langue arabe ces dernières années.
Il y a deux ans, les législateurs d’extrême droite des partis Likoud, Jewish Home et Yisrael Beitenu ont poussé un projet de loi à la Knesset qui aurait classé l’hébreu comme étant la seule langue officielle d’Israël.
En 2011, le ministre des Transports Yisrael Katz a proposé de supprimer l’arabe des panneaux de signalisation routière.
Selon la base de données en ligne d’Adalah, plus de 50 lois discriminent les citoyens palestiniens d’Israël en étouffant leur expression politique et en limitant leur accès aux ressources de l’État, comme la terre.
Auteur : Patrick Strickland
* Patrick O. Strickland est un journaliste et grand reporter américain indépendant spécialiste des questions de justice sociale et des droits humains au Moyen-Orient et spécialement en Palestine. Il écrit pour de nombreux médias notamment al-Jazira, Alternet, VICE News, Deutsche Welle, Syria Deeply, AlterNet, Electronic intifada, Socialist Worker etc ... Son compte Twitter
1e décembre 2016 – Al-Jazeera – Traduction : Chronique de Palestine