Par Al-Mayadeen
Selon le journaliste américain Chris Hedges, la machine de guerre israélienne exporte sa mentalité d’apartheid en livrant des armes à d’autres pays.
Les Israéliens ont fait des Palestiniens des sujets d’expérimentation au profit de la machine de guerre israélienne, des agences de renseignement et des entreprises d’armement et de technologie, a écrit Chris Hedges, un journaliste américain, pour ScheerPost.
« Les drones et les technologies de surveillance d’Israël, y compris les logiciels espions, les logiciels de reconnaissance faciale et les infrastructures de collecte de données biométriques, ainsi que les clôtures intelligentes, les explosifs expérimentaux et les mitrailleuses contrôlées par l’IA, sont testés sur les habitants de Gaza depuis des années, contre leur gré.
Ces armes et technologies sont ensuite « testées au combat » avant d’être vendues au monde entier.
Hedges a révélé dans son article pour ScheerPost qu’ « Israël » est le dixième pourvoyeur d’armes au monde. Selon le ministère israélien de la sécurité, les exportations ont atteint l’année dernière un niveau record de 12,5 milliards de dollars avec les pays arabes qui ont normalisé leurs relations avec l’occupation, ce qui représente près d’un quart des contrats d’achat.
Les pays arabes en voie de normalisation ont été les principaux importateurs, avec des contrats passant de 853 millions de dollars (9 %) en 2021 à 2,96 milliards de dollars (24 %) en 2022.
Il affirme que leur lien intime avec ces institutions militaires, de sécurité intérieure, de surveillance, de collecte de renseignements et d’application de la loi explique pourquoi les alliés d’Israël soutiennent sans réserve leurs bombardements sur Gaza.
Hedges rappelle que lorsque le président colombien Gustavo Petro a refusé de condamner le Hamas et a accusé « Israël x de terrorisme pour avoir tué des enfants innocents, l’occupation a rapidement mis fin à toutes les ventes à la Colombie.
Il affirme que le nettoyage ethnique de Gaza, qui dure depuis un siècle, est le « prélude à un nouvel ordre mondial effrayant », qui montre ce que les gouvernements feront à leur population une fois que les démocraties auront disparu et que les disparités économiques se seront accrues.
Gaza : Un modèle pour une dissidence mondiale
Une fois que les populations seront mécontentes et commenceront à résister à un tel traitement, il pense que ce qui est fait aux Palestiniens leur sera fait à leur tour.
Hedges évoque les camps et les centres de détention qui attendent les migrants en Europe, les Palestiniens détenus à Gaza, qui est décrite comme la plus grande prison à ciel ouvert, et le bombardement de nombreux pays du Moyen-Orient pour s’approprier leurs ressources, ainsi que l’usurpation des ressources de la Palestine par l’occupation israélienne.
Il remet également en question les lois antiterroristes utilisées pour criminaliser les voix dissidentes en Europe et aux États-Unis.
Hedges estime que les Palestiniens de Gaza se sont échappés de leur « cage-laboratoire » le 7 octobre et qu’ils ont été sauvagement tués depuis.
Il rappelle le rôle d’ « Israël » dans la militarisation des frontières à travers le monde par la vente d’armes à l’Afrique du Sud de l’apartheid et au Myanmar, ainsi qu’à l’Azerbaïdjan, aux Serbes de Bosnie et à l’armée salvadorienne.
En décembre 2022, le journal israélien Haaretz a rapporté que l’occupation avait dépensé des millions de dollars pour calmer ses partenaires occidentaux en achetant du matériel stratégique – sans pubicité – pour le compte de l’Ukraine.
Anthony Loewenstein explique, dans « Le laboratoire palestinien : Comment Israël exporte la technologie de l’occupation dans le monde entier », que « les similitudes entre la frontière américano-mexicaine et le mur israélien qui traverse les territoires occupés s’accroissent d’année en année », ajoutant que « l’un informe et inspire l’autre, les entreprises technologiques étant toujours à la recherche de nouveaux moyens de cibler et de capturer ceux qui sont perçus comme ennemis ».
L’utilisation d’outils de surveillance de haute technologie pour contrôler la frontière a été soutenue à la fois par les Républicains et les Démocrates.
Frontex, l’agence des frontières extérieures et côtières de l’Union européenne, utilise des drones Heron TP Eitan de fabrication israélienne pour surveiller les bateaux de réfugiés en Méditerranée.
Les drones sont généralement utilisés sur les Palestiniens et ont la capacité de provoquer « l’arrachement des tissus de la chair ».
Elbit Systems, le plus grand fabricant d’armes privé d’Israël, fournit des tours de surveillance de haute technologie aux douanes et à la protection des frontières américaines (CBP), qui les utilisent le long de la frontière avec le Mexique.
Par ailleurs, Pegasus, le logiciel malveillant israélien développé par le groupe israélien NSO qui peut prendre le contrôle du microphone et de la caméra d’un smartphone, a fait les gros titres lorsqu’une fuite en 2021 a montré comment les gouvernements l’utilisaient pour espionner les critiques, les journalistes et les ONG.
Selon le Times, « certains gouvernements l’auraient utilisé pour cibler des dissidents politiques, des activistes et même l’épouse du journaliste assassiné Jamal Khashoggi ».
L’eau pestilentielle israélienne et autres tactiques répugnantes
L’eau estilentielle a été testée et mise au point sur les Palestiniens, souvent avec des équipes de tournage israéliennes qui filmaient les attaques pour montrer à des clients potentiels son efficacité.
Les forces israéliennes arrosent régulièrement des quartiers palestiniens entiers avec de l’eau pestilentielle, la pulvérisant délibérément sur des maisons privées, des entreprises, des écoles et même des cortèges funéraires, dans ce que le groupe israélien de défense des droits de l’homme B’Tselem appelle « une mesure de punitive collective contre les villages palestiniens qui protestent contre la violence coloniale d’Israël », a rapporté The Electronic Intifada en 2015.
La même eau pestilentielle a été utilisée contre les manifestants dans le Missouri après le meurtre de Michael Brown à Ferguson.
« Israël » a développé un programme de surveillance, mis en œuvre il y a deux ans, qui implique, en partie, une technologie de smartphone appelée Blue Wolf qui capture des photos de visages de Palestiniens et les fait correspondre à une base de données d’images si dense qu’un ancien soldat de l’occupation l’a décrite comme le « Facebook pour les Palestiniens » secret de l’armée.
En juillet, le groupe de défense des droits numériques, La Quadrature du Net, a déclaré qu’il était très préoccupé par la violation des libertés civiles fondamentales par le gouvernement français et l’a dénoncée comme faisant partie d’un « glissement vers une sécurité musclée ».
Le gouvernement français a autorisé les forces de police à espionner les citoyens en activant à distance la caméra, le microphone et le GPS de leurs téléphones et autres appareils, tels que les ordinateurs portables, les voitures et autres objets connectés, dans le cadre d’une attaque contre les libertés civiles.
Les appareils seraient activés pour enregistrer les sons et les images de personnes prétendument soupçonnées d’ « infractions terroristes », de délinquance et de crime organisé.
En octobre 2022, Mintpress news a fait état d’une arme automatique, développée par Smart Shooter, utilisée en septembre à un poste de contrôle très fréquenté à al-Khalil, en Cisjordanie.
Le rapport explique comment les Palestiniens sont utilisés comme objets d’expérimentation par les autorités d’occupation pour commercialiser la technologie militaire israélienne qui est « testée sur le terrain » en vue d’être vendue à l’étranger.
Le site web de l’entreprise affirme qu’elle utilise l’IA pour transformer les armes en « armes intelligentes ».
Le slogan de l’entreprise est « One shot, one hit » (un tir, un coup). Smart Shooter a conclu un certain nombre de contrats avec des armées étrangères, dont les forces d’occupation israéliennes, le ministère américain de la défense, l’US Marine Corps, l’armée néerlandaise, la marine indienne, l’armée allemande et d’autres encore.
La technologie de l’entreprise a également été sélectionnée pour un exercice du programme de travail de défense contre le terrorisme de l’OTAN en 2020. L’armée de Singapour teste également l’arme.
Une occupation qui en imite une autre
Dans son livre War Against the People, Jeff Halper établit des similitudes entre les tactiques américaines d’occupation de l’Irak et le traitement des Palestiniens par les Israéliens.
Les forces américaines ont construit une barrière de sécurité autour de la zone verte de Bagdad, fermant des villes et des villages et procédant à des assassinats. Elles ont également imité les tactiques d’interrogatoire israéliennes et utilisé des points de contrôle et des barrages pour isoler les villes et les villages entre eux.
« Israël » forme et approvisionne les forces de police américaines, leur transmettant des méthodes agressives et leur fournissant des armes militaires lourdes et des camions, comme on l’a vu à Ferguson et à Atlanta lors des affrontements entre la police et les manifestants.
Selon Halper, il s’agit de la « palestinisation » des conflits à l’échelle internationale.
Loewenstein estime qu’avec l’implication de nombreuses entreprises israéliennes, celles-ci promeuvent leur technologie dans le monde entier et agissent comme « une extension de l’agenda de la politique étrangère d’Israël, soutenant ses objectifs et son idéologie pro-occupation ».
Auteur : Al-Mayadeen
* Al-Mayadeen Media Network, une chaîne arabe indépendante d'information par satellite, a été lancée le 11 juin 2012, et est basée dans la capitale libanaise, Beyrouth. Elle est aujourd'hui la première chaîne d'information dans plus d'un pays arabe en raison de son professionnalisme et de son engagement, ce qui en a fait un espace public de rencontre et d'interaction sociale.La chaîne Al-Mayadeen a pour slogan « la réalité telle qu'elle est », et est engagée à transmettre des faits et des opinions dans un monde en crise. Son compte Twitter.
20 novembre 2023 – Al-Mayadeen – Traduction : Chronique de Palestine – Boutros