Par Asa Winstanley
En 2018, le vétéran de la campagne de solidarité avec la Palestine et antisioniste juif Tony Greenstein, a été expulsé du Parti travailliste après avoir été traité d’antisémite.
Comme on l’a vu si souvent pendant la crise de l’antisémitisme fabriqué de toutes pièces dans le Parti travailliste, les accusations formulées ne se référaient pas à un véritable “antisémitisme”, mais à ce qui relève d’une critique légitime d’Israël.
Sur son blog, Greenstein avait souligné le bilan anti-palestinien de la députée travailliste de l’époque, Louise Ellman. Elle était un des principaux lobbyistes pro-israéliens en Grande-Bretagne depuis des décennies. Alors vice-présidente des Labour Friends of Israel [Amis travaillistes d’Israël], elle est entre temps devenue la présidente du groupe.
Lorsqu’elle était au Parlement, M. Ellman posait fréquemment des questions au nom d’Israël et de son lobby. Comme l’a relévé Greenstein, son habitude était de “mettre en avant l’argument habituel de la sécurité israélienne”. Il a également écrit qu’elle était une “apologiste des forces d’occupation israéliennes” et une “partisane de la maltraitance des enfants par les Israéliens”.
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Mais il ne s’agissait pas d’une simple polémique. Comme Greenstein l’a détaillé sur son blog, lors d’un débat parlementaire, Ellman a fermement défendu la pratique de l’armée israélienne consistant à détenir des enfants palestiniens lors de raids lancés la nuit sur leurs maisons.
Ironiquement, le fait que Greenstein condamne la défense par Ellman des abus à l’encontre d’enfants israéliens, a été considérée comme un “langage abusif” par les bureaucrates fossilisés du Parti travailliste. Il y a pourtant des preuves à foison que les pratiques israéliennes à l’égard des enfants palestiniens constituent de la maltraitance.
Aujourd’hui, un nouveau rapport de Defence for Children International – Palestine [Défense des Enfants International – Palestine] en fournit de nouvelles preuves détaillées de manière exhaustive. Le rapport conclut “de façon absolument indéniable” que la pratique israélienne d’isolement des enfants palestiniens détenus “équivaut à de la torture au regard du droit international”.
Le rapport de 73 pages – “Isolés et seuls : Les enfants palestiniens détenus en isolement par les autorités israéliennes pour être interrogés” – évalue et détaille les modes d’arrestation, les conditions de détention et les pratiques d’interrogatoires utilisées par les autorités israéliennes.
Il s’agit de cas d’abus à l’encontre d’enfants totalement assumé par le gouvernement israélien, et non d’une aberration, ou de quelconques fruits pourris. Il s’agit d’une pratique israélienne courante à l’égard des enfants palestiniens. Pour Israël, la torture des enfants est quelque chose de normal.
“Israël a la particularité honteuse d’être le seul pays au monde qui poursuit systématiquement entre 500 et 700 enfants devant des tribunaux militaires chaque année”, révèle le DCIP. L’organisation estime que, depuis l’année 2000, environ 13 000 enfants palestiniens ont été emprisonnés, détenus et poursuivis par les forces israéliennes d’occupation.
Le rapport a examiné en détail 108 cas de détention d’enfants. Dans tous les cas relevés, l’enfant a été interrogé sans la présence d’un avocat ou d’un parent. Et dans 94% de ces cas, l’enfant en question n’a pas eu accès à aucun soutien juridique avant l’interrogatoire.
Les techniques d’interrogatoire utilisées par les forces israéliennes sont “mentalement et physiquement coercitives”, explique le rapport. Elles combinent intimidation, menaces, injures et violence physique avec l’intention claire d’obtenir des aveux.
Quatre-vingt pour cent des enfants “ont déclaré avoir été soumis à des positions de stress pendant l’interrogatoire, le plus souvent en ayant leurs membres attachés à une chaise basse en métal pendant de longues périodes, une position qu’ils ont décrite comme extrêmement douloureuse”.
A tout point de vue il s’agit là d’une forme de torture utilisée pour contraindre ces enfants à faire des “aveux”. Cela explique en grande partie pourquoi les tribunaux militaires d’Israël – racistes puisqu’ils ne sont utilisés que pour les Palestiniens – ont un taux de condamnation de 99,7 %.
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Si vous étiez torturé pour témoigner contre vous-même, alors n’importe quel tribunal aura peut d’efforts à faire pour vous “condamner”. Imaginez la terreur que ces enfants doivent ressentir. Le DCIP décrit cela comme “une peine ou un traitement cruel, inhumain ou dégradant”.
L’organisation souligne aussi que cette forme de torture est pratiquée par Israël “presque exclusivement, pendant la détention préventive et la détention provisoire” et qu’elle n’est généralement pas utilisée après que ce qui n’a de tribunal quel le nom, a décidé d’une condamnation. C’est la preuve qu’Israël torture les enfants uniquement pour obtenir des aveux ou recueillir des renseignements lors des interrogatoires, soutient le DCIP.
“Le droit international interdit le recours à l’isolement en cellule et à des mesures similaires constituant un traitement cruel, inhumain ou dégradant contre les enfants”, explique Khaled Quzmar, du DCIP, “et pourtant les autorités israéliennes détiennent fréquemment des enfants de cette manière. Il est largement reconnu que cette pratique cause un préjudice psychologique immédiat et sur le long terme aux enfants. Il doit y être mis fin immédiatement et l’interdiction doit être inscrite dans la loi”.
Israël et les propagandistes à la solde de son lobby en Occident prétendent qu’il est “la seule démocratie du Moyen-Orient”. Comme le montre ce rapport, l’utilisation courante de la torture – et en plus contre des enfants – est l’action d’une dictature, et non pas d’une démocratie.
Auteur : Asa Winstanley
* Asa Winstanley est un journaliste indépendant basé à Londres qui séjourne régulièrement dans les TPO. Son premier livre « Corporate Complicity in Israel’s Occupation » est publié chez Pluto Press. Voir son site web
16 décembre 2020 – Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine