
23 mars 2025 - Des Palestiniens s'efforcent de collecter de la nourriture dans des sacs en plastique et des casseroles à Tekiyat al-Saada, une cuisine solidaire, le 20 mars, à Khan Yunis, pour les repas de l'iftar pendant le mois sacré du ramadan. Alors qu'Israël continue de bloquer l'entrée de nourriture et d'aide humanitaire à Gaza depuis le 2 mars, la situation à Gaza est des plus préoccupantes, ont déclaré des sources de l'UNRWA - Photo : Doaa Albaz / Activestills
Par Ramona Wadi
Depuis les premiers jours de la dernière phase du génocide israélien à Gaza, l’aide humanitaire est devenue une arme majeure. C’est le 9 octobre 2023 que le ministre israélien de la défense de l’époque, Yoav Gallant, a ordonné l’imposition d’un siège total à Gaza. « Il n’y aura pas d’électricité, pas de nourriture, pas de carburant, tout sera fermé », a-t-il annoncé. « Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence ».
Les « animaux humains » n’existent que dans l’esprit des sionistes et de leur faux discours sécuritaire, bien sûr. La réalité est qu’Israël a décidé de priver complètement les Palestiniens de vie, et il n’y avait pas de meilleur moyen que la famine pour complémenter leurs bombardements aériens sur Gaza.
« Le raisonnement était que les Palestiniens allaient mourir, d’une manière ou d’une autre, ou d’une combinaison des deux ».
Un an et demi plus tard, les responsables israéliens débattent toujours de leur conception délirante de l’aide humanitaire. Le ministre de la défense, Israël Katz, a annoncé hier qu’aucune aide humanitaire n’entrerait dans la bande de Gaza tant que des « sociétés civiles » n’auraient pas été créées.
L’annonce selon laquelle les Palestiniens restés à Gaza pourraient, à un moment donné, recevoir une aide humanitaire a suscité l’opposition d’autres responsables israéliens de la coalition gouvernementale d’extrême droite.
« Tant que nos otages meurent dans les tunnels, il n’y a aucune raison pour qu’un gramme de nourriture ou d’aide entre à Gaza », a déclaré le ministre israélien de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir. Cette déclaration ne tient pas compte du fait que les captifs israéliens risquent fort d’être tués par les bombardements incessants de l’État génocidaire.
Le ministre de la culture, Miki Zohar, s’est également opposé à tout transfert d’aide humanitaire. Il a déclaré : « Seul le feu de l’enfer pour les auteurs de la terreur jusqu’à ce que le dernier de nos frères et sœurs otages rentre chez lui sain et sauf. Le génocide ne permet à personne de rentrer chez eux sans danger, et la prémisse dont parle Zohar est donc interminable ».
Précisant sa déclaration, M. Katz a déclaré : « La politique d’Israël est claire et aucune aide humanitaire n’est sur le point d’entrer à Gaza. Dans la réalité actuelle, personne n’apportera d’aide humanitaire à Gaza et personne ne se prépare à le faire ».
Ce qui ressort de ces commentaires, c’est que les responsables israéliens ont pour obsession d’affamer les Palestiniens de Gaza.
Les commentaires n’envisagent pas la fin de la famine, tandis que la déclaration de Katz sur les entreprises civiles et l’aide humanitaire ne fait qu’impliquer que la bureaucratie ajoutera à la privation de l’aide humanitaire. En bref, les Palestiniens mourront de faim ou seront tués par la bureaucratie qui les affame, s’ils ne sont pas déjà tués par les bombes.
Katz peut définir la famine comme une politique israélienne, mais cela montre aussi que la communauté internationale commence à accepter que la famine soit utilisée comme une arme de guerre. Quels que soient les millions promis pour l’aide humanitaire, Israël contrôle le paradigme humanitaire, et ce depuis un certain temps.
Pour la communauté internationale, l’aide humanitaire ne se traduit pas nécessairement par une aide réelle, mais plutôt par un simulacre de posture et des déclarations de routine qui ont pris le pas sur une action coordonnée visant à mettre un terme au génocide par la famine.
Les civils sont contraints de vivre soit dans des abris de fortune, surpeuplés et insalubres, soit dans des bâtiments en ruines, a résumé ce mois-ci l’opération de protection civile et d’aide humanitaire de l’UE.
Bien entendu, il n’est pas fait mention de la participation directe des pays de l’UE au génocide et du fait qu’ils forcent les Palestiniens à vivre dans de telles conditions, car l’aide humanitaire et la politique sont deux choses totalement distinctes, c’est du moins ce que nous disent les politiciens qui instrumentalisent l’aide humanitaire.
Il n’est pas étonnant que le monde ne crie pas à l’unisson « Génocide ! »; la politique de famine d’Israël est en fait soutenue par le paradigme humanitaire actuel.
Auteur : Ramona Wadi
* Ramona Wadi est rédactrice au Middle East Monitor. Écrivain, chercheuse et journaliste indépendante, elle est également critique. Ses écrits couvrent une série de thèmes en relation avec la Palestine, le Chili et l'Amérique latine. Elle contribue régulièrement au PalestineChronicle.com. Consultez son site internet.
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17 avril 2025 – Middle-East-Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Éléa Asselineau
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