Le projet israélien pour la Syrie, c’est le démembrement et une nouvelle guerre civile

Les ruines du sanctuaire Sayyida Sukayna dans la banlieue de Damas, à Darayya - Photo : Murtaza Hussain, via Drop Site News

Par Abdel Bari Atwan

Les projets de Netanyahu visant à amputer la Syrie de sa partie sud et à faire jouer aux Druzes le rôle de « traîtres » vont-ils réussir ? Pourquoi les nouvelles autorités syriennes restent-elles les bras croisés ?

Avec l’aide des États-Unis et de l’administration Trump, Benjamin Netanyahu a l’intention de renforcer son emprise sur le sud du Liban et le sud de la Syrie pour masquer ses revers dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.

Il s’attache désormais à reproduire le même scénario dans le sud de la Syrie après avoir confirmé son intention de rester dans les cinq zones au mépris de l’accord de cessez-le-feu au Liban. Il est convaincu que personne ne le dissuadera militairement, du moins pour le moment.

Mardi soir [25 février], Israël a lancé une attaque aérienne massive sur Damas, la capitale de la Syrie, ainsi que sur d’autres villes du sud du pays. Les médias locaux ont fait état de frappes près de Damas, ainsi que dans les villes de Quneitra et Daraa.
Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a confirmé les attaques, déclarant que « toute tentative des forces du régime syrien et des organisations terroristes du pays de s’établir dans la zone de sécurité du sud de la Syrie se heurtera à des tirs ».
La « zone de sécurité » désigne une large bande du sud de la Syrie qu’Israël tente d’annexer de fait. En effet, les attaques ont eu lieu un jour après une annonce choquante du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a exigé la « démilitarisation complète » du sud de la Syrie.
Cette demande a effectivement interdit au nouveau gouvernement de déployer des troupes au sud de sa propre capitale, tout en jetant les bases d’une occupation militaire israélienne à la durée indéfinie dans la région.
« Prenez note : nous ne permettrons pas aux forces de l’HTS ou à la nouvelle armée syrienne d’entrer dans la zone située au sud de Damas », a déclaré Netanyahu dimanche. « Nous exigeons la démilitarisation complète du sud de la Syrie. »
Lundi, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar, a déclaré lors d’une conférence de presse à Bruxelles que le nouveau gouvernement syrien était « un groupe terroriste islamiste djihadiste d’Idlib qui a pris Damas par la force ».
Le journaliste Ali Younes et moi-même nous sommes récemment rendus en Syrie pour une série d’entretiens afin de comprendre la direction prise par le nouveau gouvernement. Le facteur imprévisible reste Israël, la nation voisine que le nouveau gouvernement syrien a jusqu’à présent tenté en vain d’apaiser – Substack.comMurtaza Hussain & Ali Younes

Netanyahu a exigé le désarmement de l’État syrien de Quneitra à Sweida en passant par le gouvernorat de Daraa dans ses remarques lors de la cérémonie de remise des diplômes d’une école d’officiers de l’armée israélienne hier.

Il a maintenu qu’il n’évacuerait pas ses soldats des zones tampons, en particulier du mont Hermon. Il a sans vergogne averti le gouvernement de Damas d’une violente riposte si la communauté druze était menacée. Il a déclaré qu’il ne permettrait pas l’armée de la nouvelle autorité ou Hay’at Tahrir al-Sham dans le sud.

Après avoir annexé le plateau du Golan, Netanyahu veut « engraisser » son entité en annexant le sud de la Syrie et en le séparant de l’État syrien mère avec le soutien de Trump et de ses conseillers sionistes. L’effondrement de la position arabe officielle et l’affaiblissement de l’axe de résistance en raison des récentes frappes au Liban et en Syrie lui offrent une bonne occasion de s’étendre.

Le plus dangereux dans ces complots est de semer la discorde entre la chère communauté druze et son berceau syrien, qui est une extension historique et doctrinale du berceau arabe syrien, et d’essayer de remplacer l’islam arabe par le sionisme tout en prétendant vouloir le protéger.

La colonisation occidentale et Israël ont été les plus grandes menaces pour l’honorable communauté druze à travers l’histoire. Les plus notables sont le célèbre moudjahid Sultan Pacha al-Atrash et le martyr Kamal Joumblatt, un chef de file féroce de la résistance arabe et islamique à l’agenda sioniste.

Son fils et héritier, Walid Joumblatt, conseille aux membres de la communauté en Palestine occupée de s’opposer aux tentatives de l’entité sioniste de déformer leur image et les exhorte à se tenir dans les tranchées de la lutte palestinienne et à rejeter toute tentative de les isoler.

En Syrie, les takfiristes d’HTS sont « les petites mains » du projet israélo/US

La grande majorité des Syriens du sud se sont opposés à ce complot de sédition, et des centaines d’entre eux ont organisé des manifestations et des sit-in spontanés à Daraa, Sweida et Quneitra.

Ils ont scandé des slogans contre cette agression israélienne et pour l’unité de la Syrie en tant que mère patrie syrienne. L’un des slogans populaires était « Khaybar, Khaybar, ô Juifs, l’armée de Mahomet reviendra ».

Au moment où nous écrivons ces lignes, les autorités syriennes n’ont pas réagi à cette conspiration d’annexion israélienne du sud de la Syrie et à la dissension semée par Netanyahu et l’État occupant pour impliquer les frères druzes.

Nous n’avons jamais entendu dire que « la réponse sera donnée au moment et à l’endroit appropriés ». Par la déclaration de leur président selon laquelle « la Syrie ne sera le théâtre d’aucune guerre d’affrontement avec un pays voisin », ils semblent poursuivre leur politique de non-engagement avec l’État occupant.

Le silence sur les intentions expansionnistes et coloniales d’Israël en Syrie, au Liban et dans d’autres pays arabes, et le fait de ne pas les contester par tous les moyens possibles, constituent le comble de la trahison et de la complicité, et toutes les justifications doivent être rejetées.

Chaque Arabe et chaque Musulman a une « obligation personnelle » de sauvegarder le territoire sacré arabe. Gaza, la Cisjordanie, le Sud-Liban et le Yémen sont des modèles à suivre.

Nous sommes sûrs que notre peuple en Syrie fera face à cette attitude agressive d’Israël, laquelle peut très bien être le « déclencheur » de confrontations héroïques.

La Syrie que nous connaissons a combattu l’État israélien usurpateur dans toutes les guerres arabes pour maintenir son honneur, son caractère sacré et sa dignité. Elle a connu des milliers de martyrs, de nombreuses agressions et des sièges injustes provoquant la famine, mais le temps nous donnera raison.

25 février 2025 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine

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