Après la victoire de Gaza sur le génocide, Khalida Jarrar a été libérée, honorant ainsi la promesse faite par la résistance à ses prisonniers. Mais qui est Khalida Jarrar ?
Après avoir enduré des années de lutte et de détention dans les prisons israéliennes, Khalida Jarrar, qualifiée de « prisonnière politique n° 1 » par le journaliste israélien Gideon Levy, est enfin libérée.
Sa libération est intervenue dans le cadre du premier échange de prisonniers entre l’occupation israélienne et la Résistance palestinienne à la suite de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », qui a symbolisé un triomphe historique contre les atrocités commises à Gaza.
La dirigeante palestinienne Khalida Jarrar est née le 9 février 1963 dans la ville de Naplouse. Elle est mariée à Ghassan Jarrar, un homme d’affaires qui a subi des années de détentions administratives, d’enquêtes et de déportations.
« En fin de compte, nous avons fait plus que passer du désespoir à l’espoir », a écrit Khalida Jarrar, dirigeante palestinienne et prisonnière, dans son récit intitulé « Le Bataillon du défi » :
« Nous avons aussi évolué dans notre discours, dans la manière dont nous nous percevons nous-mêmes, ainsi que la prison et les gardiens de prison. Nous avons vaincu tout sentiment d’infériorité et fait des murs de la prison une opportunité. Lorsque j’ai vu les sourires radieux sur les visages de mes élèves qui avaient terminé leurs études secondaires en prison, j’ai eu le sentiment que ma mission avait été remplie. »
Jarrar, qui a également rédigé l’avant-propos de ce livre, est une véritable intellectuelle organique tel que défini par Gramsci, dans sa manifestation la plus parfaite. Elle a été plus qu’une « stimulatrice de sentiments et de passions » ; elle a défié sans relâche ses bourreaux, et aussi éduqué en prison une génération de femmes qui n’avaient pas eu la chance d’étudier. Elle n’a jamais dévié de son discours déterminé et révolutionnaire.
Il n’est pas étonnant qu’elle ait été emprisonnée à plusieurs reprises par Israël. Chaque fois, elle en est ressortie plus forte, plus combative et plus ferme dans ses convictions. – Extrait de l’introduction de Ramzy Baroud à l’ouvrage : These Chains Will Be Broken (version française à paraître).
Jarrar a deux filles, Yafa et Suha. Suha est tragiquement décédée en juillet 2021 alors que sa mère était toujours en détention. L’occupant lui a alors interdit de dire un dernier adieu à sa fille.
La dirigeante palestinienne est titulaire d’une maîtrise en sciences politiques de l’université de Birzeit en Palestine. Elle a également été membre du bureau politique du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), députée au Conseil législatif palestinien et responsable du dossier des détenus au Conseil législatif palestinien.
Jarrar a été membre du Comité national suprême chargé de superviser l’adhésion de la Palestine à la Cour pénale internationale.
Elle a également été directrice de l’association Addameer pour le soutien aux prisonniers et les droits de l’homme de 1994 à 2006, puis vice-présidente du conseil d’administration de la fondation.
Assignation à résidence, détention et isolement… puis liberté après la victoire de Gaza sur le génocide
Toutes les accusations portées contre Khalida Jarrar par l’occupation israélienne sont liées à ses activités politiques et à son affiliation au mouvement du FPLP.
L’occupation a utilisé sa participation à des événements de soutien aux détenus et ses visites aux détenus libérés comme motifs supplémentaires pour son arrestation.
L’occupant a commencé à persécuter la dirigeante palestinienne en 1998, lorsqu’elle a ordonné son assignation à résidence, lui interdisant de fait de quitter les territoires palestiniens occupés.
Le 2 avril 2015, les forces d’occupation l’ont arrêtée à son domicile à Ramallah. Elles ont encerclé la maison avec des véhicules militaires, ont pris d’assaut les lieux, l’ont fouillée de fond en comble et ont saisi ses effets personnels avant de la transférer d’un centre de détention militaire israélien à l’autre pour l’interroger.
Pendant les enquêtes, Jarrar a refusé de coopérer avec les services de renseignements de l’occupation, faisant valoir son droit au silence et refusant de manger ou de boire. En conséquence, elle a été transférée à la prison pour femmes de Hasharon.
Après que le procès de Jarrar ait été reporté à plusieurs reprises pendant plusieurs mois, le tribunal militaire de la prison d’Ofer en « Israël » a prononcé une peine d’emprisonnement de 15 mois en décembre 2015. L’occupation l’a ensuite libérée le 3 juin 2016.
Pendant sa détention, Jarrar a souffert d’un infarctus du cerveau dû à une diminution de l’apport sanguin causée par une coagulation des vaisseaux sanguins et un taux élevé de cholestérol, ce qui a nécessité de multiples transferts à l’hôpital.
Au cours de l’été 2017, les forces d’occupation israéliennes ont arrêté Jarrar une nouvelle fois, et sa détention a été prolongée en 2018 avant qu’elle ne soit finalement libérée en février de l’année suivante.
Son séjour en dehors de la prison a été bref. Fin octobre 2019, elle a de nouveau été arrêtée. Cette détention a été suivie d’un an et quatre mois d’enquêtes et de séances au tribunal, qui ont abouti au verdict annoncé le 1er mars 2021.
Après avoir été libérée plus tard dans l’année, Mme Jarrar s’est rendue sur la tombe de sa fille Suha en septembre.
Après l’opération « Déluge d’al-Aqsa », plus précisément le 26 décembre 2023, l’occupation l’a de nouveau détenue et l’a placée avec d’autres prisonnières dans la prison de Damon.
Elle a ensuite été transférée à l’isolement à la prison de Neve Tizia, où elle a subi un isolement intense dont l’occupation a refusé de divulguer la durée exacte. Dans ces conditions difficiles, elle a été constamment menacée de mort, soumise à une chaleur extrême sans ventilation adéquate.
Les prisons israéliennes sont devenues de véritables « camps de torture et de mort »
Au début du mois de novembre, le Centre Hanzala pour les prisonniers et les anciens prisonniers a fait état de l’état de santé de Mme Jarrar, décrivant son emprisonnement comme faisant partie d’une campagne plus large de répression et d’abus, et indiquant que son traitement était un exemple clair de la politique de « mort lente » d’Israël à l’égard des prisonniers politiques palestiniens.
Le centre a également condamné les conditions très dures auxquelles elle était confrontée, révélant que la militante palestinienne était enfermée dans une cellule surpeuplée et mal ventilée, privée des nécessités de base telles que l’eau et la lumière.
La cellule, selon le centre, ressemble à une « tombe », où Jarrar est obligée de s’allonger près de la porte afin d’avoir accès au peu d’oxygène disponible.
Deux jours après l’annonce du cessez-le-feu à Gaza, le 17 janvier 2025, les médias israéliens ont annoncé que Khalida Jarrar avait été libérée parmi les détenus dans le cadre de l’accord d’échange de prisonniers.
Deux jours après l’annonce du cessez-le-feu à Gaza, le 17 janvier 2025, les médias israéliens ont annoncé que Khalida Jarrar avait été libérée parmi les détenus dans le cadre de l’accord d’échange de prisonniers.
Aux premières heures du 20 janvier, Khalida Jarrar a rejoint les siens hors des prisons de l’occupation, recouvrant ainsi sa liberté. Gaza a ainsi triomphé du génocide selon ses propres termes, tenant la promesse faite aux détenus, hommes et femmes, que leur liberté adviendrait.
Auteur : Al-Mayadeen
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20 janvier 2025 – Al-Mayadeen – Traduction : Chronique de Palestine – Éléa Asselineau
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