Ramadan : Soldats et colons israéliens commencent leur effusion annuelle de sang

15 avril 2022 - Les troupes israéliennes d'occupation envahissent l'esplanade des Mosquées et la mosquée al-Aqsa, terrorisant et maltraitant les fidèles - Photo : via MintPressNews

Par Miko Peled

Nous sommes à peine à la moitié du mois de Ramadan et plus de vingt Palestiniens ont déjà été tués et d’innombrables autres blessés.

La mosquée Al-Aqsa a fait l’objet d’une descente de police et les images qui montrent la police israélienne militarisée prenant d’assaut la mosquée, matraquant et tirant sans discernement sur les fidèles, démontre ce qui était clair dès le début : Israël veut que ce mois-ci soit aussi sanglant que possible pour les Palestiniens.

Il doit y avoir quelqu’un parmi les décideurs israéliens qui croit que verser des quantités infinies de sang palestinien et profaner Al-Aqsa satisfera la bête de l’opinion publique israélienne. L’histoire a montré que cette personne se trompe.

Les gens demandent souvent qu’elle est « l’objectif final » pour Israël, ou qu’est-ce qu’Israël veut vraiment – à supposer que la violence et l’effusion de sang soient juste temporaires, et qu’il y a ait peut-être quelque part un objectif plus noble.

Cependant, la réponse nous aveugle : Israël veut détruire tout ce qui est cher aux Palestiniens – les lieux saints, les monuments historiques, les maisons et les institutions palestiniennes, le paysage palestinien – et ce faisant prendre autant de vies palestiniennes que possible.

Voilà plus de cent ans que les sionistes ont posé le pied en Palestine, et le sionisme et son couronnement, le régime d’apartheid d’Israël démontre clairement ce qu’est « l’objectif final » pour Israël.

D’abord Israël

La frontière entre la religion et le nationalisme fut très tôt intentionnellement brouillée par les sionistes. Le sionisme prétend que la religion juive est une nationalité et par conséquent les symboles religieux sont devenus des symboles d’identité et d’importance nationales.

A commencer par le concept de la Terre Sainte d’Israël – dont la plus grande partie, mais pas tout, se trouve en Palestine – les sionistes ont fait de ce qui a toujours été une quête spirituelle, religieuse un symbole national.

Depuis des milliers d’années, les juifs prient pour la venue du Messie afin que nous puissions vivre dans un monde sans guerres, un monde où tout le monde vénère son créateur en paix. Toutefois, même si le peuple juif ne l’a jamais prétendu, les sionistes prétendent que les écritures juives sont la preuve que la Palestine leur appartient.

Les sionistes ont transformé la quête religieuse en un but national qui doit être atteint par la force. Ils ont à dessein interprété à tort la soif de prier à Jérusalem comme le désir d’en obtenir la souveraineté à tout prix, faisant ainsi de l’un des lieux les plus saints pour à la fois les juifs et les musulmans un champs de bataille sanglant.

Puis Al-Aqsa

Ce qui est presque devenu l’hymne national sioniste, et est peut-être plus connu mondialement que cet hymne, c’est la chanson Jerusalem of gold [Jérusalem d’or]. Cette chanson a été commandée par le maire de Jérusalem Teddy Kolek quelques semaines seulement avant l’attaque israélienne des pays arabes, une attaque connue sous le nom de Guerre des Six Jours.

Le nom « six jours » fait aussi référence aux écritures juives, dans lesquelles il est dit que le Tout Puissant a créé le monde en six jours.

Jerusalem of Gold est une chanson de propagande qui très habilement transforme des thèmes religieux en thèmes nationalistes laïcs. L’un de ces thèmes reprend l’idée de “Har Habayit,” ou le Mont du Temple, où, soi-disant, le Temple juif s’élevait à une époque.

Étant donné la sainteté du lieu, la loi juive interdit aux juifs de fouler le Mont. Cependant, il est tout à fait permis aux soldats et colons sionistes juifs armés de le profaner en le piétinant allégrement, tirant sur les fidèles et en les battant.

Dans la chanson Jerusalem of Gold, écrite avant l’attaque et la conquête de Jérusalem-Est, il y a un vers qui dit, « personne ne monte sur le Mont du Temple dans la Vieille Ville ». Après la prise de la Vieille Ville de Jérusalem, l’auteure de cette chanson, Naomi Shemer, raciste sioniste au plus haut degré, l’a modifiée de la sorte, « Un shofar lance un appel du Mont du Temple dans la Vieille Ville, » un shofar étant la corne du bélier rituelle qu’utilisent les juifs au cours des célébrations religieuses. Naomi Sherner était une sioniste totalement laïque.

Haine

En regardant la violence perpétrée à l’encontre des Palestiniens par la police et les soldats israéliens, la haine est évidente. Dans les images d’Al-Aqsa pendant le Ramadan de 2021 et 2022, la haine et le mépris envers les Palestiniens ne peuvent être masquées.

En fait, ayant été le témoin d’attaques de Palestiniens par la police de Jérusalem, la police dans le Naqab et les soldats de l’IDF, les visages remplis de haine des flics me glace le sang.

On se demande comment une telle haine se cultive et la réponse est par le biais d’un discours raciste dans tous les milieux et dans toutes les couches de la société israélienne. Dès le plus jeune âge, les enfants israéliens entendent les adultes de leur entourage tenir des propos comme « Il faut qu’ils en bavent, » « Il faut aplatir Gaza, » « Un bon Arabe c’est un Arabe mort » – et la liste des termes qui représentent les Palestiniens en ennemis féroces qui méritent ce qu’ils ont et plus encore continue.

Puis, à la télévision, les commentateurs vont parler des « Arabes » en termes péjoratifs, et si un « Arabe » est interviewé, le ton de la conversation est au mieux paternaliste, et toujours grossier et humiliant.

Après dix-huit ans d’endoctrinement à la haine, donnez à cet enfant un uniforme et une arme et envoyer le « défendre son pays et les droits que Dieu lui a donnés, » et nous en voyons les résultats chaque jour tandis que des Palestiniens sont tués, coupés comme de jeunes branches, qu’on laisse mourir.

Peu importe si, d’après les écritures auxquelles les sionistes aiment se référer, les actions menées par l’état d’Israël contre les Palestiniens sont une abomination et violent l’essence même du judaïsme.

Un nombre alarmant de morts

Tandis que le Ramadan approchait cette année, il était évident qu’Israël allait répandre du sang palestinien. La question n’était pas de savoir « si » mais « combien. » Chaque jour ces quelques dernières semaines nous apprenons que de plus en plus de Palestiniens sont tués, blessés, et détenus – et le pire est à venir.

La question qui se pose lorsqu’il est question de la Palestine, c’est combien de morts supplémentaires faudra-t-il avant que des mesures soient prises pour arrêter Israël ? Si on le laisse faire, Israël poursuivra sur cette voie de violence et de destruction jusqu’à ce que Al-Aqsa soit détruite et un soi-disant temple juif soit érigé à sa place.

Avec un nombre de morts déjà si inquiétant, combien de plus la soif israélienne en exigera-t-elle ?

18 avri 2022 – MintPressNews – Traduction: Chronique de Palestine – MJB