Par Tareq S. Hajjaj, Qassam Muaddi
Cent-dix Palestiniens ont été libérés des geôles israéliennes en échange de trois prisonniers israéliens et cinq captifs thaïlandais à Gaza, après qu’Israël ait initialement tenté de suspendre la libération des otages palestiniens en se plaignant du prétendu « chaos » qui régnait lors de la remise des prisonniers israéliens.
La remise de trois captifs israéliens et de cinq ressortissants thaïlandais à la Croix-Rouge a commencé aujourd’hui [30 janvier] à Gaza à la suite de l’accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël.
Il s’agit du troisième lot de captifs remis depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 19 janvier.
Conformément aux termes de l’accord, les prisonniers israéliens ont été échangés contre plus de 110 prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, y compris ceux condamnés à la prison à vie ou purgeant de longues peines.
La remise a eu lieu aujourd’hui en deux endroits différents : à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, et à Khan Younis, dans le sud. Les prisonniers israéliens étaient Agam Berger, Arbel Yehoud et Gadi Moses.
À Jabalia, la soldate Agam Berger a été remise à la Croix-Rouge alors qu’elle portait un uniforme militaire, indiquant qu’elle faisait partie des soldats capturés par les factions palestiniennes le 7 octobre.
La remise a eu lieu au milieu des décombres de Jabalia, qui a été soumise à un siège de plusieurs mois et à une campagne de nettoyage ethnique, entraînant le rasage de toute la zone depuis le début du mois d’octobre 2024.
Des foules de personnes étaient rassemblées autour de membres armés de l’aile militaire du Hamas, les Brigades al-Qassam, qui applaudissaient et chantaient pour soutenir la résistance lorsque la Croix-Rouge a pris en charge Berger.
« Le fait que la remise ait eu lieu dans le camp de réfugiés de Jabalia, qui a subi l’un des génocides les plus inouïs de l’histoire de l’humanité, est un message qui montre que notre peuple palestinien restera attaché à chaque pouce de terre palestinienne », a déclaré Hazem Qassem, porte-parole du Hamas à Gaza, à Mondoweiss.
« Aujourd’hui, notre peuple palestinien réalise un nouvel exploit en forçant l’occupation à poursuivre la mise en œuvre des accords d’échange. Le peuple se rassemble autour de la résistance dans un message clair indiquant que toute cette guerre n’empêchera pas notre peuple de se tenir aux côtés de la résistance, à la fois en paroles et en actes. »
Selon les termes de l’accord de cessez-le-feu, pour chaque prisonnier militaire libéré par les organisations de la résistance dans la bande de Gaza, 50 otages palestiniens condamnés à de longues peines ou à la prison à vie seront libérés, tandis que pour chaque prisonnier civil israélien, 30 prisonniers seront libérés.
À Khan Younis, près des ruines de la maison de Yahya Sinwar, responsable du Hamas tué lors d’un combat à Rafah en octobre dernier, deux autres captifs israéliens ont été remis à la Croix-Rouge au milieu d’une foule nombreuse et d’un défilé militaire auquel participaient trois organisations palestiniennes : les Brigades Qassam du Hamas, les Brigades Qassam du Jihad Islamique Palestinien et les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa du Fatah.
La passation des captifs à Khan Younis a été qualifiée de « assez chaotique » par les journalistes locaux présents sur place, un grand nombre d’hommes armés affiliés aux organisations palestiniennes de la bande de Gaza tentant d’organiser les foules venues assister à la parade militaire.
Des images vidéo obtenues par Mondoweiss ont montré une foule dense autour de la prisonnière israélienne Arbel Yehuda, alors que des combattants palestiniens armés la conduisaient aux véhicules de la Croix-Rouge.
Cinq ressortissants thaïlandais qui avaient été capturés le 7 octobre ont également été remis à la Croix-Rouge, ce qui porte à 8 le nombre total de prisonniers libérés aujourd’hui.
Les médias ont fait état du sentiment d’humiliation des Israéliens quant à la manière dont l’échange de prisonniers s’est déroulé, notamment en ce qui concerne l’affluence et le défilé militaire à Khan Younis.
Le Premier ministre israélien – le criminel de guerre Benjamin Netanyahu – a osé qualifier les scènes de désorganisation de « choquantes », considérant cela comme « une preuve supplémentaire de la cruauté inimaginable de l’organisation terroriste du Hamas ».
Les médias israéliens ont d’abord rapporté la suspension de la remise des otages palestiniens, qui devaient être libérés plus tard dans la journée, citant la désorganisation et la foule comme une menace pour la sécurité des otages israéliens, bien que la Croix-Rouge ait reçu tous les captifs en bon santé.
La suspension a finalement été annulée, le bureau d’information des prisonniers palestiniens ayant annoncé qu’après avoir traité la question avec des médiateurs, les prisonniers palestiniens allaient être libérés à 17 heures aujourd’hui.
110 prisonniers arrivent à Ramallah
A Ramallah, les prisonniers palestiniens libérés sont arrivés dans deux bus de la Croix-Rouge dans des locaux de la municipalité de Ramallah, vers 18 heures.
A Beitunia, près de la prison militaire israélienne d’Ofer où les prisonniers palestiniens ont été remis à la Croix-Rouge, les forces israéliennes ont fait une incursion dans la ville palestinienne et ont dispersé par la force des foules de Palestiniens qui attendaient l’arrivée des prisonniers.
Les soldats israéliens ont tiré des balles en caoutchouc, des grenades lacrymogènes et des grenades assourdissantes sur les Palestiniens. Heureusement , aucune victime n’a été signalée.
Les prisonniers palestiniens libérés, tous vêtus de survêtements gris, le crâne rasé et portant pour la plupart des ecchymoses sur la tête, ont été accueillis à Ramallah par une foule nombreuse qui les a portés sur ses épaules, agitant des drapeaux palestiniens et d’organisations au milieu des slogans en faveur de Gaza, des prisonniers, et en soutien à la résistance.
Le plus jeune des 110 prisonniers était Saif Darwish, âgé de 14 ans. Sa mère, venue de Bethléem pour l’accueillir à Ramallah, s’est adressée aux médias à l’extérieur du centre municipal, déclarant : « Je ne sais pas comment je vais serrer mon fils dans mes bras – en tant que mère ou en tant que sœur, parce qu’il est devenu un homme ».
Le plus célèbre des prisonniers libérés aujourd’hui est Zakaria Zubeidi, ancien combattant, écrivain et dirigeant emprisonné par Israël depuis 2019.
Zubeidi, qui fait partie du mouvement Fatah et est membre de son Conseil révolutionnaire, était l’un des six Palestiniens qui se sont échappés de la prison de haute sécurité de Gilboa en 2019 avant d’être repris.
Alors qu’il sortait du bus de la Croix-Rouge, la foule a porté Zubeidi sur ses épaules en scandant son nom. Les premiers mots de Zubeidi à la foule auraient été « merci à tous ceux qui ont soutenu le peuple palestinien dans cette guerre ».
Zubeidi a été transféré à l’hôpital après des examens initiaux effectués par des médecins palestiniens sur le site d’accueil des prisonniers.
* Tareq S. Hajjaj est un auteur et un membre de l'Union des écrivains palestiniens. Il a étudié la littérature anglaise à l'université Al-Azhar de Gaza. Il a débuté sa carrière dans le journalisme en 2015 en travaillant comme journaliste/traducteur au journal local Donia al-Watan, puis en écrivant en arabe et en anglais pour des organes internationaux tels que Elbadi, MEE et Al Monitor. Aujourd'hui, il écrit pour We Are Not Numbers et Mondoweiss.Son compte Twitter. * Qassam Muaddi est un journaliste palestinien basé à Ramallah. Il couvre l’actualité palestinienne : événements politiques, mouvements sociaux, questions culturelles ... Il écrit pour les quotidiens libanais Assafir et Al Akhbar, les sites Middle East Eye, Mondoweiss et The New Arab, ainsi que pour les journaux électroniques palestiniens Metras et Quds News Network.Son compte twitter.Auteur : Tareq S. Hajjaj
Auteur : Qassam Muaddi
30 janvier 2025 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine
Soyez le premier à commenter