
Véhicules détruits (avec leurs occupants, israéliens et/ou palestiniens) par les hélicoptères Apache israéliens - Extrait vidéo
Par Jonathan Cook
L’un des plus grands mensonges véhiculés par les États-Unis et Israël est de prétendre qu’Israël a massacré les enfants de Gaza pour protéger les Israéliens détenus dans l’enclave.
Ceux d’entre nous qui ne cessent de dénoncer l’application par Israël de la « directive Hannibal » le 7 octobre 2023 – au titre de laquelle Israël a tué ses propres citoyens pour qu’ils ne soient pas capturés par le Hamas – sont accusés de chercher à justifier les crimes commis par le Hamas ce jour-là.
Mais là n’est pas la question.
En partie parce que certaines des pires horreurs du 7 octobre dont les images, montrant des corps carbonisés et des voitures et des maisons détruites en Israël ont été présentées comme preuve de l’incroyable barbarie soi-disant typique des Palestiniens, ont presque certainement été perpétrées par Israël qui a appliqué sa directive de la terre brûlée ce jour-là.
Ces images ont été au cœur du blitz de propagande lancé par Israël et ses apologistes pour justifier le massacre des enfants de Gaza au cours des 17 mois qui ont suivi.
Mais il existe également une raison bien plus importante et brûlante de maintenir la directive Hannibal dans le collimateur. Elle est liée à ce qui se passe en ce moment même.
Israël et les États-Unis continuent d’appliquer la directive Hannibal – aux dépens des prisonniers israéliens détenus à Gaza.
L’objectif de cette directive a toujours été d’empêcher l’ennemi d’utiliser les otages israéliens comme moyen de pression pour amener Israël à négocier, principalement pour l’obliger à libérer les milliers d’otages palestiniens qu’il détient dans ses camps de torture. Nombre d’entre eux n’ont jamais été inculpés ni jugés.
Israël et les États-Unis nous disent qu’ils doivent bombarder Gaza – dans ce qui s’apparente à un génocide « plausible », selon la plus haute juridiction du monde – pour obtenir la libération des otages palestiniens. Mais en réalité, Israël et les États-Unis tuent aveuglément ces mêmes captifs sous leurs bombardements.
Pourquoi ? Pour ne pas avoir à négocier un cessez-le-feu. Ils peuvent ainsi poursuivre leur génocide sans avoir à se préoccuper du sort des Israéliens détenus à Gaza.
C’est exactement la même approche cynique qui a été adoptée le 7 octobre, lorsqu’Israël a montré qu’il était indifférent que des Israéliens vivent ou meurent du moment qu’ils n’étaient pas faits prisonniers.
C’est pourquoi – dans un cas que nous connaissons – l’armée israélienne a tiré sur une maison dans le kibboutz Be’eri, sachant qu’il y avait une douzaine ou plus d’Israéliens à l’intérieur, y compris des enfants. L’armée était totalement indifférente à la mort de ces Israéliens. Ils ont tous été tués, sauf deux. C’est grâce à ces deux témoins que nous savons ce qui s’est réellement passé.
C’est aussi la raison pour laquelle les hélicoptères Apache d’Israël ont inconsidérément tiré sur des centaines de voitures qui fuyaient le festival de musique Nova, sans se soucier de savoir si ces voitures contenaient des combattants du Hamas ou des citoyens israéliens.
Même l’ancien ministre de la défense Yoav Gallant admet que la directive a été appliquée ce jour-là.
Nous ne saurons jamais combien d’Israéliens ont été tués – parce qu’Israël ne nous le dira jamais. Il a même enterré un grand nombre de voitures détruites pour empêcher toute enquête médico-légale.
Mais ce que nous savons avec certitude, c’est que l’armée israélienne a tué de nombreux Israéliens le 7 octobre.
Les médias occidentaux ont soigneusement refusé d’aborder la question de la directive Hannibal, bien qu’elle soit omniprésente dans les médias israéliens. (voir ici, ici, ici et ici).
C’est plus qu’un simple échec des médias occidentaux. Il s’agit d’un crime contre le journalisme, voire d’une complicité dans le génocide lui-même.
Les opinions publiques occidentales doivent être avoir connaissance que la directive Hannibal a été appliquée pour une raison très simple : si elles l’ignorent, elles ne peuvent pas évaluer la crédibilité des affirmations israéliennes et américaines selon lesquelles Israël et les Etats-Unis font leur maximum pour ramener les captifs israéliens en vie, et elles ne peuvent pas non davantage évaluer correctement les motivations d’Israël pour reprendre le génocide à Gaza.
« ‘Shalom Hamas’ signifie bonjour et au revoir – vous pouvez choisir », a écrit Trump sur X. « Libérez tous les otages maintenant, tout de suite, et rendez immédiatement tous les corps des personnes que vous avez assassinées, ou c’est fini pour vous. Seuls les gens malades et tordus gardent des corps, et vous êtes malades et tordus ! J’envoie à Israël tout ce dont il a besoin pour terminer le travail, pas un seul membre du Hamas ne sera en sécurité si vous ne faites pas ce que je dis. Je viens de rencontrer vos anciens otages. Vous avez détruit leur vie. Ceci est votre dernier avertissement ! Aux leaders du mouvement : vous devez quitter Gaza, pendant que vous avez encore une chance. Aux habitants de Gaza : un bel avenir vous attend, mais pas si vous retenez des otages. Si vous les gardez, vous êtes MORTS ! Prenez une décision INTELLIGENTE. LIBEREZ LES OTAGES MAINTENANT OU JE DECHAÎNERAI L’ENFER SUR VOUS ! »
Notez comment, dans son dernier tweet halluciné, Trump accuse le Hamas d’avoir « assassiné » les Israéliens détenus à Gaza. C’est de la désinformation pure et simple, inspirée par Israël.
Il est clair que la plupart, sinon la totalité, des captifs décédés ont été tués non pas par leurs ravisseurs du Hamas, mais par les bombardement massifs et aveugles qu’Israël a infligés au minuscule territoire de Gaza pendant 15 mois. Ces bombardements, l’équivalent de six Hiroshima, ont rasé Gaza et tué des dizaines de milliers – voire des centaines de milliers – de Palestiniens.
Pourquoi Trump est-il si désireux de nous induire en erreur ?
Parce qu’il veut gagner notre soutien à la poursuite du massacre de la population de Gaza par Israël et justifier sa propre décision de fournir, comme l’a fait son prédécesseur, les armes nécessaires à la poursuite de ce génocide.
Après tout, Trump exprime clairement ses propres intentions génocidaires en s’adressant aux « habitants de Gaza » et en leur disant qu’ils seront tous bientôt « MORTS » si les captifs israéliens ne lui sont pas remis. Pourtant, « la population de Gaza » n’a aucun contrôle sur la libération de ces captifs.
Remarquez également que Trump traite le Hamas de « malade et tordu » parce qu’il conserve les corps des captifs israéliens morts, alors que c’est Israël qui viole l’accord de cessez-le-feu qui prévoit la restitution de ces corps.
Israël et les États-Unis justifient ainsi une nouvelle fois le meurtre de la « population de Gaza ». Mais c’est Israël qui a appris au Hamas à utiliser les cadavres comme monnaie d’échange.
Depuis des années, le gouvernement israélien a pour politique de refuser de rendre à leurs familles les corps des Palestiniens qu’il a tués, y compris dans ses camps de torture.
Cette violation du droit international est bien antérieure au 7 octobre.
Les tribunaux israéliens ont approuvé à plusieurs reprises cette politique, acceptant le point de vue du gouvernement selon lequel les corps devraient être conservés comme « monnaie d’échange ». La justice israélienne a de nouveau donné son aval en janvier.
Ainsi, si le Hamas est « malade et tordu », c’est uniquement parce qu’Israël est encore plus malade et tordu. Si Trump pense que les habitants de Gaza méritent un génocide en raison des décisions « malades et tordues » de leurs dirigeants, ne devrait-il pas être cohérent et affirmer que les habitants d’Israël méritent un sort similaire en raison des décisions « malades et tordues » de leurs propres dirigeants ?
Une campagne de mensonges et de désinformation a contribué à réduire en miettes le droit international au cours de l’année et demie écoulée. L’un des plus gros mensonges consiste à prétendre qu’en massacrant les enfants de Gaza, Israël a agi dans l’intérêt des Israéliens détenus dans l’enclave.
Auteur : Jonathan Cook

6 mars 2025 – Jonathan-Cook.net – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet
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