Par Hossam Shabat
Hossam décrit les difficultés rencontrées par les familles déplacées qui affluent dans la ville de Gaza depuis les villes assiégées du nord pour trouver un abri, y compris une tendance croissante à vivre en dernier recours dans des maisons gravement endommagées, qui finissent par s’effondrer sur elles.
VILLE DE GAZA – La famille Abu al-Omrin a choisi de rester dans sa maison après qu’elle ait été bombardée et gravement endommagée lors d’une série de frappes aériennes israéliennes sur le quartier de Sheikh Radwan, dans la ville de Gaza, en mai. La structure a été gravement endommagée et s’est partiellement effondrée, mais comme ils n’avaient nulle part où aller, ils ont estimé qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de continuer à vivre dans leur maison.
Le 23 septembre, la structure a finalement cédé et s’est effondrée sur eux, tuant ou enterrant vivants 10 membres de la famille, dont quatre enfants. Un adolescent et un jeune enfant sont les seuls survivants.
La situation dans le nord de Gaza est aujourd’hui plus que catastrophique. L’armée israélienne a détruit la quasi-totalité des maisons et des abris de la région dans le cadre d’une campagne concentrée de nettoyage ethnique.
Les familles déplacées sont obligées de se réfugier dans les écoles de l’ONU, où elles sont bombardées et attaquées.
La semaine dernière, l’armée israélienne a forcé des milliers de Palestiniens à fuir le complexe scolaire d’Abu Tamam à Beit Lahia et les a envoyés dans une marche de la mort vers le sud.
N’ayant nulle part où aller et avec l’arrivée du froid et de la pluie en hiver, les familles déplacées cherchent de plus en plus souvent refuge dans des bâtiments gravement endommagés et des maisons bombardées dans une tentative désespérée de s’abriter, mais les structures finissent par s’effondrer sur elles, transformant les maisons en charniers de décombres de béton.
La famille Abu al-Omrin en est un exemple frappant. « Lorsque les murs de la maison se sont effondrés sur nous, le son des cris des enfants nous a hantés », a déclaré ce survivant de 18 ans. « Nous n’avons pu sauver personne car tout était empilé sur nous. Ils ont choisi de vivre sous un toit instable et des murs fissurés », dit-il, « parce qu’il n’y avait pas d’alternative plus sûre. »
Ce phénomène s’est tellement répandu, avec le durcissement des conditions météorologiques hivernales qui provoque de plus en plus d’effondrements de bâtiments, qu’il a récemment incité l’autorité de la défense civile à publier une déclaration avertissant la population de rester à l’écart des structures peu sûres.
Pourtant, des familles, souvent déplacées du camp de réfugiés de Jabaliya, ont dû se résoudre à vivre dans des immeubles en ruine dans le quartier de Burj Al-Muhandeseen ou dans la rue al-Wehda, dans la ville de Gaza. Ces structures sont des bombes à retardement sur le point de s’effondrer.
« Nous sommes piégés dans cette maison en ruine, sachant qu’elle pourrait s’effondrer sur nous, mais où pouvons-nous aller ? », a déclaré Om Mohammed, 60 ans, qui s’est réfugié dans un immeuble en ruine de la ville de Gaza. « La pluie nous attaque, le froid tue nos enfants et nous n’avons aucun choix. »
Depuis qu’Israël a lancé une campagne d’extermination dans le nord de Gaza, il y a un peu plus de deux mois, peès de 4000 Palestiniens ont été tués ou portés disparus et 12 000 autres ont été blessés.
Les troupes israéliennes ont encerclé Beit Lahia, Beit Hanoun et le camp de réfugiés de Jabaliya, n’autorisant pratiquement aucune aide humanitaire et obligeant des dizaines de milliers de personnes à fuir.
Selon l’ONU, au moins 130 000 personnes ont été déplacées de force vers la ville de Gaza.
Depuis le 6 octobre, la population de la ville de Gaza est passée d’environ 250 000 personnes à la fin du mois de septembre à environ 380 000 personnes, selon les Nations unies. Le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé.
Aujourd’hui, des milliers de personnes dorment dans les rues, à l’air libre, sans le moindre abri. Ils poussent à l’écart des débris sur les routes sablonneuses puis y passent la nuit.
Certains se réfugient dans les carcasses calcinées de voitures détruites, d’autres sous des bâches déchiquetées ou à l’intérieur de devantures de magasins brisées. Il n’y a pas de couvertures ou de literie, pas de toilettes, pas d’eau. Il n’y a rien.
Ceux qui se trouvent dans des abris sont à l’étroit dans des pièces de 50 personnes, grelottant de froid. Les maladies sont omniprésentes.
Les gens récupèrent des morceaux de nylon et des tissus déchirés pour construire des tentes de fortune. Puis les vents d’hiver les emportent ou les eaux de pluie inondent l’intérieur.
Tout cela alors qu’une famine croissante ravage leurs corps et que les frappes aériennes et les bombardements israéliens se poursuivent chaque jour, sans relâche.
Les familles qui ont tout perdu sont ballottées entre les abris détruits, les maisons sur le point de s’effondrer et les rues, vivant à la merci du ciel, des averses de pluie, des bombes et des balles qui s’abattent sur elles.
Auteur : Hossam Shabat
* Hossam Shabat, journaliste de 23 ans à Al Jazeera Mubasher, est l'un des rares reporters à être resté dans la bande de Gaza et à avoir survécu depuis le début de l'assaut génocidaire d'Israël, le 7 octobre 2023. Sa bravoure et son dévouement à couvrir l'une des campagnes militaires les plus brutales de l'histoire récente dépassent presque l'entendement. Hossam a été le témoin quotidien de morts et de souffrances indicibles. Il a été déplacé d'innombrables fois. Ses collègues ont été tués sous ses yeux. En octobre 2024, il a été blessé par une frappe aérienne israélienne. Hossam fait partie des six journalistes d'Al Jazeera que l'armée israélienne a publiquement accusés d'être des terroristes. Il a récemment déclaré qu'il se sentait traqué. Son compte X.
12 décembre 2024 – Drop Site News – Traduction : Chronique de Palestine
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