Par Ahmad Melhem
RAMALLAH, Cisjordanie – Les Palestiniens, qui vivent dans leurs villes et leurs villages à l’intérieur de la Ligne verte (c à d en Israël), endurent de plus en plus de violences. Le 28 mai, Samar al-Khatib de Jaffa a été tuée et son ami blessé par des tirs sur leur véhicule près de Rishon LeZion. Abdul Salam Azba a été abattu le 26 mai par des inconnus devant chez lui, dans la ville de Qalansawe.
RAMALLAH, Cisjordanie – Les Palestiniens, qui vivent dans leurs villes et leurs villages à l’intérieur de la Ligne verte (c à d en Israël), endurent de plus en plus de violences. Le 28 mai, Samar al-Khatib de Jaffa a été tuée et son ami blessé par des tirs sur leur véhicule près de Rishon LeZion. Abdul Salam Azba a été abattu le 26 mai par des inconnus devant chez lui, dans la ville de Qalansawe.
Une semaine plus tôt, deux autres crimes avaient eu lieu. Le 17 mai, un homme de Jaffa a tué ses deux sœurs, Noura et Hayat Moulouk, sous prétexte qu’elles déshonoraient la famille. Le 16 mai, une femme d’une cinquantaine d’années et sa fille ont été poignardées par un inconnu à Tibériade.
Violences et assassinats se multiplient dans les communautés palestiniennes en Israël. Naila Awwad, directrice de l’Association des femmes contre la violence en Israël, rend les institutions de sécurité israéliennes responsables de ces crimes. Elle a déclaré à Al-Monitor : « Les Palestiniens qui vivent dans ces zones représentent une minorité en Israël et ils souffrent de discrimination et de marginalisation. Nous pensons que les institutions de sécurité israéliennes ne se donnent pas la peine de contrôler la circulation des armes, ni de poursuivre et d’arrêter les meurtriers ».
Selon Awwad, le meurtre des sœurs Moulouk aurait pu être empêché, parce que l’assassin sortait de prison, avait été accusé de violence et était considéré comme une menace pour les citoyens. Des sources locales indiquaient également qu’il souffrait de problèmes psychologiques, mais la police n’en a pas tenu compte et l’a relâché malgré les plaintes de la famille sur son comportement violent.
Les statistiques recueillies par le Centre Aman recensent 25 meurtres chez les arabes Israéliens depuis le début de 2018, dont quatre meurtres (trois des victimes étant des femmes) à Jaffa en mai. Outre les sœurs Moulouk et Khatib, Rami Fatayarji a été abattu dans le quartier al-Ajami le 13 mai.
Les taux de criminalité sont en hausse dans les villes et villages arabes d’Israël. En 2015, le Centre Aman a signalé que 58 personnes avaient été assassinées, dont 14 femmes. Il y a eu 64 personnes assassinées, dont 10 femmes, en 2016, et 72 dont 10 femmes, en 2017. La plupart des meurtres ont été commis avec des armes à feu.
Dans les villes et municipalités palestiniennes situées à l’intérieur de la Ligne verte, il y a beaucoup de manifestations sociales et politiques pour protester contre la violence et contre le peu d’empressement des autorités israéliennes à la combattre. Des dizaines de militants politiques et d’associations de la société civile ont participé le 17 mai à une manifestation à Nazareth pour dénoncer les violences contre les femmes. Le 6 mai, un convoi de voitures est parti de la ville d’Oum al-Fahm en direction du bureau du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem pour lui demander de lutter contre le crime et contre la prolifération des armes.
La présidente de la Commission de la Knesset sur la condition de la femme et l’égalité des genres, Aida Touma, membre de la Knesset, a déclaré à Al-Monitor que la criminalité augmentait dans les villages et les villes arabes parce que la police israélienne refusait d’arrêter les criminels et d’enquêter sérieusement sur les crimes.
Elle a déclaré que 70 % des meurtres commis au cours des dernières années dans les communautés arabes d’Israël n’avaient pas été élucidés et que leurs auteurs couraient toujours.
Touma a accusé les forces de sécurité israéliennes de fermer les yeux sur la prolifération des armes : « Ils ne veulent pas contrôler la circulation d’armes parce qu’ils savent que ces armes sont utilisées contre les Palestiniens. S’ils avaient le moindre soupçon que ces armes puissent être dirigées contre des Juifs, ils auraient retourné nos villages de fond en comble pour les trouver et les confisquer ».
Selon des statistiques sur les arabes de 48 (arabes israéliens) basées sur des données officielles, la circulation d’armes dans les communautés palestiniennes en Israël est en augmentation. En Israël, il y a environ 400 000 armes de contrebande, dont 80 % se trouvent dans les communautés palestiniennes.
Touma a ajouté que « les gangs de la société palestinienne n’ont aucun mal à recruter des jeunes en raison de la pauvreté, du chômage et du manque d’opportunités. Les jeunes sont attirés par la possibilité de se faire rapidement du fric. »
Le directeur du Centre Aman Reda Jaber a déclaré à Al-Monitor : « Les communautés palestiniennes en Israël sont en difficulté parce qu’elles sont régies par les lois israéliennes et qu’elles ont perdu le pouvoir de faire régner l’ordre chez elles. Les autorités israéliennes n’entrent pas dans les villes palestiniennes [ni dans les quartiers arabes des villes mixtes juifs-palestiniens] pour combattre la criminalité et lutter contre la violence. »
Jaber a ajouté : « Les gangs du crime organisé sont profondément enracinés dans la société et ils contrôlent une partie de notre vie. Ils interviennent parfois pour régler des conflits entre des gens qui se disputent pour de l’argent et des positions. Ils sont devenus puissants et influents. »
Auteur : Ahmad Melhem
* Ahmad Melhem est un journaliste et photographe palestinien de Al-Watan News basé à Ramallah. Il écrit pour un certain nombre de publications arabes. Suivez son compte Twitter.
1e juin 2018 – Al-Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet