Par Robert Inlakesh
Avec les actions entreprises par Ansarallah du Yémen pour soutient le peuple palestinien dans la bande de Gaza, le groupe a non seulement porté un coup à l’entité sioniste, mais il a également prouvé, par son héroïsme, qu’il est un acteur régional important qui exige le respect de la part de ses adversaires.
Fin janvier 2022, Ansar Allah a lancé deux attaques de drones et de missiles contre les Émirats arabes unis (EAU).
La première série de frappes a été un véritable choc, faisant des victimes à Abou Dhabi et touchant des sites près de Dubaï, tandis que la seconde attaque a eu lieu lors d’une visite du président israélien Isaac Herzog aux Émirats arabes unis.
Ces deux attaques ont envoyé un message fort aux dirigeants émiratis : la poursuite de l’agression contre le Yémen aurait un prix élevé.
Plus important encore, ces frappes ont démontré que le soutien occidental ne dissuaderait pas le Yémen de remplir ses obligations nationales et que la région avait atteint un point où la protection précédemment fournie par les États-Unis ne suffirait plus à garantir la stabilité des régimes arabes qui choisissent d’appliquer le programme de l’Occident.
Au début de l’année 2022, Ansar Allah a également lancé des attaques de missiles et de drones contre diverses cibles économiques et militaires stratégiques en Arabie saoudite.
Les dirigeants saoudiens se sont rapidement rendu compte que les capacités des forces armées yéménites s’étaient considérablement développées et que de nouveaux paramètres s’imposaient.
En avril 2022, l’Organisation des Nations unies (ONU) est intervenue et a garanti une trêve nationale au Yémen, qui n’a pas mis fin à toutes les violences, mais a permis d’instaurer un calme relatif et une cessation des principales hostilités.
Bien que le conflit au Yémen ne soit pas largement couvert en Occident et que les médias occidentaux n’en fassent pas grand cas, Ansar Allah a essentiellement dissuadé la coalition dirigée par l’Arabie saoudite de poursuivre son agression sur le pays, anéantissant ainsi les espoirs des États-Unis, du Royaume-Uni [des Français] et des Israéliens de pouvoir installer un régime fantoche à Sanaa.
L’entité coloniale sioniste privéee d’accès à la Mer Rouge
Ce contexte est essentiel pour comprendre la situation pleine d’enjeux dans laquelle se trouve le Yémen aujourd’hui.
La Résistance yéménite a réussi à imposer un blocus de facto à l’entité sioniste, en empêchant les navires d’atteindre le port d’Eilat, contrôlé par Israël. Ansar Allah a saisi et frappé les navires qui ont violé ses ordres en mer Rouge, ce qui a provoqué une crise pour l’entité sioniste et a eu des conséquences économiques importantes.
Cette crise est maintenant devenue celle des États-Unis, qui n’ont pas réussi jusqu’à présent à dissuader Ansar Allah d’accomplir ses engagements nationaux pour répondre aux demandes populaires du peuple yéménite.
Le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a récemment annoncé que son administration avait mis sur pied une coalition navale pour tenter de lutter contre les actions d’Ansar Allah en mer Rouge.
En fait, Washington a lancé une intervention militaire qui n’a pas été demandée par le peuple américain et qui n’a pas non plus été approuvée par le Congrès. Ce point est important, car la coalition pourrait déclencher une escalade militaire majeure dans la région si elle commettait des actes d’agression contre le Yémen, entraînant les États-Unis dans une nouvelle guerre en Asie occidentale.
Un tel conflit ne profiterait ni au peuple américain, ni même à l’hégémonie américaine, et ne servira que l’entité sioniste.
La guerre de l’Arabie saoudite au Yémen est un échec stratégique complet
Bien qu’un certain nombre de forces navales occidentales aient accepté de faire partie de la coalition, seule une nation arabe a choisi de la rejoindre, à savoir Bahreïn.
L’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ne font pas partie de cette coalition, ce qui représente un échec majeur pour le gouvernement américain.
Bahreïn est une nation insignifiante sur le plan militaire, et sa dictature installée par le Royaume-Uni ne peut avoir aucun impact réel, si ce n’est d’être la nation arabe symbolique à utiliser pour affirmer que la force opérationnelle navale n’est pas une coalition d’envahisseurs purement européens.
Il est très clair que l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis, en particulier, ne souhaitent pas une guerre menée par les États-Unis qui engloutirait leurs nations sous des tirs de missiles.
Ils évaluent bien la situation et savent que les États-Unis ne seront pas en mesure d’assurer leur stabilité en cas d’escalade des tensions.
Par conséquent, le gouvernement mis en place à Sanaa jouit aujourd’hui d’un nouveau niveau de légitimité grâce à l’outil de la dissuasion. C’est aussi le seul gouvernement arabe qui a pris la décision d’utiliser son armée pour tirer des missiles contre les Israéliens, en déclarant ouvertement sa solidarité avec la Résistance à Gaza.
L’importante pression qu’Ansar Allah a été capable d’exercer, force désormais la main de l’Occident pour mettre fin plus rapidement à la guerre génocidaire de l’entité sioniste contre Gaza.
Les attaques pleines d’audace contre les Israéliens ont également forcé la main à l’Occident tout entier – qui s’est empressé d’organiser une riposte – avec le message clairement énoncé que le blocus prendra fin dès que l’agression contre Gaza cessera.
Par cet acte de solidarité, Ansar Allah a renforcé son image régionale et marqué sa place dans l’histoire, tout en constituant une épine douloureuse dans le pied des régimes américain et sioniste.
Auteur : Robert Inlakesh
* Robert Inlakesh est un analyste politique, journaliste et réalisateur de documentaires actuellement basé à Londres, au Royaume-Uni. Il a rapporté et vécu dans les territoires palestiniens occupés et travaille actuellement avec Quds News et Press TV. Il est le réalisateur de Steal of the Century: Trump's Palestine-Israel Catastrophe. Suivez-le sur Twitter.
28 décembre 2023 – Al-Mayadeen – Traduction : Chronique de Palestine