Shadid et Abou Farah ont tous deux été kidnappés le 1er août et ils sont été en grève de la faim depuis le 24 septembre et le 23 septembre respectivement, pour protester contre leur emprisonnement par Israël sans inculpation ni jugement dans le cadre de la politique de détention administrative largement condamnée.
Issa Qaraqe, responsable du Comité palestinien pour les prisonniers, a déclaré lundi dans un communiqué que Shadid et Abu Farah, qui approchent leur 90e jour sans nourriture, souffrent de douleurs diverses dans leur corps et peuvent subir une mort soudaine à tout moment.
Dans une interview à la radio lundi soir, Qaraqe a condamné la Cour suprême israélienne qui lors d’une discussion préliminaire ce dimanche a dit envisager d’autoriser l’alimentation forcée des deux grévistes de la faim.
Qaraqe a déclaré à la station de radio palestinienne Mawtini qu’une telle initiative représenterait une intention claire de tuer Shadid et Abou Farah, décrivant comme “sans vergogne” la suggestion du gavage des deux prisonniers.
Qaraqe a exprimé son indignation contre le fait qu’Israël envisageait la possibilité de l’alimentation de force, plutôt que de considérer la gravité de l’état de santé des grévistes de la faim en prenant en compte en premier lieu les raisons qui les ont amenés à se lancer dans leur protestation.
Alors que les cas d’Abou Farah et Shadid sont les premiers à avoir obtenu une certaine notoriété depuis que la Cour suprême a approuvé une nouvelle loi israélienne autorisant l’alimentation forcée de prisonniers en grève de la faim, Qaraqe a noté que cette pratique contrevient au droit international et est largement considérée – si l’on se réfère à l’éthique médicale internationale et israélienne – comme une forme de torture et une violation des droits des prisonniers.
Avant le passage définitif de la loi, l’Association médicale mondiale s’était adressée au Premier ministre israélien en 2014, en disant que “l’alimentation forcée est violente, très douloureuse et absolument contraire au principe de la liberté individuelle. Mais pire encore, elle peut être dangereuse, et est elle la voie la plus inadaptée pour sauver des vies”.
Qaraqe a noté dans l’interview à la radio que la Cour suprême israélienne avait reporté la tenue d’une session pour examiner le cas des grévistes de la faim, après que la cour ait dit ne pas faire confiance aux rapports du personnel médical de l’hôpital où Assaf Harofeh et Abu Farah et Shadid sont incarcérés.
La Cour suprême a requis les services d’un médecin particulier pour établir un nouveau rapport médical sur l’état de santé des deux prisonniers grévistes, qui devrait être présenté mardi lorsque le tribunal prendra sa décision.
Abu Farah et Shadid ont refusé de consommer de l’eau lundi dernier après que le tribunal ait rejeté un appel préalable pour les libérer, tandis que les procureurs israéliens ont au contraire requis l’extension de leurs ordonnances de détention administrative, raison pour laquelle justement les deux grévistes de la faim ont lancé leur mouvement de protestation.
L’utilisation par Israël de la détention administrative – ce que les groupes de défense des droits affirment être des moyens de détenir les Palestiniens pendant une période indéterminée sans montrer de preuves qui pourraient justifier leur détention – a suscité un certain nombre de grèves de la faim des prisonniers palestiniens ces derniers mois, beaucoup d’entre eux s’étant retrouvés menacés d’alimentation forcée.
Les autorités israéliennes ont attendu jusqu’à la dernière minute pour accepter de libérer les grévistes de la faim qui étaient en train de mourir, comme ce fut le cas avec les frères Balboul qui sont restés sans nourriture pendant 77 et 79 jours, Malik al-Qadi pendant 68 jours, Bilal Kayid pendant 71 jours , et Muhammad al-Qiq pendant 94 jours.
Malik al-Qadi et Muhammad Balboul ont été à deux dioigts de subir l’alimentation forcée, le personnel médical de l’hôpital ayant refusé de forcer les grévistes de la faim à s’alimenter.
Le PHRI (Physicians for Human Rights Israel) a déclaré lundi dernier que le “modèle de relâche de la onzième heure” qui est devenu usuel “permet aux autorités israéliennes de traiter au cas par cas avec les grévistes de la faim, d’éviter leur mort et la tempête politique et médiatique qui en résulterait, sans avoir à traiter avec la raison à la racine des grèves de la faim, à savoir l’utilisation de la détention administrative.”
“Pourtant, attendre jusqu’à la dernière minute peut à un moment donné entraîner la mort : la littérature médicale sur la grève de la faim n’est pas étendue, mais à partir de 42 jours il existe la menace d’accidents vasculaires cérébraux, d’insuffisance rénale, et de crise cardiaque.”
Pendant ce temps, Ammar Ibrahim Hamour, âgé de 28 ans, s’est déclaré une grève de la faim le mois dernier pour protester contre sa détention administrative depuis plus de neuf mois.
La question de l’éthique médicale dans les prisons israéliennes a fait l’objet de condamnations dans le passé, des groupes de défense des droits de l’homme ayant déclaré que les médecins israéliens travaillant dans les prisons étaient complices de la torture lorsqu’ils approuvaient l’isolement cellulaire.
19 décembre 2016 – Ma’an News – Traduction : Chronique de Palestine