Malik al-Qadi est en grève de la faim depuis le 16 juillet
Malik Al-Qadi, un étudiant en journalisme, a commencé sa grève le 16 juillet pour protester contre sa détention administrative. Cette pratique israélienne consiste à emprisonner des personnes indéfiniment, sans inculpation ni jugement.
Juste deux jours avant de tomber inconscient, un tribunal israélien a suspendu son ordre de détention, mais tout en déclarant qu’il pourrait être rétabli si sa santé s’améliorait. Al-Qadi a refusé de mettre fin à sa grève, en exigeant que son ordre de détention administrative soit annulé.
Il est détenu depuis le 23 mai, mais n’a jamais été accusé d’aucun crime.
Il est détenu dans l’unité de soins intensifs au Centre médical Wolfson à Holon, une ville dans l’actuel Israël [Palestine de 1948], où il « lutte contre la mort », selon Issa Qaraqe, le responsable pour les questions des prisonniers à l’Autorité palestinienne.
Selon Qaraqe, depuis que Malik al-Qadi est tombé dans le coma, les responsables des prisons israéliennes ont imposé un traitement, contre la volonté du prisonnier.
Torture
Plus tôt cette semaine, la Haute Cour israélienne a confirmé une loi autorisant les traitements et l’alimentation forcés des grévistes de la faim, ce qui est considéré comme contraire à l’éthique et équivaut à de la torture pour la majorité de la communauté mondiale de la santé.
Alors qu’il est toujours dans le coma, Malik al-Qadi a été atteint d’une infection critique. Son rythme cardiaque est faible, et il souffre de complications du système urinaire et de perte d’audition, rapporte l’agence Ma’an.
La grève de la faim de masse en solidarité avec al-Qadi – et les frères Mahmoud et Muhammad Balboul – a commencé le 14 septembre.
Mahmoud et Muhammad Balboul ont commencé leurs grèves respectivement le 5 et le 7 juillet.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui a régulièrement visité les trois hommes, a publié une déclaration jeudi sur la situation dangereuse dans laquelle se trouvaient les trois grévistes.
“A ce moment critique, nous encourageons les patients, leurs représentants et les autorités compétentes à trouver une solution afin d’éviter toute perte de vie ou des dommages irréversibles à leur santé”, a déclaré un médecin affilié au CICR qui a visité Malik al-Qadi et les frères Balboul.
Soutien hypocrite
Le 8 septembre, le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a rencontré la famille Balboul.
Abbas aurait dit à Sanaa, la mère des deux frères et à leur sœur adolescente Nuran, qu’il avait “lancé des appels régionaux et internationaux pour faire pression sur le gouvernement israélien pour libérer les frères Balboul.”
Abbas aurait poursuivi en disant que “la lutte des prisonniers politiques palestiniens détenus par Israël est la cause la plus importante pour le peuple palestinien et ses dirigeants.”
Mais une semaine plus tard, le vendredi, les forces de sécurité d’Abbas ont violemment attaqué une manifestation organisée à Jénine – au nord de la Cisjordanie occupée – en appui aux deux frères et à tous les autres prisonniers palestiniens.
Khader Adnan, qui a mené deux grèves de la faim prolongées dans le passé, a été battu et arrêté, tandis que les journalistes ont été empêchés de filmer et les manifestants attaqués et blessés.
“Les participants à la marche ont été agressés avec des gaz lacrymogènes et des balles tirées en l’air,” a déclaré le Jihad islamique dans un communiqué publié après l’attaque.
Complicité avec l’occupation
“Ce crime est orchestré et coordonné avec l’occupation … C’est une attaque contre le mouvement national [et] contre l’Intifada,” a jouté l’organisation politique palestinienne.
“Les agences de sécurité agissent en tant que gardiens embauchés pour l’accord désastreux d’Oslo, et comme protecteurs de la sécurité de l’occupant”, ajoute le communiqué en référence apparente à la coopération étroite de l’Autorité de Ramallah avec les forces d’occupation israéliennes, dans le cadre de la coordination répressive.
Au début de septembre, six jeunes hommes détenus par la police secrète de l’Autorité palestinienne, avaient lancé une grève de la faim pour protester contre leur détention arbitraire.
Abbas avait utilisé leurs arrestations pour se vanter publiquement de la coopération de l’Autorité palestinienne avec Israël.
Les six hommes ont été libérés depuis.
* Charlotte Silver est une journaliste américaine indépendante vivant à San Francisco, et précédemment basée en Cisjordanie.
17 septembre 2016 – The Electronic Intifada – Traduction : Chronique de Palestine