Plus tôt ce mois-ci, le gouvernement français a condamné l’expansion rapide des colonies dans le territoire palestinien occupé par Israël, qualifiant ses actions “d’illégales en vertu du droit international”.
Mais comme des déclarations similaires d’autres gouvernements européens, ce n’était que des mots.
La vraie politique de la France est d’offrir à Israël son soutien et des récompenses sans aucune condition, quels que soient les crimes qu’il commet.
Un bon exemple en est le festival de propagande de la Saison France-Israël 2018 organisé par l’Institut Français, la branche culturelle internationale du gouvernement français, en collaboration avec Israël.
Accuser les Palestiniens
Selon l’Institut français : “La Saison France-Israël 2018 marquera une nouvelle et importante étape dans les relations entre les deux pays. Elle mettra à l’honneur, dans tous les domaines de la création, les liens étroits et de haut niveau qui existent déjà, tout en traçant des lignes d’horizon pour l’avenir. ”
Avec des événements de grande ampleur en France et en Israël, l’initiative vise à présenter “l’image des deux pays […] à travers des formes et des expressions des plus contemporaines”.
Le principal co-organisateur israélien du festival est Emmanuel Halperin, un présentateur de télévision et ancien diplomate qui a fait la promotion de la propagande anti-palestinienne.
Halperin a déclaré l’année dernière que les Palestiniens cherchent la “destruction d’Israël” grâce à une “stratégie très perverse”. Selon Halperin, les Palestiniens veulent “laisser la situation pourrir” afin de soumettre Israël à la pression internationale.
Il a également affirmé que les Palestiniens voulaient qu’Israël maintienne son siège brutal de Gaza imposé depuis dix ans afin de “ternir l’image d’Israël dans la communauté internationale”.
Effacer la Nakba
Le choix de 2018 pour ce festival de propagande ne peut être une coïncidence. L’année prochaine marque le 70e anniversaire de la Nakba, le nettoyage ethnique des Palestiniens par les milices sionistes afin d’établir l’État israélien sur les ruines de la société palestinienne.
La semaine dernière, des militants de BDS France, un groupe soutenant la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions, se sont rassemblés devant le siège de l’Institut français à Paris pour “dénoncer la scandaleuse opération de propagande France-Israël 2018 visant à renforcer les relations entre la France et l’apartheid régime.”
“Nous ne nous laissons pas berner par des appels au dialogue quand ils concernent un État qui utilise la culture dans le but politique de restaurer son image internationale”, a déclaré BDS France. “La culture ne peut jamais blanchir Israël de ses crimes, persécutions et discriminations, que ce soit contre les populations de Gaza et de Cisjordanie, les Palestiniens vivant en Israël ou les réfugiés”.
Des élus menacés
Pendant ce temps, la campagne de répression menée par les autorités françaises contre les citoyens qui militent pour demander des comptes à Israël se poursuit.
Plus tôt ce mois-ci, la police a convoqué quatre élus municipaux de la ville d’Ivry, dont le maire, pour enquêter sur les déclarations qu’ils ont faites en faveur du boycott des biens issus des colonies israéliennes.
Les déclarations ont été faites lors d’un débat l’an dernier, lorsque le conseil de cette municipalité de la banlieue parisienne a voté à une large majorité pour demander au gouvernement français de mettre fin à la répression à l’encontre du mouvement BDS, et qu’il interdise l’importation des biens produits dans les colonies.
La plainte de la police a été déposée par le BNVCA, un groupe de pression israélien qui se fait passer pour une organisation antiraciste.
La résolution de la ville est conforme à un consensus international croissant sur le fait que le commerce des biens issus de la colonisation devrait être interdit.
Mais maintenant, les responsables d’Ivry pourraient être accusés de “provocation publique à la discrimination” simplement pour avoir été dans le sens de ce consensus selon lequel Israël devrait être obligé de respecter le droit international.
Philippe Bouyssou, un des responsables visés par la plainte, a qualifié l’intervention policière “d’attaque intolérable à la liberté d’expression”.
Au cours de sa campagne électorale au début de cette année, le président Macron a promis que, s’il était élu, il poursuivrait la campagne de répression de son prédécesseur contre le mouvement BDS.
Contrairement à l’enthousiasme manifesté par la France pour la promotion des intérêts d’Israël, elle est restée silencieuse pendant deux mois entiers au sujet de la détention par Israël, sans inculpation ni jugement, de Salah Hamouri, un défenseur des droits humains de nationalité palestino-française.
* Ali Abunimah est un journaliste palestino-américain, auteur de The Battle for Justice in Palestine. Il a contribué à The Goldstone Report : The Legacy of the Landmark Investigation of the Gaza Conflict. Il est le cofondateur de la publication en ligne The Electronic Intifada et consultant politique auprès de Al-Shabaka.
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31 octobre 2017 – The Electronic Intifada – Traduction: Chronique de Palestine