La direction de l’hôpital israélien Assaf Harofeh, où deux prisonniers palestiniens en grève de la faim sont détenus, a menacé d’alimentation forcée les prisonniers qui se sont récemment tombés dans le coma, selon un communiqué publié samedi par le responsable du Comité palestinien des prisonniers.
Issa Qaraqe a déclaré que les autorités israéliennes ont menacé d’imposer ce traitement à Anas Shadid, âgé de 20 ans, et Ahmad Abu Farah, âgé de 29 ans, qui sont en grève de la faim depuis les 24 et 23 septembre respectivement, voulant ainsi mettre fin à leur protestation. Qarage a ajouté que les deux prisonniers étaient dans le coma et avaient perdu leur capacité à respirer, parler, boire et entendre.
Les prisonniers se sont déclarés en grève de la faim en septembre après avoir été condamnés à la détention administrative. Cette politique israélienne d’internement sans inculpation ni procès basée sur des preuves non divulguées dont même l’avocat d’un détenu ne peut prendre connaissance.
Menace d’alimentation forcée
En septembre, la Cour suprême israélienne a statué que la loi qui autorise l’alimentation forcée de prisonniers palestiniens en grève la faim est constitutionnelle.
La Cour avait ainsi rejeté les requêtes en annulation déposées par l’Association médicale israélienne (IMA) et par plusieurs groupes de défense des droits de l’homme qui estiment que cette loi contredit l’éthique médicale et ne respecte pas les droits des patients.
Qaraqe a également rapporté que les grévistes de la faim ont été traités de manière “humiliante” par les gardes israéliens à l’hôpital.
Pendant ce temps, Shadid a été transféré à l’unité de soins intensifs en raison de l’aggravation rapide de son état de santé, qui selon les médecins pourrait être “menaçant pour sa vie”, selon Qaraqe.
Dans la déclaration, Qaraqe a tenu le gouvernement israélien responsable de la vie des grévistes de la faim et de toute détérioration grave de leur santé. Il appelle également la communauté internationale à intervenir pour aider à sauver la vie des deux grévistes.
Les dirigeants palestiniens ont fait appel à des dirigeants au niveau international pour tenter de sauver les grévistes de la faim, a déclaré Qaraqe, tout en demandant aux médecins du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) d’assurer leur présence dans les hôpitaux pour suivre de visu la détérioration de l’état de santé des grévistes et leur traitement par les gardes et les médecins israéliens.
Un tribunal israélien a temporairement suspendu les ordres de détention des deux prisonniers le 18 novembre en raison de la détérioration de leur santé, selon le réseau de solidarité des prisonniers palestiniens Samidoun.
Vendredi, l’avocat des prisonniers en grève de la faim a déposé un appel devant la Cour suprême israélienne demandant que le tribunal transfère les grévistes de la faim vers l’hôpital gouvernemental de Ramallah.
Un mouvement ininterrompu de grèves de la faim
Un autre Palestinien en détention administrative, Ammar Ibrahim Hamour, s’est déclaré lundi en grève de la faim illimitée. Les autorités israéliennes ont rendu deux ordonnances de six mois de détention administrative contre Hamour depuis son enlèvement par les forces israéliennes.
Dans le même temps, Nour al-Din Amar, âgé de 30 ans, est en grève de la faim depuis environ 25 jours après avoir décidé sa grève au début novembre en signe de protestation contre ses plus de trois ans en isolement.
Des dizaines de prisonniers palestiniens se sont lancés dans des mouvements de grèves de la faim au cours de la dernière année, pour plusieurs motifs de protestation, et notamment la détention administrative.
Les grévistes de la faim les plus connus étaient Muhammad al-Qiq, Bilal Kayid, et les frères Muhammad et Mahmoud Balboul.
La politique israélienne de “détention administrative”
Bien que les autorités israéliennes prétendent que le fait de tenir secrets des éléments de preuve pendant la détention administrative – laquelle permet l’emprisonnement pour des intervalles de trois à six mois indéfiniment renouvelables en se basant sur des preuves non divulguées – est essentielle pour des questions liées à la sécurité de l’État, les groupes de défense des droits de l’homme estiment de leur côté que cette politique permet aux autorités israéliennes de détenir des Palestiniens pour une période indéterminée, sans montrer aucune preuve qui pourrait justifier leur détention.
Des groupes de défense des droits de l’homme ont affirmé que la politique de détention administrative d’Israël servait également à perturber les processus politiques et sociaux palestiniens, en ciblant notamment les responsables politiques, les militants et journalistes palestiniens.
Selon Addameer, le groupe de défense des prisonniers palestiniens, près de 7000 Palestiniens sont actuellement détenus dans des prisons israéliennes, dont 720 sous le régime de la détention administrative.
26 novembre 2016 – Ma’an News – Traduction : Chronique de Palestine