Par Ali Abunimah
Le Jerusalem Post a rapporté lundi que le sommet, qui devait se tenir dans la capitale togolaise de Lomé, “a été annulé à la suite de menaces de boycott par un certain nombre de pays et suite à la pression exercé contre l’événement par les Palestiniens et certains pays arabes”.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé que le sommet avait été “reporté”, mais, comme l’a noté le journal, sans donner aucune date alternative.
De plus, les Israel i24 News a fait référence à une préoccupation pour l’instabilité politique au Togo, où les forces de sécurité ont tenté de réprimer violemment les manifestations contre les 50 ans de règne par la famille du président autocratique de cet État de l’Afrique de l’Ouest, Faure Gnassingbé.
Le sommet devait être un couronnement dans l’offensive de charme du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en Afrique.
Les organisateurs avaient annoncé qu’il y aurait deux douzaines de chefs d’États, 150 entreprises israéliennes et même des officiels de pays qui n’ont pas de relations diplomatiques avec Israël.
Mais l’offensive israélienne n’est pas restée sans résistance.
L’Afrique du Sud avait indiqué le mois dernier qu’elle boycotterait le sommet et encouragerait d’autres gouvernements à faire de même.
Le Soudan, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Mauritanie avaient également décidé de boycotter le sommet.
En juin, le roi Mohammad VI du Maroc a boycotté un sommet du groupement régional ouest africain (CEDEAO) tenu au Liberia parce que Netanyahu y avait été invité.
Alimenter la violence et les atrocités en Afrique
Le site officiel du sommet confirme qu’il est “reporté”.
Ce sommet avait pour objectif de promouvoir le commerce entre les États africains et Israël, dont l’image, conformément aux thèmes récurrents de propagande, est vendue sous le label de “nation start-up” et de pionnière des technologies de gestion de l’eau.
Mais Israël est également présenté comme “le leader mondial dans les domaines de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme”, offrant “un bilan validé [sur le terrain] ans la fourniture d’une telle expertise à ses pays partenaires dans le monde entier”.
En d’autres termes, Israël vend des armes et des technologies répressives testées sur des Palestiniens pendant des décennies d’occupation militaire. Le sommet aurait essentiellement servi à vendre des armes israéliennes.
Elbit Systems, le premier fabricant d’armes d’Israël, a récemment annoncé des bénéfices en hausse, en partie à cause des exportations plus importantes vers l’Afrique.
Le “bilan” d’Israël dans la participation aux crimes et aux violations des droits de l’homme s’étend déjà sur l’ensemble du continent.
Israël a continué à alimenter la violence et les atrocités en Afrique en fournissant des armes utilisées dans les conflits au Soudan du Sud et au Burundi, et en envoyant des armes au Rwanda avant le génocide de 1994 – un rôle qu’Israël a cherché à dissimuler.
Israël a maintenu des liens étroits avec l’apartheid Afrique du Sud. Tel Aviv était le principal fournisseur d’armes du régime suprématiste blanc lorsque Pretoria était sous un embargo international contraignant.
Les militants en Afrique du Sud< se sont réjouis de l'annulation du sommet, félicitant les États qui ont décidé le boycott. "Nos gouvernements doivent continuer à résister à toutes les tentatives israéliennes d'influencer, corrompre ou affaiblir notre solidarité avec les Palestiniens", a déclaré BDS Afrique du Sud, un groupe qui appuie la campagne de boycott, de désinvestissement et de sanctions pour les droits des Palestiniens.
“Les Palestiniens sont un peuple qui nous a soutenus pendant les jours les plus sombres de l’apartheid, alors qu’Israël – nous nous en souvenons douloureusement – fournissait des armes au gouvernement de l’apartheid”.
BDS Afrique du Sud a également cité les politiques raciste impulsés par l’État israélien contre les migrants et les réfugiés africains, comme autre raison supplémentaire de résister aux efforts d’Israël pour une normalisation des relations.
Quête de légitimité
La volonté d’Israël d’améliorer les liens avec les États africains est liée à ses efforts pour gagner une légitimité et un soutien aux Nations Unies. Le Times of Israel a rapporté dimanche que les diplomates de l’Autorité palestinienne s’activent contre une tentative d’Israël d’être élu au Conseil de sécurité.
L’initiative diplomatique arabe s’applique à convaincre les États africains à ne pas soutenir la candidature israélienne.
Le sommet prévu du Togo illustre également la complicité des entreprises avec Israël. L’un des sponsors officiels du sommet est Brussels Airlines, une filiale de la compagnie allemande Lufthansa. En soutenant le sommet, la compagnie aérienne appuie de fait les efforts d’Israël pour vendre plus d’armes en Afrique.
La Lufthansa a récemment été dénoncée pour sa collusion avec les actions israéliennes pour interdire tout soutien aux droits des Palestiniens, en refusant l’embarquement en juillet de militants américains qui faisaient partie d’une délégation interreligieuse.
Le rabbin Alissa Wise, l’un des membres refoulés de la délégation, a conclu que l’action était probablement le résultat de la surveillance israélienne des courriers électroniques des militants pour contrecarrer le mouvement non-violent de boycott, de désinvestissement et de sanctions (BDS).
* Ali Abunimah est un journaliste palestino-américain, auteur de The Battle for Justice in Palestine. Il a contribué à The Goldstone Report : The Legacy of the Landmark Investigation of the Gaza Conflict. Il est le cofondateur de la publication en ligne The Electronic Intifada et consultant politique auprès de Al-Shabaka.
11 septembre 2017 – The Electronic Intifada – Traduction : Chronique de Palestine