Bien que l’Arabie saoudite et ses machinations régionales aient été très médiatisées au cours des dernières semaines, un récent visiteur à Riyad a attiré relativement peu l’attention des médias. L’ex-président palestinien Mahmoud Abbas est resté bouche bée pendant son séjour la semaine dernière dans la capitale saoudienne, où il a reçu un accueil exceptionnellement hospitalier de la part de ses hôtes, dont le roi Salman Bin-Abdelaziz qui a organisé une réception en son honneur.
La plupart des visites précédentes de l’Arabie Saoudite par Abbas ont été des affaires sans lendemain et rapides, pour la plupart d’une journée seulement. Les responsables saoudiens faisaient la sourde oreille à ses demandes – en particulier pour un soutien financier – et Abbas revenait en général de ses voyages à Riyad en faisant une sale tête.
La dernière visite, organisée à la hâte – plus comme une convocation qu’une visite d’un chef d’État – a coïncidé avec une nouvelle campagne saoudienne contre l’Iran et ses alliés, notamment au Liban. Inévitablement, cela a soulevé des questions. La grande tractation pour le Moyen-Orient que le président américain Donald Trump et son beau-fils Jared Kushner auraient organisée avec le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahu, était-elle à l’ordre du jour ? A-t-on demandé à Abbas de soutenir Trump et d’appuyer la campagne saoudienne contre l’Iran et le Hezbollah ?
Les dirigeants saoudiens ne veulent pas de réconciliation entre les mouvements palestiniens du Fatah et du Hamas, et cherchent à engager Abbas et son Autorité Palestinienne (AP) dans une confrontation avec le Hezbollah au Liban – en attirant précisément du côté pro-saoudien les 300 000 habitants des camps de réfugiés palestiniens.
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L’actuel prince héritier saoudien Muhammad Bin-Salman a l’intention de priver l’Iran de ses soutiens périphériques – au Liban (Hezbollah), au Yémen (l’alliance Houthi-Saleh) et en Irak (en renforçant les divisions sectaires entre sunnites et chiites). Faire entrer les Palestiniens à prédominance sunnite dans l’équation est considéré comme un élément crucial dans ce schéma, comme «couverture» d’une confrontation avec les chiites dans les pays concernés.
Cette même carte sectaire a été employée au début de la crise en Syrie, avec un succès considérable, en particulier au sein et parmi les partisans du mouvement Hamas. Mais elle est devenue progressivement moins efficace au fur et à mesure que la guerre se prolongeait pour près de sept années, l’armée syrienne demeurant ferme et soudée et l’État et ses institutions ne s’effondrant pas comme escompté.
Les dirigeants saoudiens ne font pas confiance au Hamas et le considèrent comme un allié stratégique de l’Iran, surtout après que le mouvement ait élu une nouvelle direction “combative” dans les territoires occupés. Ils misent sur la prétendue “légitimité” institutionnelle d’Abbas et sur l’influence continue du Fatah dans les camps de réfugiés au Liban, pour recruter des combattants afin de les armer et de les engager contre le Hezbollah.
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Muhammad Bin-Salman a certainement offert à Abbas un accord politique et financier. Nous n’en connaissons pas ses détails. L’information n’est tout simplement pas disponible. Mais la question la plus importante est de savoir s’il l’a accepté ou non.
Les habitants des camps palestiniens au Liban vivent dans des conditions misérables. Mais la grande majorité n’a que faire du sectarisme et ne prendra jamais les armes contre le Hezbollah. Le récent rapprochement du Hamas avec l’Iran et le Hezbollah ne peut que renforcer cette façon de penser. Le “meilleur” que les dirigeants saoudiens peuvent espérer est que les Palestiniens au Liban restent neutres et ne rejoignent pas le Hezbollah à l’occasion d’une quelconque confrontation – mais même cela ne peut en aucun cas être garanti.
* Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
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16 novembre 2017 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah